Wakit Tama – Principale coalition de l’opposition tchadienne – et ses marches protestataires

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Une des manifestations organisées par Wakit Tama
Une des manifestations organisées par Wakit Tama

Rapporté par
Anouar Chennoufi

Africa-PressTchad. La plateforme citoyenne Wakit Tama, principal opposant du Conseil Militaire de Transition au Tchad, en ébullition depuis une longue période, dont la marche pacifique organisée avec la société civile, le samedi 2 octobre 2021, fût « violemment » dispersée par la police tchadienne, et à travers de laquelle était réclamée « justice et inclusion » au Tchad, a prévu de manifester de nouveau le samedi 9 octobre, soit une semaine après, pour les mêmes objectifs.

Néanmoins, le gouvernement aurait interdit la marche de Wakit Tamma du 9 octobre, selon un arrêté émis par le ministère de la Sécurité publique et de l’Immigration, et ce, sur tout le territoire, pour les deux motifs suivants :

  • le « non-respect des conditions notamment le délai d’introduction de la demande »
  • le « risque de trouble à l’ordre public ».

Face à ce refus, rejeté par Wakit Tama, la coordination des actions citoyennes a annoncé qu’elle marchera à la date prévue (le samedi 9 octobre) pour dénoncer l’injustice au pays.

Dans une déclaration faite le jeudi 7 octobre, elle a appelé le peuple à sortir « massivement », sur l’ensemble du territoire tchadien, afin de revendiquer la justice dans le pays.

Nous constatons donc qu’un bras de fer est entrain de prendre de l’ampleur entre le gouvernement tchadien et la plateforme Wakit Tama, et nous nous demandons si la marche pacifique planifiée par Wakit Tama, le dimanche 9 octobre, aurait bien lieu. Revenons donc un peu sur les marches et manifestations lancées par cette coalition.

Wakit Tama et ses composantes !

Parti « Les transformateurs » de Succès Masra
Parti « Les transformateurs » de Succès Masra

*Wakit Tama signifie « l’heure est arrivée » en arabe local du Tchad. Le mouvement est composé d’une trentaine de partis d’opposition, organisations de la société civile et des jeunes, parmi lesquels ont trouve :

-/-Les transformateurs de Succès Masra,

-/-l’Union nationale pour le développement et le renouveau (UNDR) de Saleh Kebzabo,

-/-le Parti pour les libertés et le développement (PLD) de Mahamat Ahmat Alhabo,

-/-la Ligue tchadienne des droits de l’Homme (LTDH)

-/-l’Union des syndicats du Tchad (UST).

Retour sur la marche « Wakit Tama du 13 mars 2021 »

Lors de la campagne lancée dans le cadre de la présidentielle du 11 avril de cette année par le parti au pouvoir (MPS), des associations de la société civile et partis politiques avaient programmé une marche pacifique dite « Wakit Tama », sous les slogans de dix corporations réunies au sein de la ”coordination des actions citoyennes”, le 13 mars dernier.

Parmi les revendications de cette marche pacifique « Réclamer le droit à la vie et dire non au sixième mandat du candidat Idriss Deby Itno »

Les membres de ladite coordination sont :

