L’IA en Afrique : un potentiel énorme et des défis à relever

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L’IA en Afrique : un potentiel énorme et des défis à relever
L’IA en Afrique : un potentiel énorme et des défis à relever

Africa-Press – Tchad. Des start-ups africaines particulièrement innovantes ont déjà mis au grand jour le potentiel transformateur de l’intelligence artificielle dans plusieurs secteurs tels que la médecine, l’agriculture et la finance. Des politiques publiques sont cependant nécessaires pour une adoption à grande échelle de cette technologie de rupture.

Bien que certains pays africains se distinguent par leurs avancées dans la préparation à l’adoption de l’intelligence artificielle (IA), l’intégration de cette technologie au potentiel presque sans limites sur le continent fait globalement face à des obstacles majeurs comme le déficit d’infrastructures numériques, le sous-investissement dans la recherche et le développement (R&D) ainsi que le déficit de programmes de formation spécialisés, selon un rapport publié le 16 mai 2024 par le think tank marocain Policy Center for the New South.

Intitulé « L’Intelligence Artificielle en Afrique: défis et opportunités », le rapport souligne que l’IA est bien partie pour remodeler le paysage économique mondial de manière inédite. Définie par sa capacité à mimer l’intelligence humaine au moyen d’algorithmes et de puissance de calcul, cet ensemble de techniques qui fait exécuter à une machine des tâches complexes que l’homme accomplit en utilisant ses capacités cognitives promet de révolutionner les industries, de renforcer l’efficacité opérationnelle et d’ouvrir de nouvelles voies de croissance. Des véhicules autonomes aux assistants virtuels, en passant par l’analyse prédictive et l’automatisation robotique, les applications de l’IA s’étendent à divers secteurs allant de l’industrie aux soins de santé, en passant par la finance et les transports.

Dans le secteur public, les gouvernements ont commencé à intégrer l’IA pour améliorer les services aux citoyens et relever les défis liés à la main-d’œuvre. Ses applications dans le service public vont de la personnalisation des services administratifs à l’optimisation des processus internes, permettant ainsi une meilleure efficacité et une plus grande satisfaction des citoyens. En outre, les banques centrales ont également tiré parti de l’IA pour affiner leurs prévisions économiques et détecter les risques financiers.

Des disparités au niveau continental

Dans le secteur privé, les applications économiques de l’IA dans le secteur privé sont vastes, allant de la prédiction de la demande à la gestion des stocks en passant par la personnalisation du marketing. Elle augmente aussi massivement la productivité des tâches effectuées par les travailleurs. Cette augmentation de la productivité découle de l’automatisation des tâches routinières et répétitives, libérant ainsi les travailleurs pour se concentrer sur des activités plus créatives et innovantes.

L’Intelligence artificielle joue aussi un rôle crucial dans l’amélioration du système éducatif, en offrant des solutions novatrices pour répondre aux besoins individuels des apprenants. Elle révolutionne également de nombreux autres secteurs tels que l’agriculture (variétés résistantes au climat, analyse des données sur le sol, pulvérisation précise d’engrais et de pesticides…etc.), la médecine (diagnostics rapides, le développement de nouveaux traitements et une gestion efficace des dossiers médicaux) et la défense (analyse des données de renseignement, simulation de scénarios de combat, élaboration des stratégies militaires…).

Le rapport souligne d’autre part que l’intégration de l’IA est un sujet d’intérêt croissant en Afrique comme ailleurs. Certains pays du continent se démarquent par leur préparation à intégrer l’IA dans leurs politiques socioéconomiques, bénéficiant d’un environnement politique favorable, d’investissements dans les infrastructures, et d’une concentration croissante de talents spécialisés.

L’Île Maurice, l’Egypte, l’Afrique du Sud, la Tunisie et le Rwanda sont les pays les mieux préparés à l’adoption de cette technologie, selon l’édition 2023 du classement « Government AI Readiness Index 2023 » établi par le cabinet de conseil britannique Oxford Insights. Mais des disparités persistent au niveau continental, comme le montre le classement au bas du tableau de certains pays tels que la Côte d’Ivoire et l’Ethiopie.

Force est cependant de constater qu’aucun pays africain ne figure dans le Top 50 de ce classement qui couvre 193 pays du monde, bien que de jeunes pousses particulièrement innovantes nées sur le continent aient préféré ne pas attendre l’adoption de politiques publiques pour mettre au grand jour le potentiel transformateur de l’IA sur le continent à l’instar de « Mpharma » au Ghana (diagnostic précis des maladies et prescription appropriée de médicaments), de « Zenvus » au Nigeria (irrigation intelligente, fertilisation adaptée à la situation du sol, surveillance l’état de santé des cultures) ou encore de « ThisIsMe » en Afrique du Sud (développement d’une plateforme alimentée par l’IA qui permet aux institutions financières de vérifier l’identité de leurs clients de manière précise et sécurisée).

Des actions concertées sont nécessaires

Malgré ces initiatives louables, l’intégration de l’IA en Afrique se heurte encore à une série d’obstacles tels que le manque d’infrastructures de télécommunications, l’absence d’électricité dans certaines régions, le coût élevé des smartphones et d’Internet à large bande.

Le manque d’investissements dans la R&D constitue un frein à la capacité du continent à générer des innovations pertinentes pour ses besoins spécifiques en matière d’IA. Les ressources financières, tant du côté public que privé, sont limitées, ce qui freine la recherche de pointe et le développement d’applications novatrices. Cette situation risque de maintenir l’Afrique en marge de l’économie mondiale de l’IA, compromettant ainsi sa croissance économique à long terme.

De plus, le manque de compétences et de formation en IA freine la croissance de l’innovation sur le continent. Les universités africaines ne disposent pas des ressources nécessaires pour offrir des programmes de formation de qualité dans ce domaine, limitant ainsi les opportunités pour les étudiants d’acquérir les compétences nécessaires.

Et last but not least, le déficit d’infrastructures de R&D en Afrique limite les possibilités de collaboration et d’échange de connaissances entre chercheurs locaux et internationaux.

Pour surmonter ces défis et exploiter pleinement le potentiel de l’IA en Afrique, le rapport plaide pour le lancement d’actions concertées pour favoriser des investissements accrus dans les infrastructures numériques, la formation spécialisée et la recherche et le développement. En outre, des politiques gouvernementales visionnaires et des partenariats stratégiques entre le secteur public, le secteur privé et la société civile sont nécessaires pour créer un environnement propice à l’innovation et à la croissance économique basée sur l’IA.

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