Le Tchad s’enfonce-t-il davantage dans la répression et la suppression des droits et libertés ?

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Le Tchad s’enfonce-t-il davantage dans la répression et la suppression des droits et libertés ?
Police anti-émeute à N’Djamena au Tchad

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Tchad.  A l’occasion de la célébration du 73ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH), adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies le 10 décembre 1948 à Paris, qui précise les droits fondamentaux de l’homme et qui est fêté chaque 10 décembre, nous avons tenu à jeter un coup d’œil sur la situation des droits de l’homme au Tchad.

Dans ce conteste, on constate que la liberté d’expression a été restreinte et les mesures prises pour empêcher la propagation du COVID-19 ont limité l’accès à la nourriture pour de nombreuses personnes, autant que l’accès aux soins de santé qui était également très restreint. Quant aux mariages précoces et les mutilations génitales féminines se sont poursuivis en violation de la loi.

Par ailleurs, les groupes armés ne cessaient de multiplier leurs attaques meurtrières et leurs violations des droits humains contre des personnes, notamment civiles.
Il faut reconnaître tout de même que le gouvernement a pris des mesures pour limiter la propagation de l’épidémie, notamment en interdisant les rassemblements, les couvre-feux, en imposant de lourdes amendes et des peines d’emprisonnement pour punir le non-port de masque, de plus, il a pris des mesures spécifiques pour surmonter les difficultés rencontrées par les citoyens.

Forces sécuritaires anti-émeute au Tchad

Réaction d’organisations, d’autorités officielles, et d’Institutions internationales

Freedom House, organisation non-gouvernementale financée par le gouvernement américain et basée à Washington, qui étudie l’étendue de la démocratie dans le monde, a indiqué que les droits de l’homme au Tchad peuvent être considérés comme pauvres, en classant le Tchad comme un pays avec de faibles libertés.

Le Département d’État américain, a souligné à son tour que la situation s’est détériorée au cours de ces dernières années en raison des nombreuses violations commises par les forces de sécurité tchadiennes, notamment des exécutions extrajudiciaires, des passages à tabac et des viols, imposant de nombreuses restrictions à la liberté d’expression et à la liberté de presse, ainsi que l’enregistrement de nombreux cas de disparition coercitive et arbitraire.

Amnesty International, organisation non gouvernementale internationale qui promeut la défense des droits de l’Homme et le respect de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, a déclaré de son côté que l’insécurité dans l’Est du Tchad a eu des conséquences désastreuses pour les femmes, qui ont subi des violations de leurs droits, notamment des violences, des viols et des coups lors des attaques des milices soudanaises « Janjaweed » contre des villages tchadiens.

Les femmes au Tchad sont confrontées à de nombreuses campagnes de violence organisée, telles que les mutilations génitales féminines. Bien que ce soit encore illégal, cela est toujours largement mis en œuvre.

Plus encore, de nombreuses violations ont été enregistrées en restreignant les droits d’opinion et de la presse, auxquelles on peut ajouter l’utilisation d’enfants comme soldats par les forces de sécurité tchadiennes.

Transparency International, organisation non gouvernementale internationale d’origine allemande ayant pour principale vocation la lutte contre la corruption des gouvernements et institutions gouvernementales mondiaux, a classé le Tchad parmi les pays les plus corrompus au monde.

Les sièges de l′opposition encerclés fin 2020 par la police tchadienne

Pour sa part, l’organisation Human Rights Watch a publié un rapport, le 29 octobre 2021, dans lequel l’ONG s’est attaqué particulièrement à la violente répression d’une manifestation organisée par l’opposition tchadienne, et a appelé les autorités à ouvrir l’espace civique et à garantir l’ouverture d’enquêtes en cas de recours excessifs à la force.

HRW s’est concentré sur des violences survenues dans la capitale N’Djamena, le 2 octobre dernier, soulignant dans ce contexte que « Le gouvernement tchadien n’a assumé aucune responsabilité pour l’usage abusif de la force contre des manifestants pacifiques, et ce, par ses forces de sécurité ».

De plus, HRW a mis l’accent sur le fait que « Le droit de manifester pacifiquement a presque immédiatement été enfreint après la prise du pouvoir en avril par le Conseil militaire de transition (CMT), et l’interdiction de manifestations qui s’est ensuivie ».

Selon Ilaria Allegrozzi, chercheuse senior sur l’Afrique à HRW, a déclaré que « Six mois après l’arrivée au pouvoir du Conseil militaire de transition, l’espace civique reste largement fermé, les manifestations pacifiques sont toujours violemment réprimées et les forces de sécurité continuent de bénéficier d’impunité ».

Ella a ajouté que « Le CMT devrait mettre fin à ses attaques contre les dissidents et les manifestants, et veiller à ce que les forces de sécurité impliquées dans les atteintes aux droits humains répondent de leurs actes ».

Malgré les multiples appels à la raison formulés à l’encontre des autorités de transition, notamment le CMT à la tête duquel sied Mahamat Idriss Deby en sa qualité de Président du conseil et Président de la République, en vue de faire respecter les droits humains au Tchad, la situation n’a guère changé.

D’ailleurs, depuis la manifestation organisée le 2 octobre à N’Djamena, les autorités n’ont fait aucune déclaration publique sur l’éventuelle ouverture d’enquêtes portant sur les préjudices subis par les manifestants et les passants, et sur les dommages causés aux biens privés par les forces de sécurité, sans nier que ces forces avaient utilisé des gaz lacrymogènes, et s’étaient abstenues d’aborder la question de l’utilisation de balles en caoutchouc ou de balles réelles.

Bien au contraire, la faute fût mise sur le dos des manifestants….

Ceci n’a fait que confirmer, que depuis la marche du 2 octobre, le Tchad s’enfonce davantage, de jour en jour, dans la répression et la suppression des droits à la liberté d’expression et de réunion, surtout lorsque le ministre de la Sécurité publique et de l’Immigration avait émis un arrêté interdisant la manifestation que « Wakit Tamma » prévoyait d’organiser le 9 octobre 2021, toujours à N’Djamena, invoquant des menaces potentielles pour l’ordre public au regard des événements de la manifestation du 2 octobre.
Ceci dit, tous les yeux restent braqués sur la situation toujours qualifiée de précaire au Tchad, dans l’attente d’une amélioration en ce qui concerne les « Droits de l’Homme », dont le monde célèbrera le 73ème anniversaire dans quelques jours.

Au lieu de consolider les droits humains au Tchad, Mahamat Idriss Deby, qui était depuis 2018 Général de corps d’armée, s’est auto-promu « Général d’armée » le 2 décembre 2021, passant désormais de 4 à 5 étoiles.

Le Président du CMT et de la République Mahamat Idriss Deby Itno

En effet, le Tchad a commémoré le mardi 1er décembre 2021, le 31eme anniversaire de la journée de la liberté et de la démocratie, lors d’une cérémonie de prise d’armes à la place de la nation, sous l’auspice du président du Conseil Militaire de Transition, le général d’armée Mahamat Idriss Deby Itno.

Lors de cette cérémonie de prise d’armes, le président Mahamat Idriss Deby, a décidé de porté désormais le grade de général d’armée (5 étoiles) à la surprise générale de l’opinion publique.

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