Africa-Press – Tchad. Il semble que l’échec français dans la région représente les entrées appropriées pour les forces concurrentes aux niveaux régional et international.
Dans ce contexte, cet article vous aidera à comprendre ce qui se passe vraiment en Afrique de l’Ouest !
La crédibilité de Paris dans le soutien des valeurs démocratiques sur le continent africain, a été sérieusement remise en cause après que la France ait digéré le coup d’État constitutionnel perpétré par Mahamat Idriss Deby pour s’emparer du pouvoir au Tchad après l’assassinat (par des rebelles) de son père, le président Idriss Deby Itno, le 20 avril 2021.
Un mois plus tard, Paris rejetait le coup d’État militaire survenu au Mali le 24 Mai 2021, en mettant les pressions à leur extrême niveau contre le Chef de la junte militaire, le colonel Assimi Goïta, ce qui a mené jusqu’à l’expulsion par le Mali de l’ambassadeur français à Bamako, Joël Meyer.
A noter que les efforts du président français Emmanuel Macron pour créer un fonds de soutien à la démocratie en Afrique, ou de Paris pour accueillir des conférences de jeunes des pays d’Afrique de l’Ouest pendant l’été 2021, et enfin une conférence des organisations de la société civile, semblent être les dernières batailles pour maintenir l’influence française en Afrique de l’Ouest.
Pourquoi la France a-t-elle donc béni le coup d’État au Tchad et non au Mali ?
Selon Roland Marchal, chercheur au CERI – SciencesPo/CNRS : « Cela ne fait que souligner l’hypocrisie des pays démocratiques. Surtout, le discours que l’on nous sert sur la stabilité du Tchad oublie de dire que c’est Idriss Déby, lui même, qui produisait les rébellions armées, cette instabilité, qu’il combattait ensuite, avec l’aide de la France. L’histoire de ce régime est une histoire de rébellions qui sont battues ou cooptées à l’intérieur du pouvoir ».
Indépendamment de savoir qui doit être au pouvoir, il y aurait dû y avoir une ‘réserve de la part de la France’ : « Que Macron aille aux funérailles est une chose, mais qu’il légitime le fils d’Idriss Déby et le Conseil Militaire de Transition qui sort d’on ne sait pas d’où, en est une autre », ajoute Roland Marchal.
Une question se pose par elle-même : Jusqu’où la France peut-elle soutenir le clan Déby ?
A propos du rejet du coup d’Etat au Mali, le président Emmanuel Macron avait immédiatement brandi la menace d’un retrait des 5.100 soldats français de l’opération Barkhane, soulignant dans ce contexte : « ne pas vouloir rester aux côtés d’un pays où il n’y a plus de légitimité démocratique ni de transition ».
C’est ainsi que « la France a réitéré sa ferme condamnation du coup d’État au Mali ayant abouti à la démission forcée du Président Bah N’Daw et de son Premier ministre, le 26 mai dernier », avait déclaré le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, en ajoutant : « le respect de la transition démocratique conditionne le maintien de l’engagement français au Mali ».
Les conséquences directes des approches françaises ont été un échec en termes de relèvement du niveau de stabilisation, compte tenu du niveau élevé des menaces sécuritaires en Afrique de l’Ouest.
Selon les observateurs, trois raisons expliquent l’échec actuel de la France en Afrique de l’Ouest :
• la première est la pratique de l’intervention militaire directe, qui appelle nécessairement à aiguiser et à soutenir les concepts de résistance à l’étranger, surtout s’il est chrétien dans les pays où une grande partie de la population est musulmane.
• quant à la deuxième raison, c’est le manque de sincérité et la pratique de l’évasion avec les alliés contre le terrorisme des pays d’Afrique de l’Ouest, car le mécanisme du « G5 », en plus de son facteur humain limité, a été conçu pour être des forces distinctes des armées des pays d’Afrique de l’Ouest, ce qui a fait souffrir ces armées du point de vue financement, armement et capacités militaires techniques face au terrorisme, et peut-être que cette stratégie française a eu peur que le soutien des armées des pays d’Afrique de l’Ouest face au terrorisme ne produise une force française indésirable.
• La troisième raison peut être observée dans les nouvelles tendances des jeunes élites africaines qui voient la nécessité de se sevrer de l’ancien colonisateur, notamment avec la pratique de l’épuisement des richesses de ce dernier, et peut-être cela explique-t-il le retrait de cinq pays d’Afrique de l’Ouest en 2019 du Système bancaire français, qui utilisait le franc CFA comme un mécanisme pour exercer l’épuisement des richesses africaines.
Dans ce contexte, les approches françaises en Afrique de l’Ouest constituent un état de tension entre les stratégies des grands pays en quête de ressources et d’influence, tandis que les ambitions locales africaines en quête de stabilité et de croissance constituent l’environnement des interactions actuelles dans la région ouest-africaine, où les grands pays, notamment la France, se présentent comme solidaires des pays d’Afrique de l’Ouest, pour lutter contre le terrorisme et maintenir la stabilité des pays, il semble que les démarches françaises depuis une décennie n’aient pas abouti, et aient produit plus ‘fragilité et faiblesse’ pour les pays d’Afrique de l’Ouest dont les anciennes colonies étaient avec les pays du nord du continent une ceinture partant de Djibouti sur la mer Rouge, jusqu’à la Mauritanie sur l’océan Atlantique, où Paris a adopté deux mécanismes :
• le premier est l’intervention militaire directe,
• et la mise en place d’alliances militaires avec certains pays d’Afrique de l’Ouest.
En outre, les équations interactives entre la France, puissance dominante en Afrique de l’Ouest et les pays de la région, n’ont pas abouti. Au contraire, leur résultat est visible, puisqu’on y observe une augmentation de la capacité des organisations terroristes. Par conséquent, des indicateurs d’actes terroristes les opérations se sont multipliées, caractérisées par un nombre élevé de victimes d’une part, et le ciblage d’éléments policiers et militaires d’autre part.
Il semble également que cet échec français serait dû au manque de soutien sécuritaire direct aux capacités militaires des pays d’Afrique de l’Ouest, qui a contribué à la pénétration de la Russie au Mali, par exemple, qui est le point focal français le plus important en Afrique de l’Ouest, avec les forces de la compagnie « Wagner ».
Ainsi, on considère que le Mali peut être un État fer de lance contre l’influence traditionnelle de la France, en tant que chef de file et influence symbolique de l’influence occidentale en général, dans les régions de l’Afrique de l’Ouest et des pays sahéliens.
Le discours général africain qui a suivi l’expulsion de l’ambassadeur de France du Mali, fin janvier dernier, dévoile quant à lui de nombreuses dimensions symboliques sur la nature du futur rapport de force.
Anouar CHENNOUFI
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