Le secteur industriel au Tchad décollera-t-il d’ici 2030 ?

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Le secteur industriel au Tchad décollera-t-il d’ici 2030 ?
Les tchadiens optimistes quant à l’avenir de l’industrie de leur pays

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Tchad. L’une des informations les plus importantes que l’on doit connaître sur l’industrie au Tchad, c’est que le pays n’a jamais possédé une industrie florissante, et que le secteur se contente simplement d’une industrie manufacturière et secondaire qui occupent une place marginale et reposent essentiellement sur la production de produits de base, de viande en conserve, de coton, de produits pétroliers, de savon, de cigarettes, de bière, de textiles et autres.

La faible diversification industrielle fragilise d’ailleurs l’économie du Tchad à cause de la fluctuation des prix des matières premières. Quelques facteurs continuent à freiner la transformation et le développement de la production industrielle
A noter qu’après une cimenterie chinoise, une cimenterie financée avec des capitaux marocains a été également mise en exploitation au début de l’année 2019.

Une industrie très en retard

La révolution industrielle du futur

Néanmoins, il importe de noter que le secteur industriel est très en retard, et que le pays s’appuie généralement sur l’aide et l’investissement étrangers dans la plupart des projets existants.

L’indice définitif du retard de l’industrie tchadienne est le recours du gouvernement à la recherche d’un « plan d’action d’urgence » pour le mettre en œuvre et limiter les effets de la baisse des revenus pétroliers.

Il faut savoir que l’un des principaux facteurs contribuant au retard de l’industrie au Tchad est l’insuffisance des infrastructures, la bureaucratie galopante et la corruption, en plus du manque de travailleurs qualifiés.

En outre, la contribution du secteur industriel au PIB n’est que de 14,1%, selon les données statistiques les plus fiables de l’année 2017. Par conséquent, le secteur industriel ne représente que 20 % de la main-d’œuvre du pays, tandis que le secteur agricole est le plus important, avec 80 %. Les industries les plus importantes au Tchad sont donc limitées.

Dans le même contexte, le Tchad est connu pour être un exportateur de gomme arabique, de coton et de pétrole vers plusieurs pays développés, dont les Pays-Bas, les États-Unis d’Amérique, les Émirats arabes unis et la Chine.

Le Tchad que nous voulons

Perspectives et Visions

C’est pourquoi, dans le cadre de ses perspectives futures et son ambition de réaliser l’émergence du pays à l’horizon 2030, le Gouvernement a adopté la Vision 2030 sous le slogan « Le Tchad que nous voulons », qui a été mise en œuvre à travers trois Plans Nationaux de Développement (PND 2017-2021, PND 2022-2026, PND 2027-2030), dont le premier plan 2017-2021 arrive déjà à terme dans quelques jours.

Le Plan Directeur d’Industrialisation et de Diversification Economique (PDIDE), quant à lui, a été élaboré donc dans ce sens.

Il s’agit d’une initiative présidentielle qui orientera stratégiquement toute réflexion et toute force productive vers une vision commune, à savoir « Elargir et transformer la base de la production industrielle et de défense économique pour une croissance durable et inclusive à l’horizon 2030 », sachant que depuis 2003, le pays avait rejoint l’organisation des pays producteurs de pétrole, faisant espérer au pays plus de revenus qui amélioreraient la situation économique.

A noter que la guerre civile, les conflits, ainsi que les attaques terroristes, qui ont secoué le pays pendant des années, ont effrayé les investisseurs et aggravé la situation économique du Tchad.
Toutefois, la stabilité toute récente du pays a amélioré les perspectives de croissance économique, faisant naître une petite lueur d’espoir à l’industrie manufacturière du Tchad, laquelle est encore sous-développée en partie à cause de la longue guerre civile qui a touché le pays pendant plusieurs décennies.

Plan Directeur d’Industrialisation et de Diversification Economique

Diversification industrielle

Il y va donc de soi, car le Plan Directeur d’Industrialisation et de Diversification Economique est un processus participatif, un dialogue durable, un véhicule commun et un engagement conjoint pour porter, orienter et aligner toutes les parties prenantes sur les nouvelles priorités d’industrialisation et de diversification économique du Gouvernement Tchadien.

Son objectif global immédiat, c’est de favoriser l’éclosion de petites, moyennes et grandes entreprises industrielles au Tchad en investissant massivement dans les secteurs porteurs de croissance et d’emploi, afin de porter la part de l’industrie manufacturière dans le PIB de son niveau actuel de 8% à 16% et la part de l’exportation des produits manufacturiers dans les exportations totales de 2% à 6% en 2030.

Quant à ses objectifs spécifiques, c’est de développer et sophistiquer l’offre industrielle, développer les infrastructures et services d’appui à l’industrie, améliorer le capital humain, réduire les pressions de l’industrie sur l’environnement, améliorer les conditions cadres (cadre macroéconomique, institutionnel et règlementaire, gouvernance et confiance), ainsi que favoriser le financement de l’industrie et sa diversification.

La manne pétrolière

Raffinerie de pétrole au Tchad

Pour rappel, l’exploration pétrolière dans le pays a commencé au début des années 1950, lorsque le pays était encore sous le joug colonial français, et environ trois régions riches en pétrole avaient été découvertes, mais en raison du coût élevé impliqué dans l’extraction du pétrole, les Français n’ont pas développé le pétrole découvert.

Pendant toute cette période, la majeure partie du pétrole de la région était importée du Moyen-Orient et d’Algérie, ce qui était relativement moins cher. Seulement, dix ans plus tard, lorsque le pays avait obtenu son indépendance en 1960, le gouvernement autorisa la compagnie pétrolière et gazière américaine « Conoco » d’exploiter le pétrole national.

En fait, il s’est avéré que le Tchad possède d’importantes réserves de pétrole brut et la majeure partie de ce pétrole est produite dans le bassin de Doba, dans la partie sud du pays, où il a été découvert pour la première fois au cours des années 1970.

Les défis du pays

A l’instar de la plupart des pays d’Afrique, le Tchad possède d’abondantes ressources naturelles comme l’uranium, le pétrole, l’or, le calcaire, le sable, le sel, etc., mais, malgré cela, le pays demeure l’un des pays les plus pauvres d’Afrique.

Le pays a l’un des niveaux d’alphabétisation les plus bas d’Afrique. Le taux d’alphabétisation du pays est d’environ 25,7% de la population totale et le taux d’alphabétisation standard des femmes est de 12,8%. Cela signifie que 25,7 % de la population du pays âgée de plus de 15 ans sait lire et écrire, et que seulement 12,8 % des femmes de plus de 15 ans savent lire et écrire. Le pays a également été touché par de nombreuses maladies infectieuses telles que le paludisme, la rage, la schistosomiase et d’autres maladies courantes.

En conclusion, nous pouvons déduire qu’en raison de sa position de pays enclavé, le Tchad a de faibles volumes d’exportation qui ont entravé la productivité industrielle, de même, ces industries manquent de marchés d’infrastructure adéquats.

Par ailleurs, d’autres conflits dans les pays voisins se sont facilement propagés au Tchad en raison de sa situation en tant que pays enclavé, ce qui en a fait l’un des pays les plus instables d’Afrique.
Le Plan directeur d’industrialisation et de diversification économique (PDIDE) sera-t-il le « déclencheur d’un miracle économique de ce pays » ?

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