Russie-Afrique : quand la diplomatie du blé bat son plein

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Russie-Afrique : quand la diplomatie du blé bat son plein
Russie-Afrique : quand la diplomatie du blé bat son plein

Estelle Maussion

Africa-Press – Tchad. Moscou a annoncé l’arrivée à Bamako, via le port de Conakry, de 25 000 tonnes de blé. La dernière illustration de ses efforts diplomatico-économiques pour soutenir l’Afrique de l’Ouest.

Et une livraison de plus. Le ministère russe des Affaires étrangères, par la voix de sa porte-parole Maria Zakharova, a annoncé le 17 janvier l’arrivée au Mali d’un chargement de quelque 25 000 tonnes de blé en provenance de Moscou.

« Il s’agit de la quatrième livraison de produits russes de première nécessité effectuée à titre gratuit », a ajouté la représentante russe mettant en avant un total de 50 000 tonnes de blé et 22 000 tonnes d’engrais livrés à Bamako depuis juin 2023.

« La Russie entend bien continuer à aider les États africains à répondre aux problèmes socio-économiques auxquels ils sont confrontés, y compris via la fourniture d’aide humanitaire », a encore commenté Maria Zakharova ; des propos retransmis par l’agence officielle russe TASS. Mi-2023, la Russie avait déjà procédé à un premier envoi de 50 000 tonnes de céréales, celui-ci à prix réduit, selon des informations publiées par la presse et confirmées par un négociant actif sur le continent.

Promesse tenue

Engagée dans une guerre qui dure avec l’Ukraine et souhaitant renforcer sa position diplomatique face à l’Occident, notamment en Afrique de l’Ouest, la Russie met en œuvre la promesse faite par Vladimir Poutine, à l’issue du deuxième sommet Russie-Afrique organisé en juillet 2023 à Saint-Pétersbourg, de fournir jusqu’à 200 000 tonnes de blé gratuitement à six pays africains, à savoir le Mali, le Burkina Faso, la Centrafrique, l’Érythrée, le Zimbabwe et la Somalie.

Ainsi, les envois de blé à destination de Bamako, menés parallèlement à ceux effectués vers Bangui, Harare et Asmara, interviennent après l’expédition, mi-novembre 2023, de premières cargaisons de blé vers Ouagadougou et Mogadiscio.

Si elles sont bien accueillies par les pouvoirs en place dans un contexte d’inflation des produits alimentaires et de comptes publics sous pression, ces livraisons, pour la plupart destinées à des pays enclavés, ne se déroulent pas sans difficultés logistiques voire diplomatiques.

Les 50 000 tonnes de blé envoyées à la Centrafrique, via le port camerounais de Douala, ont créé des tensions dans le monde meunier au Cameroun et des discussions entre Yaoundé et Bangui, qui ne dispose pas de moulins sur son territoire.

Partage entre meuniers

Au Mali, comme au Burkina Faso, autre pays récipiendaire de dons russes, la situation semble plus simple. Dans les deux cas, l’État a partagé entre les différents meuniers la cargaison de céréales russes, évitant les tensions sur la captation d’une marchandise gratuite.

À Bamako, la demi-douzaine de meuniers actifs sur le marché, dont les Grands Loulins du Mali, le Moulin moderne du Mali et Les Moulins du Sahel, ont chacun obtenu entre 4 000 et 5 000 tonnes de blé.

L’afflux de blé russe dans le pays – 100 000 tonnes entre mi-2023 et début 2024 sur une consommation annuelle estimée à 400 000 tonnes – vient en revanche concurrencer les fournisseurs traditionnels du marché malien, à savoir le groupe américain Seaboard, le négociant français Céréalis et le conglomérat chinois Cofco, qui encaissent des pertes de parts de marché.

Cette diplomatie russe des céréales se double d’un engagement d’aide sur un autre produit clé pour le continent, lui aussi largement importé: les engrais, Moscou ayant aussi multiplié ces derniers temps les envois d’intrants dans les six pays déjà cités et ailleurs, notamment au Malawi, Kenya et Nigeria.

Source: JeuneAfrique

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