La crise au Soudan et ses potentielles répercussions sur les pays voisins

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La crise au Soudan et ses potentielles répercussions sur les pays voisins
La crise au Soudan et ses potentielles répercussions sur les pays voisins

Africa-Press – Tchad. Deux experts turcs ont évoqué les potentielles répercussions de la crise au Soudan sur les pays voisins et les différentes positions des acteurs internationaux et régionaux au sujet de cette crise fratricide.

Les deux experts turcs estiment, dans deux entretiens séparés accordés à Anadolu, que les parties internationales et régionales établiront leurs positions à l’endroit du Soudan en fonction de leurs intérêts et à l’aune de ce qui se passera dans ce pays de l’Afrique de l’Est.

* Graves répercussions mondiales

Tunj Demirtaş, professeur au département des Relations internationales de l’Université turque de Mersin, a souligné que les développements survenus au Soudan auront de graves répercussions su le plan régional et mondial.

Demirtaş a déclaré que ces développements affecteront inévitablement les pays voisins tels que l’Egypte, le Soudan du Sud, la Libye, le Tchad, la République centrafricaine, l’Erythrée et l’Éthiopie, qui ont des frontières terrestres communes avec le Soudan.

Il a indiqué que la crise soudanaise est susceptible de provoquer des vagues de réfugiés qui se dirigeront vers l’Egypte, ce qui pourrait entraîner des répercussions néfastes sur l’économie de ce pays.

Demirtaş a relevé que la Libye sera touchée par toute vague potentielle de réfugiés en provenance du Soudan, et que des vagues de réfugiés pourraient également constituer une menace pour la stabilité du Tchad.

Il a averti que toute vague de migration irrégulière en provenance du Soudan génèrera des répercussions régionales et affectera également la sécurité de l’Europe.

L’universitaire spécialiste des Relations internationales a souligné que l’Egypte est préoccupée par la crise au Soudan, mais adopte pour l’instant une attitude prudente, étant donné que sa priorité demeure le dossier du Nil et la crise du barrage de « la Renaissance » avec l’Ethiopie.

Demirtaş a précisé, à ce propos, que l’Ethiopie est également préoccupée par les développements au Soudan, mais elle se trouve dans une meilleure posture que l’Egypte.

Le 28 avril, les Nations Unies ont indiqué que près de 40 mille réfugiés avaient fui Khartoum depuis la mi-avril, date de l’enclenchement de la crise.

L’universitaire prévoit que les Etats-Unis, la Russie et la Chine définissent leurs positions à l’endroit de la crise soudanaise, après la fin du processus d’évacuation de leurs ressortissants, et ce, en fonction de ce qui s’y passera.

* Les parties internationales n’ayant pas encore arrêté leurs positions

De son côté, Can Dogioglu, expert en affaires nord-africaines au Centre turc d’études sur le Moyen-Orient, a estimé que les parties internationales actives n’avaient pas encore arrêté leurs positions au sujet de la situation qui prévaut au Soudan.

Il a indiqué que la priorité de ces parties consiste à garantir la sécurité de leurs ressortissants et de leurs missions diplomatiques pour assurer leur évacuation en toute sécurité.

« Les parties internationales détermineront ultérieurement leurs positions quant à la possibilité de parvenir ou non à la paix au Soudan », a-t-il expliqué.

Et l’expert de poursuivre : « Dans le cas où les parties soudanaises respecteraient la trêve , il y a une possibilité – quoique mince – que les dirigeants de l’Union africaine et des responsables européens, américains, égyptiens, et saoudiens se rendent à Khartoum afin d’exhorter les protagonistes du conflit à s’asseoir à la table des négociations ».

Il a souligné que Washington déterminera sa position par rapport à ce qui se passe au Soudan selon le prisme des relations entre Khartoum et Tel-Aviv.

S’agissant de la position de la Chine, l’académicien a estimé que la priorité de Pékin demeure la protection de ses intérêts économiques en tant que principal partenaire commercial du Soudan.

Il a ajouté que la Chine n’a pas été impliquée dans la crise et déploie des efforts inlassables pour convaincre les parties de revenir à la table des négociations.

Pour ce qui est de la position russe, Dogioglu a indiqué que Moscou suit actuellement de près la crise au Soudan.

Il a ajouté qu’il existe des allégations liées à une collaboration entre le chef des Forces de soutien rapide (FSR) et le groupe russe Wagner (déployé en République centrafricaine).

Dogioglu a souligné que les efforts consentis par Moscou afin d’établir une base navale au Soudan surplombant la mer Rouge sont connus de tous, et que « par conséquent, il y a une possibilité d’intervention russe au Soudan, bien qu’indirectement ».

L’expert a souligné que le succès de l’armée soudanaise à chasser les FSR de Khartoum ne mettra pas fin à la crise dans le pays et que le conflit pourrait également s’étendre à la région du Darfour.

Depuis le 15 avril courant, plusieurs États du Soudan, essentiellement la capitale Khartoum, sont secoués par de violents affrontements entre l’armée régulière dirigée par Abdel Fattah al-Burhan et les FSR menées par Mohamed Hamdane Daglo, dit « Hemedti », provoquant des centaines de morts et des milliers de blessés, majoritairement des civils.

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