Report du Dialogue National Inclusif du 10 Mai au Tchad : Finalement le DNI aura-t-il lieu ?

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Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Tchad. La vie politique au Tchad, est animée ces jours-ci par le report sans date fixe du Dialogue national inclusif, prévu initialement le 10 mai 2022 et qui semble ne pas avoir lieu avant la fin de cette année.

En effet, les « négociations de paix tchadiennes » lancées le 13 mars dernier, a Doha, capitale du Qatar, à travers un pré-dialogue dont le but est de parvenir à un règlement pacifique de la crise politique qui perdure au Tchad bien avant l’assassinat de son président Idriss Deby, il y a un peu plus d’un an déjà, ont été elles aussi reportées pour la énième fois.

Dans ce tumulte, certains chefs de partis politiques voient la main cachée de l’ancien parti au pouvoir, évidemment le Mouvement Patriotique du Salut (MPS), derrière ce report, alors que d’autres estiment qu’il s’agit d’une pression de la part des bailleurs de fonds. Pourtant, le MPS, lui, a toujours réfuté l’accusation en indiquant que la surenchère ne paie pas.

Toutefois, Jeudi dernier, les rebelles ont accusé à leur tour le conseil militaire de « bloquer délibérément les négociations » à Doha, tandis que les autorités militaires ont rejeté cette accusation qualifiée « d’injuste ».

L’Appel du Qatar

De son côté, l’État du Qatar, en tant que médiateur dans les négociations de paix tchadiennes en cours à Doha, a demandé officiellement aux autorités tchadiennes de transition, en début de ce mois de mai 2022, de reporter le dialogue national inclusif à N’Djamena. Les raisons évoquées sont liées à l’avancement des discussions avec les politico-militaires, indiquant à ce sujet qu’elles progressent à un bon rythme et rendent tangibles le progrès.

Dans ce contexte, le ministère qatari des Affaires étrangères a précisé que l’appel au report est basé sur les données actuelles des négociations de Doha, afin de donner aux parties participantes plus de temps pour parvenir à un accord de paix en vue de la convocation du dialogue national global à N’Djamena.

Le Chef de la diplomatie qatarie a réitéré le plein soutien du Qatar aux efforts du Tchad dans ce processus politique, en vue de réaliser les aspirations de son peuple à la paix, à la sécurité et à la stabilité, en exprimant sa satisfaction pour l’engagement du Conseil militaire de transition et du gouvernement tchadien à ce sujet.

A son tour, son Excellence le Dr Mutlaq bin Majid Al-Qahtani, l’Envoyé spécial du ministre des Affaires étrangères pour la lutte contre le terrorisme et la médiation dans le règlement des différends, a exprimé l’appréciation de l’État du Qatar pour l’approbation des autorités de transition au Tchad à son appel à reporter le dialogue national global.

Réaction de la France

Les autorités françaises ont aussitôt réagi, le mardi 3 mai, en exprimant leur adhésion à la tenue d’un dialogue national, dans les meilleurs délais, en vue de parvenir à la réconciliation au Tchad. Elles ont affirmé leur soutien aux efforts des autorités et parties tchadiennes en ce sens, avec le soutien du Qatar et des partenaires internationaux du Tchad.

Confirmation des autorités tchadiennes

Dans une déclaration accordée aux médias, le ministre tchadien des affaires étrangères et chef de la délégation gouvernementale aux négociations de paix tchadiennes à Doha, a déclaré que l’autorité de transition a accepté la demande faite par le gouvernement qatari au Tchad de reporter le Dialogue national global, prévu d’être organisé le 10 de ce mois en cours.

Le ministre tchadien des Affaires étrangères a indiqué entre-autres que l’autorité de transition affirme sa ferme adhésion aux négociations de Doha, et remercie le Qatar pour tous les efforts qu’il continue de déployer dans la cadre des négociations, ainsi que pour son soutien à la phase de transition au Tchad.

Un communiqué émanant dudit ministère a mentionné ceci : « le Tchad tient à informer l’État du Qatar de l’approbation des autorités suprêmes de transition de reporter le dialogue national global à une date qui sera déterminée ultérieurement, après consultation des institutions et organes politiques concernés ».

Il est prévu que les négociations médiatisées par le Qatar entre l’autorité de transition et les mouvements armés, déboucheront sur un « accord de cessez-le-feu » entre les deux parties.

Communauté internationale et voisinage

Il importe de rappeler ici le grand intérêt international pour la paix au Tchad, et ce, en raison de ses répercussions positives et de son impact sur la paix et la sécurité internationales.

Le président français Emmanuel Macron, dont l’investiture pour un nouveau mandat présidentiel a été mise à l’œuvre hier, vendredi 6 mai, a prononcé des propos dans lesquels il a exprimé la disponibilité de son pays à soutenir les discussions en cours avec les groupes politiques et militaires tchadiens à Doha, afin que ces derniers rejoignent le dialogue national et le processus de transition, selon le communiqué de la présidence française.

On peut donc avancer déjà que « le soutien français aux discussions tchadiennes en cours à Doha reflète l’intérêt de parvenir à la paix souhaitée au Tchad en raison de son impact positif sur le peuple tchadien lui-même, le voisinage, ainsi que sur la paix et la sécurité dans la région ».

Pour sa part, le Qatar a confirmé que les négociations de paix au Tchad sont des négociations tchado-tchadiennes détenues et dirigées par des Tchadiens, et l’État du Qatar fait tout ce qui est en son pouvoir pour en faire un succès dans sa qualité de facilitateur et d’hôte, soulignant que le rôle central du Qatar, est celui de plate-forme de paix pour la sécurité et la stabilité mondiales à la lumière des défis transfrontaliers communs, qui nécessitent des efforts régionaux et internationaux concertés.

A ne pas oublier également la visite rendue à N’Djamena par le lieutenant-général Abdel Fattah Al-Burhan, chef du Conseil souverain de transition au Soudan, lors de laquelle il a rencontré, fin mars dernier, le lieutenant-général Mahamat Idriss Deby, chef du Conseil militaire de transition tchadien.


Les présidents Al Borhan et Mahamat Deby

Dans une déclaration conjointe, les deux parties avaient exprimé leur intérêt pour le succès du dialogue préliminaire de Doha, qui se déroule au Qatar, et pour le succès du processus global de réconciliation nationale au Tchad.

Ils ont également discuté des relations bilatérales et des questions régionales d’intérêt commun outre le dossier de la situation sécuritaire humanitaire aux frontières communes et le développement du commerce frontalier.

Pour conclure, on peut dire que :

Comprendre la terminologie et les processus politiques tchadiens est très important à ce stade pour éviter toute confusion. Il y a un gouvernement et une opposition, leurs idées sont complètement différentes, qu’elles soient politiques ou économiques, mais on ne peut qu’être satisfait de la participation des politiciens et des militaires, de la rencontre entre le gouvernement de transition et les mouvements armés tchadiens, et vis-à-vis de cela, on devrait affirmer que ce n’est pas un dialogue, mais plutôt une vraie négociation de paix, plutôt politique ».

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