Et si Wagner serait la cause de l’expulsion de la France du Tchad comme au Mali ?

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Et si Wagner serait la cause de l’expulsion de la France du Tchad comme au Mali ?
Mahamat Idriss Deby reçu à Paris par Emmanuel Macron

Africa-Press – Tchad. Décidément, les soubresauts qu’encaisse la France, jour après jour, dans les pays du Sahel en Afrique, n’ont pas l’air de se terminer, bien au contraire, cela risquerait même de connaître une grande ampleur dans les prochaines semaines.

Les Africains ne « gobent » plus la présence française chez-eux !

Après ce qui vient de se passer au Mali, les yeux se tournent de plus en plus vers le Tchad, notamment après une écoute téléphonique fuitée qui aurait révélé que le chef du groupe rebelle tchadien « Union des forces de la résistance (UFR) », Timane Erdimi, avait demandé l’aide des mercenaires russes de Wagner, afin de destituer Mahamat Idriss Deby, qui dirige le Conseil Militaire de transition au pouvoir et qui est considéré comme étant l’homme de Paris.

En effet, après ses grandes démêlées avec les autorités du Mali, et après avoir attisé le ressentiment contre elle au Burkina Faso, les troubles de la France au Sahel ne se sont pas arrêtés là, et maintenant elle fait face à la menace la plus sérieuse pour son influence historique au Tchad de la part des mercenaires russes du groupe Wagner, proches du Kremlin.

Ceci est considéré comme la menace la plus sérieuse de Wagner à l’influence française à N’Djamena, après le meurtre de son président, Idriss Deby, par rebelles du « FACT » l’année dernière. Ce sont en fait ces mêmes rebelles qui ont été entraînés et armés en Libye par un groupe de mercenaires russe proche du Kremlin.

Selon ce qui a été rapporté sur cette discussion téléphonique, Erdimi aurait sollicité l’intervention des « Russes » pour venir au Tchad afin de l’aider « à expulser Mahamat Idriss Deby (dit Mahamat Kaka) ainsi que la France elle-même ».

Dans le même contexte, le gouvernement de la République du Centrafrique aurait indiqué à son tour que le « conseiller » du président Touadera, mentionné dans l’appel, aurait été démis de ses fonctions il y a un an. Son porte-parole, Yaluki Mokbim, a suggéré que « cet homme essaie peut-être d’utiliser sa position antérieure pour servir ses propres intérêts ».

A noter que Timane Erdimi est considéré comme l’un des plus farouches opposants à l’ancien président tchadien Idriss Deby Itno.

A noter également que le Président Mahamat Idriss Deby a cherché, depuis son accession au pouvoir transitoire, une réconciliation nationale avec les groupes rebelles, dont les phases n’ont encore dégagé aucune percée.

La menace tchadienne visant la France

Selon d’autres sources, dans cet enregistrement sonore authentifié par plusieurs d’entre elles, le patron de l’UFR, Timane Erdimi, s’entretenait avec le ministre-conseiller spécial du président centrafricain, Aboulkhassim Algoni Tidjani, et qu’on entendait nettement le chef rebelle tchadien faire part de sa volonté de convaincre le groupe des mercenaires russes du groupe Wagner, très actif en Centrafrique où il intervient aux côtés du gouvernement de ce pays, de l’aider à chasser du Tchad le président du Conseil militaire de transition qui détient le pouvoir, Mahamat Idriss Déby.

Le puissant Chef des rebelles tchadiens Timane Erdimi

Textuellement, la demande d’aide formulée par l’opposant tchadien Timane Erdimi au groupe de mercenaires russes Wagner, semble être la menace la plus sérieuse du groupe russe envers l’influence française dans la région, mais elle n’est ni la première et ni la dernière.

Il ne faut pas oublier également que les mercenaires russes ont entraîné les rebelles du mouvement « Front pour l’alternance et la concorde au Tchad », plus connu sous son acronyme « FACT », lors de sa participation à la guerre de Libye aux côtés des forces armées du maréchal Khalifa Haftar.

Par ailleurs, le FACT est hostile à la présence française dans le pays, ce que confirme le journaliste tchadien Mohamed Taher Zein dans son interview accordée à TRT arabe, affirmant que le mouvement rebelle tchadien s’est allié à Haftar et qu’il avait reçu une formation militaire de haut niveau de la part des formateurs russes de Wagner, ajoutant entre-autres qu’il avait précédemment annoncé qu’il était contre le diktat de la France, ce qui avait provoqué la colère de Paris et s’est traduit par son bombardement des bases dudit mouvement, en septembre dernier.

Le plus surprenant, c’est que cette menace survient au moment où le gouvernement français venait d’annoncer le retrait de ses forces du Mali, après que ses relations avec Bamako se soient détériorées après l’arrivée des mercenaires russes dans le pays.

En revanche, la France ne veut pas retirer ses forces du Sahel, ce qui l’oblige à discuter de leur redéploiement avec les dirigeants des cinq pays du G5 Sahel.

Il semble d’ailleurs que c’est dans le cadre de ce dossier que le Président français, Emmanuel Macron, s’était entretenu à Paris, le mercredi 16 février, avec les présidents du Tchad, du Niger et de la Mauritanie.

Du fait que le Sommet « Union européenne – Union africaine », tenu les 17/18 février à Bruxelles, relève de la présidence de la France qui dirige l’Union européenne pendant le mandat actuel, Paris tente de se débattre tout en aspirant, tant qu’il détient en main cette présidence, à restaurer un peu ce qui lui reste de ses relations avec le continent brun, après un an de relations tendues.

Toute cette situation préoccupante a fait qu’au Tchad, c’est l’inquiétude qui sévit après la circulation sur les réseaux sociaux d’une telle conversation téléphonique enregistrée sur écoute entre le Chef du mouvement rebelle tchadien (FACT), et un ancien ministre centrafricain, à propos du groupe Wagner.

Réagissant à ce brouillard politique, les parlementaires tchadiens ont pris à partie le ministre tchadien des Affaires étrangères, pour faire pression sur ce dernier afin que l’ambassadeur du Centrafrique soit convoqué pour s’expliquer sur les liens entre Bangui et l’opposant Timane Erdimi.

Ceci dit, nous reviendrons sûrement sur cette affaire, une fois qu’elle soit éclaircie des deux parties.

Anouar CHENNOUFI

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