COP28 : l’agroécologie, arme de souveraineté alimentaire massive ?

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COP28 : l’agroécologie, arme de souveraineté alimentaire massive ?
COP28 : l’agroécologie, arme de souveraineté alimentaire massive ?

Marie Toulemonde

Africa-Press – Tchad. C’est une révolution silencieuse qui se déroule en Afrique ces dernières années : l’agroécologie gagne chaque année plus de terrain. Effet de mode ou solution de long terme ? À la veille d’une COP28, où les questions agricoles s’annoncent centrales, avantages et inconvénients de ce modèle en infographies.

Augmenter la productivité des sols, tout en préservant l’équilibre des écosystèmes, telle est la promesse de l’agroécologie. Située à l’extrême opposé du modèle l’agrobusiness, cette vision de l’agriculture, parfois perçue comme radicale ou utopiste, est pourtant de plus en plus partagée au sein des organisations paysannes africaines qui y voient un moyen de valoriser leur travail, leur savoir-faire et leur territoire. À l’heure des crises écologiques, ce type culture qui mise sur un fort patrimoine végétal a, par ailleurs, déjà prouvé sa capacité à mieux s’adapter aux chocs climatiques.

Pour ce second volet de notre série analysant les enjeux climatiques auxquels le continent est confronté au prisme des quatre éléments primaires – eau, terre, air, feu –, Jeune Afrique décrypte, en datavisualisation, les différentes voies possibles pour atteindre la souveraineté alimentaire. Diversification et rotation des cultures, agroforesterie, circuit-court, utilisation de variétés locales ou encore engrais organiques…Les pratiques agroécologiques sont déjà largement répandues sur le continent. Basées sur des connaissances endogènes, ces techniques ont l’avantage d’être peu coûteuses et particulièrement adaptées aux structures agricoles africaines composées à 90 % d’exploitations familiales qui ne possèdent souvent pas l’accès au crédit suffisant pour industrialiser leur production.

Une révolution ouest-africaine ?

Forts de ce constat, des réseaux d’agriculteurs, d’ONG et d’agronomes, tels que l’Alliance pour la souveraineté alimentaire en Afrique (Afsa), des collectifs d’organisations de la société civile ou encore le Panel international d’expert sur les systèmes alimentaires (IPES Food) se font les porte voix de ce modèle, le hissant même comme une des conditions incontournables à l’atteinte de la souveraineté alimentaire.

Dans l’ouest du continent, cette dynamique est particulièrement marquée. Depuis 2018, soixante-neuf organisations sont venues gonfler les rangs de la Alliance pour l’Agroécologie en Afrique de l’Ouest (3AO). La majorité des pays de la région ainsi que la Communauté des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) se sont dotés d’une stratégie de développement de l’agroécologie. En 2023, le Burkina Faso s’est fixé comme objectif de consacrer 30 % des terres agricoles à ces pratiques d’ici à 2027. Au Sénégal, le réseau national « Dynamique pour une transition écologique » (DyTaes) a obtenu, en 2021, du gouvernement que 10 % des subventions destinées aux intrants aillent aux engrais organiques.

Du temps et des bras

Prometteuse, cette approche a cependant ses limites : elle exige beaucoup de temps, de main-d’œuvre et de savoir-faire. Des obstacles surmontables, mais pas sans une volonté politique conséquente. Par exemple, durant la période de reconversion des cultures, qui peut durer parfois plusieurs années, le paysan aura besoin de garanties monétaire comme foncière. Autre défi : rendre plus attractif le métier d’agriculteur aujourd’hui considéré comme arriéré, mal payé et épuisant par une partie de la jeunesse africaine, qui préfère fuir la campagne pour la ville ou prendre la route de l’émigration. Enfin, cette transition devra s’accompagner d’un intense travail de sensibilisation et de partages des connaissances.

« Dépassant la dichotomie binaire “agriculture productiviste versus agroécologie radicale” à laquelle les débats se réduisent souvent, des pratiques très diverses se mettent en place », rappelle Pierre Jacquemot, président de l’ONG Groupe initiatives, dans une étude consacrée à la souveraineté alimentaire en Afrique (WillAgri). Parmi elles, les technologies de « climate-smart-agriculture », qui recourent à l’intelligence artificielle pour mieux prévoir la météo ou analyser la santé des sols et des plantes, peuvent s’avérer précieuses pour les agriculteurs.



Source: JeuneAfrique

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