La guerre pour l’eau au Tchad : Soif de la population, de la terre, et du cheptel

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Comment sauver cet enfant de ne pas mourir de soif ?

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Tchad. Au Tchad, pays en développement et pauvre, l’accès à l’eau potable est un défi majeur et les données statistiques disponibles affichent des chiffres des plus alarmants.
Pourtant, l’eau c’est la vie, mais elle demeure tout de même une denrée rare dans ce pays, et dans toute cette région en général.

La République tchadienne, malgré toutes les difficultés qu’elle traverse, tant économique que sécuritaire, a tenté d’y faire face, sans élaborer à mon avis les meilleures et efficaces politiques dans ce domaine, sachant que l’afflux de réfugiés dans l’est et le sud du Tchad a créé des pressions importantes sur l’environnement et une demande supplémentaire en matière d’énergie domestique et d’accès à l’eau potable.

Même si l’appui aux réfugiés est principalement financé par une aide mobilisée par l’UNHCR, l’État est tenu de coordonner les interventions dans les zones d’accueil, afin de réaliser une étude pouvant permettre de définir les mesures appropriées aussi bien que le budget correspondant pour le Ministère de l’Environnement et de l’Eau.

Heureusement que le Bassin du Lac Tchad existe

Bassin du Lac Tchad…une manne divine

A noter que le lac Tchad est un grand lac historique de bassin fermé et peu profond en Afrique, dont la taille a varié au cours des siècles. Selon la base de données d’informations sur les ressources mondiales du Programme des Nations Unies pour l’environnement, il aurait diminué de 95 % de sa capacité entre 1963 et 1998. Les images satellite prises du lac en 2007 ont fait apparaître une amélioration significative de sa taille par rapport aux années précédentes. Le lac Tchad est d’une importance économique, fournissant de l’eau à plus de 30 millions de personnes vivant dans les quatre pays environnants (Tchad, Cameroun, Niger et Nigeria) dans la partie centrale du Sahel africain. C’est le plus grand lac du bassin du Tchad.

La rareté des précipitations a influé sur le lac, et pour cette raison la population a abandonné l’élevage des vaches et des chameaux pour l’élevage des moutons et des chèvres, seulement ceci a entraîné la détérioration du couvert végétal et la consommation de plantes ligneuses, et ainsi, la superficie du lac est passée de 25.000 km2 à 2.000 km2.
Notons que plus de 20 millions de personnes vivent du lac Tchad, et ce nombre doublera au bout d’un quart de siècle, dont les huit millions qui vivent directement sur le lac.

De l’eau potable grâce à l’aide des Turcs

La Fondation turque qui fournit de l’eau potable au Tchad

Fort heureusement, une fondation turque a réussi à fournir de l’eau potable à un demi-million de Tchadiens, grâce à 55 puits et fontaines d’eau, qui ont contribué à fournir de l’eau potable à des centaines de milliers de citoyens, selon le représentant de la fondation au Tchad.

Cette fondation turque, de nature religieuse, fournit en effet de l’eau potable à environ 500.000 citoyens tchadiens, par le biais de dizaines de puits creusés avec les dons de philanthropes turcs, durant les 6 dernières années.

Questionné à ce sujet lors d’une interview accordée à l’agence Anatolie, le représentant de la Fondation au Tchad, Osman Turk, a déclaré que la dotation avait établi des puits et des sources d’eau pour le peuple tchadien dans le cadre d’une campagne lancée à cet égard, soulignant que la fondation construit des puits et des points d’eau en utilisant des méthodes modernes, déclarant également : « Nous creusons à des mètres de profondeur, puis nous extrayons l’eau. Nous construisons également des sources d’eau dans le style architectural ottoman, puis nous fournissons l’eau qui a été collectée dans d’énormes réservoirs d’une capacité de 14 tonnes, pour servir le peuple tchadien. »

Selon Osman Turk, la Fondation ne creuse pas des puits à court terme dont l’eau s’épuise en deux ou trois mois, mais plutôt des puits à vie. Elle effectue entre-autres des analyses et des tests sur l’eau extraite avant de la fournir au peuple tchadien.

Le forage de puits par des méthodes traditionnelles contribue à extraire uniquement les eaux de surface, mais la fondation turque va jusqu’à 100 mètres sous la surface de la terre, jusqu’à atteindre la source d’eau principale.
Les autorités tchadiennes, qui continuent de chercher d’autres solutions pour lutter contre la sécheresse et ne pas laisser ni le peuple, ni la terre, et ni le bétail « souffrir ou mourir de soif », a été d’ailleurs le premier pays africain à adhérer à l’accord sur l’eau.

Convention sur l’eau

La Convention sur l’eau

C’est ainsi que le Tchad est devenu le premier pays en dehors de l’Europe à adhérer à la Convention sur la protection et l’utilisation des cours d’eau frontaliers et les lacs internationaux (à savoir la Convention sur l’eau), dont le secrétariat est assuré par la Commission économique des Nations Unies pour l’Europe.

Il importe de rappeler que le Tchad est un pays isolé d’Afrique centrale qui fait face à de nombreux problèmes de gestion de l’eau et dépend des ressources en eau qu’il partage avec ses voisins, Cameroun, Centrafrique, Libye, Niger, Nigeria et Soudan.

Dans une situation où la pénurie d’eau augmente, une coopération efficace entre les pays dans le domaine de la gestion des ressources en eau est importante et devient une base stratégique pour le développement durable, la paix et la stabilité dans la région, et avec son adhésion à la Convention sur l’eau, le Tchad confirme son engagement fort en faveur de la gestion durable des eaux frontalières à travers des principes et des systèmes de droit International.

Ainsi, le Tchad a également confirmé son soutien au processus de vulgarisation du terme coopération adopté par l’accord qui suscite un grand intérêt dans le monde entier, notamment en Afrique, sachant que son adhésion à l’accord sur l’eau s’inscrit dans le prolongement naturel de décennies de coopération avec d’autres pays voisins.
Les autorités tchadiennes s’engagent également à développer davantage la Convention sur l’eau parmi les États membres dans les bassins auxquels appartient le Tchad, notamment dans le cadre de la Commission du Bassin du Lac Tchad et de l’Autorité du Bassin du Lac Niger.

Le dessalement des eaux à oublier à jamais

En outre, il ne faut pas oublier que les pays du Sahel (Tchad, Mali, Niger, Burkina Faso) sont des territoires enclavés, et qu’il leur est impossible d’espérer un jour de mettre en œuvre un processus de dessalement de l’eau de mer.

Les autorités de ces pays doivent se rappeler que l’eau est une ressource rare et inégalement répartie entre les territoires, et que face à l’accroissement démographique dans les régions arides telles que la région du Sahel, cette ressource naturelle est devenue un enjeu géopolitique majeur pour eux. Très souvent source de tension, l’or bleu est également utilisé comme un outil de pouvoir dans certaines zones, comme autour du lac Tchad.

L’eau potable (et non)…une valeur inestimable

De facto, le combat pour l’eau restera donc un combat éternel, quant aux autorités elles sont tenues d’accorder la « priorité absolue » au problème de l’EAU, ou plus exactement de « l’Or bleu » !

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