TCHAD : Plus de 20.000 soudanais affluent vers le village de « Koufroun » et la situation risque de s’aggraver

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TCHAD : Plus de 20.000 soudanais affluent vers le village de « Koufroun » et la situation risque de s’aggraver
TCHAD : Plus de 20.000 soudanais affluent vers le village de « Koufroun » et la situation risque de s’aggraver

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Tchad. Il faut dire qu’au Soudan les affrontements et les évènements qui s’y déroulent n’ont fait que produire des crises, hormis le conflit armé direct qui continue de produire quant à lui des drames humains, dont des civils innocents et impuissantes.

Il faut également se rendre à l’évidence que les affrontements armés entre l’armée soudanaise et les Forces de soutien rapide les ont rendus en proie à la faim et à la peur, comme c’est le cas pour ceux qui ont déjà fui et qui continuent à fuir les répercussions des affrontements meurtrier sur le territoire soudanais.

C’est ainsi que des milliers de Soudanais, pour la plupart des femmes et des enfants, traversent chaque jour « à dos d’âne, à cheval, en charrette ou même à pied », le petit cours d’eau frontalier déjà à sec pour se réfugier quelque part au Tchad.

Jusqu’au début du mois de mai 2023, au moins 20.000 d’entre eux ont trouvé refuge dans un camp de fortune du village tchadien de Koufroun, selon le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), qui les a pris en charge du mieux qu’il peut avec d’autres agences onusiennes et des ONG.

Des réfugiés partis de leur pays « mains et poches vides

Pour rappel, le Darfour occidental reste l’une des provinces soudanaises les plus touchées, avec Khartoum, par la guerre menée par l’armée, dirigée par Abdel Fattah al-Burhan, et les Forces de soutien rapide, dirigées par Mohamed Hamdan Dagalo (dit Hemedti), et ce depuis le 15 avril dernier.

La plupart des réfugiés ont fui le petit village de Tandelti, situé à une vingtaine de kilomètres de Koufroun, au milieu de violents combats. La plupart d’entre eux sont arrivés les mains vides, signe de la rapidité de leur exode massif du Darfour occidental, où les Nations unies comptabilisaient une centaine de morts il y a prés de trois semaines.

D’autres ne portaient que quelques affaires et quelques vivres, tandis qu’ils marchaient sous un soleil brûlant pour se trouver une place à l’ombre des quelques grands et rares acacias, où des abris de fortune étaient érigés. Alors qu’ils sont répartis en petits groupes sur une zone de deux kilomètres, certains d’entre eux se couvraient soit d’un tablier soit d’une écharpe pour se protéger du soleil.

L’UNICEF utilise des stocks d’urgence pour venir en aide aux réfugiés

Des réfugiés désespérés se sont tournés vers les humanitaires, mais ils semblent aussi débordés, à plus de 800 kilomètres à l’est de N’Djamena, sachant que le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a distribué quant à lui une aide médicale, en plus d’ustensiles de cuisine, de couvertures et de nattes, comme l’a expliqué le Chargé de communication de cette organistion au Tchad, Donaig Le Du : « Nous utilisons des stocks d’urgence pour venir en aide aux réfugiés qui arrivent en grand nombre, dans l’une des régions les plus démunies au monde en termes d’eau et d’infrastructures sanitaires ».

Dans le même contexte, « Première Urgence Internationale » a mis en place un centre médical temporaire à Koufroun. Trois agents de santé y travaillent chaque jour pour tenter d’assurer des consultations, principalement pour les femmes, les enfants et les personnes âgées.

La crainte d’une éventuelle situation humanitaire catastrophique à Koufroun

Les humanitaires craignent que la situation humanitaire ne devienne rapidement catastrophique à Koufroun : « Si nous n’agissons pas maintenant, il sera trop tard », a déclaré Brice Wanignon Degla, coordinateur d’urgence pour le Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés au Tchad.

Le comble, selon Degla, « c’est que la saison des pluies arrivera dans quelques semaines, et de ce fait la route sera coupée et les réfugiés seront piégés ici. Nous devons absolument garantir l’eau potable, la santé ainsi que des abris dès que possible, en plus de quoi nourrir tous ces réfugiés ».

Par ailleurs, il faut prendre en considération le fait qu’environ 100 à 200 personnes les visitent chaque jour et que : « Les principales maladies sont les maladies respiratoires, la gastrite et la malnutrition », a affirmé Ndombey Thirtos, directeur de l’organisation sur le site.

