Anouar CHENNOUFI
Africa-Press – Tchad. Quatre mois, jour pour jour, depuis leur ouverture à Doha (Capitale du Qatar), le 13 Mars 2022, les négociations tchadiennes n’ont pas encore abouti à des solutions satisfaisantes entre les parties participantes, et sont restées comme dans un labyrinthe.
A vrai dire, le principal différend aurait porté sur les négociations autour du dossier de candidature aux prochaines élections présidentielles, alors que le Conseil militaire au pouvoir tient à désigner son président, le général Mahamat Idriss Deby, aux prochaines élections, avec le soutien de l’institution militaire français et de certains cercles influents dans les centres de décision à Paris, en plus de certains pays africains de la région.
Néanmoins, en ce qui concerne les mouvements d’opposition armés et les forces politiques intérieures, tout projet de règlement qui n’inclut pas d’empêcher les généraux au pouvoir de se présenter aux élections ne sera ni faisable ni efficace.
De son côté, le gouvernement qatari, qui s’était porté comme « médiateur », aurait même tenté de pousser les autorités tchadiennes à accepter les conditions de l’opposition, tout en s’engageant à fournir des garanties au président de transition et aux membres du Conseil militaire qu’ils ne seraient pas tenus responsables à l’avenir, tout en offrant des conditions confortables pour le départ des personnalités dirigeantes du pouvoir.
Alors que le gouvernement de Deby parie sur le soutien de la France et d’Israël pour rester au pouvoir, les groupes armés auraient le soutien de la Russie grâce à leurs liens avec les forces paramilitaires du groupe privé russe « Wagner » en République centrafricaine et en Libye.
Il n’est pas exclu donc, qu’en cas d’échec du processus de règlement intérimaire, le succès du scénario des échéances électorales unilatérales avec la nomination du général Deby à la présidence et un boycott des principaux partis et forces d’opposition, ce qui signifie la poursuite de la crise politique interne et l’imposition d’un fait accompli avec la compréhension et la complicité de puissances régionales et internationales efficaces.
Perspectives d’un règlement politique au Tchad
Trois scénarios distincts peuvent être explorés pour prédire l’avenir de la scène politique au Tchad à la lumière des négociations restées au point mort entre les partis gouvernementaux et d’opposition, comme suit :
• Scénario de solution politique avec les parties aux négociations concluant un accord de règlement par médiation qatarie qui conduit à la signature d’une déclaration commune qui ouvre la voie au dialogue politique inclusif prévu à N’Djamena, afin de résoudre les dernières questions sur lesquelles le retour du pays à un statut constitutionnel normal en dépend.
Dans ce contexte, il est possible de reporter l’obstacle à la candidature du président militaire de transition, Mahamat Idriss Deby, aux négociations de règlement définitif, selon la proposition de la délégation gouvernementale de négociation, que certains des principaux partis d’opposition semblent prêts à accepter. Bien que ce scénario se heurte à de nombreuses difficultés, de nombreux indicateurs suggèrent qu’il s’agit d’une option potentielle sérieuse pour plusieurs raisons, notamment :
-/- les pressions internationales et régionales imposées aux deux parties pour un règlement pacifique,
-/- le déclin des capacités des groupes armés sur le terrain et politiquement,
-/- l’aggravation de la détérioration des conditions économiques intérieures, qui impose au gouvernement l’apaisement militaire des tensions politiques,
-/- les incitations matérielles et politiques offertes par le médiateur qatari, soucieux d’engranger des gains diplomatiques, renforcent sa position sur l’Afrique continent.
Bien que la possibilité de parvenir à un accord de règlement préliminaire à Doha soit forte, les difficultés continueront d’être plus aiguës dans les négociations sur le statut final prévues dans la capitale, N’Djamena.
• Scénario de la poursuite de la crise et de l’entrée du pays dans une voie unilatérale qui permettrait à l’actuel président, le général Mahamat Idriss Deby, de se maintenir au pouvoir à travers des élections boycottées par la plupart des forces de l’opposition, similaire à la situation familière à l’époque de l’ancien président Idriss Deby.
Malgré le coût politique et sécuritaire élevé de ce scénario, il est envisageable du fait de la possibilité de son émergence régionale et internationale sans difficultés majeures grâce à l’éventuel soutien français, à la compréhension des voisins africains, et à la complicité de l’Union Africaine. Commission présidée par le Premier ministre et ancien ministre tchadien des Affaires étrangères, Moussa Faki.
• Scénario d’une explosion de la situation politique et sécuritaire intérieure, avec le retour de l’action militaire armée au point de menacer le système politique et le déclenchement de la guerre civile à nouveau au Tchad, selon des cas antérieurs où le danger a atteint le centre du gouvernement dans la capitale, N’Djamena. Bien que ce scénario ne semble pas solide à l’heure actuelle, il n’est pas exclu si la solution politique échoue complètement.
Que pouvons-nous en déduire ?
Il ne semble pas que les possibilités de tenir les dernières séances de dialogue entre les partis politiques tchadiens dans la capitale tchadienne, N’Djamena, se concrétisent dans un avenir prévisible. Par conséquent, les efforts régionaux et internationaux se concentrent sur le sauvetage des pourparlers de Doha bloqués en préparation aux négociations de règlement définitif qui permettront une sortie de la phase de transition actuelle, et l’organisation d’élections libres pluralistes qui conduiront à la normalisation de la situation politique au Tchad.
Le scénario le plus fort semble donc être de « parvenir à un accord de règlement provisoire entre les parties tchadiennes qui ouvrira la voie au dialogue final », qui se heurtera à des obstacles difficiles, au premier rang desquels la candidature du chef du Conseil militaire, Mahamat Idriss Deby, pour les prochaines élections présidentielles, que l’opposition rejette et auxquelles tient l’institution militaire et les parties régionales et internationales qui les soutiennent.
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