Le Dialogue national lancé le 20 août comme prévu à N’Djamena, les Tchadiens peuvent donc dire « OUF » !

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les Tchadiens peuvent dire « OUF » ?
les Tchadiens peuvent dire « OUF » ?

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Tchad. Comme c’était prévu, le Dialogue national global tchadien a démarré à N’Djamena, le samedi 20 août 2022, sous le parrainage qatari, après des mois de négociations préliminaires accueillies par la capitale qatarie, Doha.

1 400 représentants du gouvernement militaire, de la société civile, des partis d’opposition, des syndicats et des groupes armés, en plus de la présence de représentants d’organisations internationales et régionales et de représentants de certains pays africains, participent activement à ce dialogue souverain, auquel plusieurs partis politiques et associations civiles se sont abstenus de participer, notamment la Confédération syndicale du Tchad. 18 mouvements armés se sont également abstenus de participer au dialogue sous prétexte que le Conseil militaire n’a pas satisfait à leurs exigences de reformation du comité d’organisation du dialogue et de s’engage à ne pas participer aux prochaines élections.

Rehaussé par la présence du Président de transition tchadien Mahamat Idriss Deby, ce dernier a déclaré lors de la séance d’ouverture que « ce dialogue national global constitue un moment décisif dans l’histoire du Tchad », ajoutant qu’il « devra tracer les voies d’un nouveau départ ».


Le Président tchadien à l’ouverture du Dialogue

Cette ouverture a eu lieu après plusieurs reports, et ce dans le cadre d’un effort pour tourner la page de la période de transition et aller vers la tenue d’élections libres et démocratiques. Bien que les séances de dialogue, censées durer trois semaines, fussent boycottées par certains mouvements armés et institutions de la société civile, le chef du conseil militaire au pouvoir, qui a donné samedi le signal de départ au dialogue, a qualifié l’événement de « moment critique de l’histoire du pays »

Deby, qui a mis l’accent sur « la capacité du Tchadien à surmonter les différences et à penser au Tchad », notant au passage que « les dénominateurs communs sont nombreux, importants et plus forts que les points de discorde », a saisi cette occasion pour souligner « la nécessité de la paix, de la sécurité et de la stabilité, car rien ne justifie la guerre entre Tchadiens », tout en ajoutant que parler du « Tchad de demain, c’est simplement s’interroger sur nos actions individuelles et collectives et voir quels sont leurs effets sur la vie de notre pays ».

Il a appelé les participants à « mener une analyse approfondie de la conscience collective afin d’identifier la faille et de tirer leçons des erreurs qui ont empêché la pleine mise en œuvre des décisions prises en 1993 ».

Prenant la parole à son tour, le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a déclaré que le Tchad « souffre depuis son indépendance de l’injustice, de l’inégalité et de la corruption administrative », soulignant que « le moment est venu d’explorer de nouvelles pistes et perspectives pour l’avenir » du pays, sans oublier d’appeler les Tchadiens « à ne pas écouter ceux qui veulent diviser le Tchad en musulmans, chrétiens, bergers et agriculteurs », ajoutant que « le Tchad est pour tous et qu’on peut le construire ensemble par le dialogue et la paix ».

Moussa Faki a souligné la nécessité de mettre fin à la vague de violence qui a affligé ce pays qui a connu de nombreux coups d’Etat militaires depuis son indépendance en 1960, ajoutant : « il est grand temps d’enterrer les rancunes ».

A noter que tous les participants à ce dialogue national discuteront et débattront, pendant 21 jours, autour de la réforme des institutions et de la rédaction d’une nouvelle constitution qui sera soumise après à un référendum, sachant que les questions de paix et de libertés fondamentales seront également discutées.

Pour sa part, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, avait estimé plus tôt que le dialogue national représentait une opportunité historique pour rétablir la stabilité dans ce pays africain et déterminer sa voie vers la démocratie, après 18 mois de régime militaire.

Début août, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a salué les efforts du Qatar pour parachever et parrainer l’accord de paix entre les parties en conflit au Tchad, vu que l’État du Qatar avait abrité les négociations de paix tchadiennes depuis le 13 mars, placées sous sa médiation officielle.

Dans des communiqués de presse, Guterres a décrit l’accord comme une « étape importante dans l’histoire du Tchad », louant le rôle du Qatar dans l’adhésion aux pourparlers qui ont conduit finalement à un tel accord.

De son côté, le conseiller de l’Emir du Qatar pour les affaires de sécurité a appelé toutes les composantes tchadiennes – qui n’ont pas participé aux négociations de Doha – à rejoindre le dialogue national global pour parvenir à la réconciliation et préserver l’unité du Tchad et la sécurité de tous les Tchadiens.


L’opposant Timan Erdimi à son arrivée à l’aéroport de N’Djamena, le 18 août 2022

Pour rappel, le 8 août sera une date gravée comme historique pour le peuple du Tchad, puisque ce jour-là le Conseil militaire de transition et les mouvements d’opposition armés ont signé un accord de paix visant à mettre fin aux tensions armées dans le pays, ayant permis la tenue, le samedi 20 août courant, du Dialogue National Global.

L’accord signé à Doha stipulait un cessez-le-feu avant le début du dialogue global dans la capitale tchadienne, N’Djamena, ce qui a été respecté, et le conseil militaire s’est engagé à ne prendre aucune action militaire contre les mouvements signataires dudit accord, qui prévoyait également un programme de désarmement, d’amnistie en faveur des opposants exilés à l’étranger et leur retour au pays.

Quant aux autres points de discorde, l’accord de Doha les a renvoyés aux sessions de dialogue national global qui vient de s’ouvrir à N’Djamena, sur proposition du chef du conseil militaire au pouvoir, Mahamat Idriss Deby, qui a signé un décret à leur sujet afin que ses décisions soient souveraines et exécutoires.

Nous y reviendrons…

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