La rue crache du feu à N’Djamena contre la présence française

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La rue crache du feu à N’Djamena contre la présence française
La rue crache du feu à N’Djamena contre la présence française

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Tchad. L’escalade du rejet populaire de la présence militaire française au Sahel tend à accélérer le départ de la plupart de ces forces de la région, notamment après que les autorités de transition au Mali aient pu défier Paris et ses alliés en Afrique de l’Ouest.

C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles les manifestants « anti-Déby Jr » étaient descendus dernièrement dans la rue et ont exigé que la France quitte le Tchad, non seulement en raison de son incapacité à assurer la stabilité dans la région, mais aussi pour son soutien à la junte militaire et pour son passé colonial.

En plus, prés de 10 ans d’intervention militaire française dans la région du Sahel ont finalement prouvé aux peuples de la région « l’échec de Paris » à concrétiser la stabilité souhaitée et le transfert pacifique du pouvoir dans la région, permettant ainsi aux groupes armés de s’enraciner et de s’étendre à des zones dont ils n’avaient pas rêvé avant 2013.

Il faut reconnaître que jusqu’à il n’y a pas si longtemps, la France imposait son influence sur tous les pays du Sahel, et le Tchad était « son gendarme dans la région », mais au jour d’aujourd’hui son influence est en train de se désagréger progressivement.

Pour les spécialistes des affaires africaines, notamment dans le Sahel, habituellement, le Mali, le Niger et le Burkina Faso ont été les pays sahéliens qui ont connu le plus de manifestations populaires dénonçant la présence des forces armées françaises sur leur sol, car ils étaient les plus touchés par les attaques de groupes terroristes, alors que le Tchad n’était pas habitué à de telles manifestations.

Il faut dire que la présence militaire française au Tchad n’est pas récente, mais s’étendait sur de longues décennies, mais le redéploiement par Paris de ses forces en retrait du Mali, estimées à environ 2.400 éléments, vers diverses régions, dont le Tchad, a attiré l’attention de la population locale.

C’est ce qui explique que les tentatives de la France de se repositionner militairement dans les pays sahéliens africains se heurtent à de nombreux défis, dont le dernier en date est l’explosion de la colère des manifestants tchadiens contre sa présence dans la région au Tchad, le retrait du Mali du groupe du G5 Sahel, et en particulier l’annonce par le président nigérien, Mohamed Bazoum, de la « mort de cette alliance ».

En effet, dans un petit recul de quelques jours, précisément le 12 mai dernier, la situation au Tchad a éclaté en manifestations réclamant le départ des forces françaises de leur pays. Les manifestants ont brandi le slogan « Le Tchad libre…la France dehors », détruisant à leur passage, délibérément, le monument commémoratif des soldats français, qui a sa propre symbolique.

Jurant de renouveler leurs protestations massives chaque samedi, les organisateurs de ces manifestations ont menacé de scander les mêmes revendications, jusqu’au retrait des forces françaises de leur pays.

Néanmoins, le Conseil militaire tchadien, qui demeure l’allié le plus fiable de la France dans la région du Sahel africain, n’a ni toléré et ni digéré ces manifestations.

Il ne faut pas oublier un instant que bien que l’Etat français avait été « contre » le coup d’État militaire perpétré au Mali en 2020 (puis en 2021), il a par contre traité avec souplesse la prise du pouvoir du général Mahamat Idriss Deby, en dehors du cadre constitutionnel, après le meurtre de l’ancien président Idriss Deby Itno, son père.

Des analystes politiques ont souligné de leur côté que le retrait de la France du Tchad à ce moment précis, ce qui est peu probable, menace de faire tomber le régime de Mahamat Idriss Deby avec le soutien russe à l’opposition civile et armée, voire même son alliance avec Moscou, et dans les deux cas cela ne servira pas les intérêts de Paris dans la région.

La Russie, qui tient à avoir un ATOUT fort sur le Continent africain, encercle l’influence française au Tchad de plusieurs côtés par ses conseillers militaires et les mercenaires relevant de la Compagnie russe privée « Wagner », déployés en République centrafricaine par le sud, en la région libyenne dans le Fezzan par le nord, dans la région soudanaise du Darfour par l’est, et au Mali par l’ouest, sachant qu’elle n’est séparée des frontières tchadiennes que par le Niger.


Les rues s’enflamment de « colère » anti-française au Tchad

A en juger tout ce « micmac », il apparaît nettement aux yeux des analyses que la scène actuelle dans le Sahel africain se remodèle à travers le déclin de l’influence française et l’escalade de la présence russe dans la région, malgré les préoccupations de Moscou concernant la guerre que la Russe a déclenché au mois de février en Ukraine.

Cette situation a été dramatique pour les démocraties émergentes dans la région sahélienne africaine, ce qui a donné aux groupes armés l’occasion d’intensifier leurs activités au milieu de cette ruée régionale et internationale pour les zones d’influence.

Quant aux États-Unis, qui gardent toujours un « œil ouvert » sur le Continent africain et surtout sur l’intérêt accordé par la Russie à cet endroit du globe, avaient auparavant accusé la société privée russe Wagner de soutenir l’attaque des rebelles tchadiens commise contre N’Djamena en avril 2021, qui s’était soldée par l’assassinat du président Idriss Deby et le repli des rebelles sur le territoire libyen après que Paris ait soutenu « logistiquement » les forces tchadiennes.

Pourtant, la France continue d’insister pour maintenir ses bases militaires dans la région du Sahel africain, tout en réduisant son intervention dans la guerre contre les groupes armés, réduisant ainsi ses pertes humaines et matérielles.

Pour conclure, il faut se remettre à l’évidence que les coups d’État dans les pays du Sahel représentent un problème majeur qui a exacerbé la crise sécuritaire dans la région, où trois pays membres du G5 Sahel sont actuellement sous « régimes militaires », à savoir le Tchad, le Burkina Faso, et le Mali (qui a annoncé son retrait du groupe), et que les deux autres pays membres, la Mauritanie et le Niger, ont échappé à tomber aux mains des putschistes.

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