Africa-Press – Tchad. Le Groupe EDF organise un grand concours annuel d’innovation technologique dédié aux start-ups africaines: l’EDF Pulse Africa, dont la 5e édition vient de primer la start-up camerounaise Diwa Innovation et son réfrigérateur solaire en terre cuite. Laurent Clément, vice-président EDF Africa nous livre son point de vue sur l’innovation africaine et le rôle qu’EDF entend jouer pour la stimuler.
Agence Ecofin: L’énergie est essentielle pour la production. Pour le grand prix du EDF Pulse Africa, pourquoi avoir privilégié des technologies de conservation de température et de préservation d’aliments plutôt que des technologies de production d’énergie ?
Laurent Clément: Le choix des lauréats pour le grand prix EDF Pulse Africa a été un processus fascinant et exigeant. Nous avons passé en revue de nombreuses startups présentant des projets innovants et prometteurs. Les critères clés ont inclus le positionnement et le modèle économique des entreprises, ainsi que leur degré d’innovation, leur potentiel de scalabilité et leurs impacts. Nous avons également pris en considération la complémentarité de ces projets avec le portefeuille d’offres d’EDF.
Mais au-delà de ces critères, nous avons réalisé l’importance de considérer l’énergie dans son ensemble. Ce n’est pas uniquement la production qui compte, mais toute la chaine de valeur de l’énergie. Notamment les innovations permettant de réduire les consommations d’électricité, grâce à des appareils moins gourmands en énergie, permettent de limiter le besoin de développement de la production. Après tout, pourquoi gaspiller une énergie que nous pouvons conserver intelligemment ? La meilleure énergie est celle que l’on ne consomme pas !
Lorsque nous regardons vers les régions isolées, loin des réseaux électriques, nous comprenons l’importance de solutions énergétiques adaptées. C’est là que des initiatives comme celles de la startup camerounaise Diwa Innovation prennent tout leur sens. Leurs technologies, conçues pour être économes en énergie et tirer parti des ressources locales telles que le soleil, offrent des solutions pratiques et durables pour répondre aux besoins énergétiques des populations locales. En somme, notre démarche vise à soutenir et à promouvoir des solutions énergétiques holistiques et adaptées, en harmonie avec les défis et les opportunités spécifiques à chaque contexte.
AE: Des innovations qui vous sont proposées, quels types d’impact escomptez-vous d’elles ?
Laurent Clément: Notre engagement chez EDF Afrique va bien au-delà de la simple reconnaissance des innovations. Avec le concours EDF Pulse Africa, notre rôle consiste à être des facilitateurs de changement, à transformer les idées en actions concrètes qui transforment le quotidien des communautés. En collaborant étroitement avec les lauréats du grand prix EDF Pulse Africa, notre objectif est de les accompagner à chaque étape de leur parcours, en les aidant à développer leurs solutions, à les rendre opérationnelles et à les diffuser largement.
Nous croyons au potentiel de ces innovations pour avoir un impact profond et durable sur les régions où elles seront déployées. En offrant un soutien financier, technique et stratégique, nous visons à créer un environnement propice à la croissance et à la pérennité de ces initiatives.
En fin de compte, notre ambition est de voir ces solutions non seulement réussir sur le marché, mais aussi transformer les normes et les pratiques existantes, ouvrant la voie à un avenir meilleur pour tous. C’est cette vision audacieuse qui nous anime chez EDF, nous incitant à soutenir ces innovateurs et à œuvrer ensemble pour un avenir plus brillant et plus durable pour l’Afrique.
AE: Comment évaluez-vous le potentiel énergétique de l’Afrique ?
Laurent Clément: Le potentiel énergétique de l’Afrique est tout simplement immense. Le continent regorge de ressources naturelles exceptionnelles, offrant un terrain fertile pour le développement de sources d’énergie variées et durables. L’Afrique dispose notamment d’un potentiel hydroélectrique considérable, avec des cours d’eau puissants propices à la production d’électricité. De plus, elle bénéficie d’un ensoleillement généreux et de vents réguliers, créant des conditions idéales pour exploiter les énergies solaire et éolienne. Sans oublier la biomasse abondante qui offre également d’importantes possibilités pour des projets énergétiques durables et une économie circulaire.
Nous sommes témoins d’une véritable effervescence dans le secteur énergétique en Afrique, avec une multiplication des projets et une diversification des acteurs impliqués. Chez EDF Afrique, nous sommes fiers de contribuer activement à cette dynamique. Nous sommes engagés dans le développement de nombreux ouvrages hydroélectriques, tels que Nachtigal et Kikot au Cameroun, Mpatamanga au Malawi ou encore MNK au Mozambique. De plus, nous investissons dans des projets novateurs de biomasse, comme Biovea en Côte d’Ivoire, ainsi que dans des installations solaires à travers tout le continent.
En parallèle, nous nous efforçons de mettre en place des solutions d’électrification pour les villages isolés, qui ne sont pas connectés au réseau électrique principal. Ces initiatives off-grid reflètent notre engagement à étendre l’accès à l’électricité à tous les coins du continent, contribuant ainsi à l’émergence d’une Afrique plus éclairée et plus prospère. En somme, le développement énergétique de l’Afrique est en marche, et chez EDF Afrique, nous sommes déterminés à jouer un rôle de premier plan dans cette transformation énergétique majeure.
EA: Qu’est-ce qui entrave son exploitation efficace ?
Laurent Clément: S’il est indéniable que l’Afrique regorge de potentiel énergétique, plusieurs défis se dressent. Tout d’abord, le manque d’infrastructures énergétiques adéquates est un obstacle majeur. Sans des réseaux de transmission et de distribution robustes, il est difficile d’acheminer l’électricité là où elle est nécessaire. De plus, les défis financiers, notamment le coût élevé des technologies propres et le manque d’investissements, limitent souvent la mise en œuvre de projets énergétiques. En outre, les barrières réglementaires et les problèmes de gouvernance, tels que l’instabilité politique, peuvent entraver les investissements et l’innovation dans le secteur.
Je pense qu’il faudrait plutôt considérer ces défis comme des opportunités de collaboration et d’innovation. Nous sommes prêts à travailler en étroite collaboration avec les gouvernements et les acteurs locaux pour surmonter ces obstacles. En mettant en commun nos ressources, notre expertise et notre engagement, nous sommes convaincus que nous pouvons créer un environnement propice au développement d’un secteur énergétique plus efficace et durable en Afrique.
Quelle approche préconisez-vous à l’Afrique pour changer la donne ?
Laurent Clément: Pour transformer le paysage énergétique de l’Afrique, il est essentiel d’adopter une approche holistique et proactive. Tout d’abord, nous devons investir massivement dans le renforcement des capacités locales. Cela implique de fournir une formation et un soutien technique aux acteurs locaux afin qu’ils puissent participer activement à la planification, à la mise en œuvre et à la gestion des projets énergétiques. Ensuite, nous devons mobiliser des financements adéquats et durables pour soutenir ces initiatives à grande échelle. Cela pourrait inclure des partenariats public-privé, des fonds d’investissement spécialisés et l’intégration de l’énergie durable dans les politiques de développement.
Notre mission chez EDF Afrique est de soutenir le développement d’un secteur énergétique plus dynamique et inclusif en Afrique. En travaillant ensemble, nous pouvons créer un avenir plus prometteur et durable pour tous les Africains.
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