  • l’Union sacrée pour la république (USPR) : Parti dirigé par François Djékombe, qui se dit prêt à mettre fin au règne du régime MPS au pouvoir. « Le moment est venu pour dire halte à ce régime qui vit du sang des Tchadiens », disait Djékombe.
  • Les Transformateurs : Parti représenté par son vice-président, Dr Sitack Yombatinan, qui estime que la candidature du président Idriss Deby Itno était illégale. « ’Les violations sont nombreuses. D’abord la candidature du président Idriss Deby est en violation de la constitution de la République du Tchad car quand on est militaire on ne peut pas être président de la République ».
  • L’Association des victimes des crimes du régime Hissène Habré (AVCHH) : Parti dirigé par Clément Abaïfouta, qui justifiait la position de son organisation par le manque de justice dans le pays. « ’Depuis 30 ans on refuse de nous rendre justice. On prend la  justice en otage. Mais il faut marcher car ce pays nous appartient tous »’, martèle Clément Abaïfouta.
  • Le Parti réformiste (PR) : Parti dirigé par Yacine Abdraman Sakine qui ne cachait pas sa volonté à participer à la marche « Wakit Tama » à cause de la gestion scabreuse de la chose publique « 30 ans de pouvoir mais l’éducation est zéro, justice zéro, santé zéro. Allons-nous continuer à accepter ?
  • Ligue tchadienne des droits de l’Homme (LTDH) : Par la voix de son président, Max Loalngar, la LTDH tchadienne avait soutenu la marche du 13 mars. Pour lui, la kermesse du désordre est finie. « Les événements du village Yinguilime dans le Dar Tama, vous qui avez perdu des gens, dans les hôpitaux simplement parce qu’il y a un gouvernement qui est incapable d’assurer la couverture sanitaire. Nous devons sortir »’.
  • Le Mouvement citoyen le temps (MCT), la Convention tchadienne pour la paix et le développement (CTPD), la Coordination nationale des jeunes pour la paix et le développement au Tchad(CONAJEPDT) , l’Union des syndicats du Tchad (UST) et la Jeunesse en marche font également partie de cette coordination.

Retour sur la marche « Wakit Tama du 16 juillet » autorisée mais sous conditions

Les racines de la colère tchadienne : Coût de la vie, pénurie d'essence, justice, impunité...
Les racines de la colère tchadienne : Coût de la vie, pénurie d’essence, justice, impunité…

Pour la première fois, le gouvernent de transition a autorisé la marche de la coalition Wakit Tama, toujours opposée au pouvoir en place.

En effet, la marche protestataire de la coalition Wakit Tama entendait manifester contre le risque de confiscation du pouvoir par la junte en place depuis l’annonce de la mort d’Idriss Deby Itno, le 20 avril dernier.

Certes, cette marche a été autorisée, mais sous certaines conditions.

En fait, Wakit Tama avait prévu d’organiser sa manifestation le mercredi 14 juillet, et sur un itinéraire favorable aux marcheurs contre le régime d’Idriss Deby, puis contre celui du Conseil militaire de transition (CMT), dirigé par son fils, le lieutenant-général Mahamat Idris Deby Itno, au pouvoir depuis la mort de l’ancien président.

Sauf que, dans son arrêté émis le 12 juillet, le ministre de la Sécurité publique avait décidé de reporter la marche au vendredi 16 juillet, tout en lui attribuant un itinéraire allant du ministère de la Justice au rond-point du Palais du 15 janvier.

Néanmoins, des responsables de Wakit Tama ont estimé qu’en déplaçant le lieu de la marche, le gouvernement cherchait à décourager les manifestants issus des quartiers éloignés.

Retour sur la marche « Wakit Tama » du 11 septembre

Au Tchad, à l’appel de la coordination citoyenne Wakit Tama, un millier de personnes au moins, selon les données de la police, auraient défilé à N’Djamena pour dénoncer le Conseil militaire de transition et exiger la révision de la Charte de transition et la tenue d’une conférence nationale souveraine avant la mise en place du conseil national de transition.

Selon l’opposition « le peuple a soif de changement » et les jeunes sont « invités solennellement à faire preuve de responsabilité et à marcher pacifiquement », demandant aux « forces de l’ordre de ne pas se livrer à la violence mais à encadrer plutôt les marcheurs. »

Position de la Ligue tchadienne des droits de l’homme

La LTDH : Contre l’ingérence de la France dans les affaires tchadiennes
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Maître Max Loalngar, président de la Ligue tchadienne des droits de l’homme (LTDH) et leader de Wakit Tama, assure que le mouvement ne s’essouffle pas.

« Au contraire, tous les jours il y a de nouvelles structures Wakit Tama qui se mettent en place sur l’ensemble du territoire, a-t-il indiqué. Nous sommes acculés, harcelés, parce que c’est la première fois que nous avons un concept structuré. Par le passé, rappelle ce cadre de la société civile tchadienne, ils nous ont divisés très facilement. Aujourd’hui, il n’y a pas de problème. »

WAKIT TAMA saura-t-il tenir tête au gouvernement de transition et au régime actuel au Tchad dans l’intérêt général du Peuple tchadien ?

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