De son côté, Jean Paul Habamungu Samvura, chargé des opérations du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés dans l’est du pays, à laissé entendre ceci : « Il ne faut pas oublier qu’au jour d’aujourd’hui nous avons un demi-million de réfugiés soudanais au Tchad » bien avant le récent conflit, et des milliers d’autres réfugiés sont venus après, et pourraient continuer à affluer à Koufroun ou ailleurs, d’autant plus que la frontière entre les deux pays est facile à franchir ».

Quelles répercussions et quelles conséquences ?

Les répercussions de la guerre poussent également davantage de réfugiés, dont la plupart sont des femmes et des enfants, qui vivent dans des conditions de vie très pénibles dans des zones semi-arides, qu’ils ont atteintes à Koufroun à la frontière tchado-soudanaise, surtout que parmi eux se trouvent des patients et des femmes enceintes, sachant que tout le monde manque de soins de santé, en plus de la rareté de l’eau potable et du minimum de subsistance dont ils ont besoin pour leur permettrait de vivre.

Il importe de rappeler que la souffrance de ces réfugiés augmente d’une heure à l’autre, d’autant plus que de nombreux pays accueillant les nouveaux arrivants, dont le Tchad, ont leurs propres problèmes tels que pénuries alimentaires, sécheresse et cherté de vie, ce qui a créé une crise humanitaire hors des frontières du Soudan que les agences internationales peinent à contenir.

L’on ne doit pas oublier que le Programme alimentaire mondial a précédemment averti que des centaines de milliers de réfugiés et de personnes déplacées au Tchad pourraient être confrontés à la famine en raison du manque de financement de l’aide alimentaire, à partir de ce mois de mai.

Répercussions visant particulièrement le Tchad

Les changements politiques au Soudan ont toujours affecté la politique intérieure au Tchad, en raison des enchevêtrements tribaux entre les deux pays, de la situation sécuritaire fragile et de l’incompatibilité politique au sein du Tchad, ce qui ouvre la porte à la possibilité d’employer des facteurs tribaux au sein des guerres par procuration qui ont une longue histoire dans la région.

Au Tchad, tribu, politique et pouvoir sont indissociables, où « l’histoire a prouvé que la tribu est tout au Tchad, dans le passé comme au présent ».

Et selon les équations actuelles, l’une des craintes les plus importantes de N’Djamena semble être que la victoire du commandant des Forces de soutien rapide, Mohamed Hamdan Dagalo, dans sa bataille actuelle au Soudan ne transforme la région du Darfour en « base de lancement pour les rebelles arabes qui défient le gouvernement au Tchad », là où « l’équation arabe » apparaît comme « le plus grand défi ».

En revanche, la possibilité de vaincre les forces Hemedti à Khartoum et de faire de son leader dans la région du Darfour frontalière du Tchad un centre d’intérêt pour mener une rébellion de longue durée contre Khartoum est une autre préoccupation pour N’Djamena. Comme cela conduira à un ensemble de conséquences, y compris le soutien aux rebelles tchadiens combattant avec lui au sein des Forces de soutien rapide, où ces forces semblent être accusées de recruter des combattants arabes du Tchad et des pays sahéliens et de les inciter à faire venir leurs familles dans le cadre de tentatives de « changement des poids démographiques » au Darfour.

De plus, le retour de Hemedti au Darfour pourrait être l’occasion pour ses alliés des forces russes de Wagner d’établir un réseau qui s’étendrait du Soudan à la Centrafrique et jusqu’au fief du général Khalifa Haftar, en Libye.

Défis sécuritaires posés par les déplacements du Soudan vers le Tchad

On peut dire que les pays et les sociétés du continent africain ont traversé (et traversent encore) des situations et des conditions politiques turbulentes, des crises sécuritaires, économiques et sociales, des conflits et des guerres civiles, en plus d’une composition et une diversité sociétales complexes.

Toutes ces conditions ont constitué des incitations qui ont contribué à attirer des terroristes et des groupes armés et extrémistes sur la scène africaine, jusqu’à ce que certains pays africains soient devenus un lieu où certains groupes terroristes aient annoncé leur activités et imposé leur contrôle sur les zones et les communautés locales, difficilement contrôlables ou sécurisées par le gouvernement concerné.

Ainsi, ce qui arrive au Soudan aujourd’hui met en danger tout le voisinage, et en particulier le Tchad, vu sa vulnérabilité frontalière et territoriale, et l’arrivée « incontrôlée » de dizaines de milliers de réfugiés, « supposés » être tous des soudanais, pourrait ouvrir des « voies d’accès » à des groupes armés.

Si l’Etat du Tchad ne se montre pas « très vigilent » à ce sujet, il risquerait fort de payer une lourde facture.

Appuis médiatique
Vidéo 1 : https://www.facebook.com/AlHadathIraq/videos/186099040964504/

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