Africa-Press – Tchad. Avec plus d’un milliard de comptes enregistrés et 70 % des transactions mondiales de monnaie mobile concentrées sur son sol, l’Afrique est devenue en 2024 le cœur battant du Mobile Money. Selon l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie (GSMA), le volume des transactions a atteint 1 100 milliards de dollars, attirant désormais les regards des géants financiers internationaux.
L’Afrique est souvent décrite comme le continent de l’innovation « par nécessité ». Dans un contexte marqué par la faible bancarisation et l’éloignement géographique des institutions financières classiques, le Mobile Money est devenu une véritable révolution silencieuse. Aujourd’hui, plus de 1 milliard de comptes actifs sont recensés sur le continent, une progression fulgurante en moins de deux décennies.
D’après la GSMA, 70 % de l’ensemble des transactions mondiales de monnaie mobile se déroulent en Afrique. Le chiffre impressionne: 1 100 milliards de dollars ont circulé via les portefeuilles électroniques en 2024. Ce système, initialement pensé pour envoyer de petites sommes entre proches, est désormais un levier majeur de paiements marchands, de micro-crédit, d’épargne et même de collecte fiscale.
Cette vitalité n’a pas échappé aux mastodontes de la finance mondiale. MasterCard, Visa, PayPal, ainsi que de puissants fonds d’investissement scrutent avec attention le marché africain. Leur intérêt est double: d’une part, capter une clientèle jeune et dynamique, d’autre part, s’implanter dans un écosystème où le numérique devance largement les banques traditionnelles.
Le Kenya, pionnier avec M-Pesa, continue de servir de modèle, mais d’autres pays suivent rapidement. Le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Nigéria et la Tanzanie affichent des croissances exponentielles. Dans certains de ces pays, le volume des transactions Mobile Money dépasse désormais le produit intérieur brut (PIB).
Si le potentiel est immense, les défis ne manquent pas. L’interopérabilité entre opérateurs reste limitée, les frais de transaction jugés parfois trop élevés, et la régulation financière encore inadaptée aux innovations galopantes. De plus, la cybersécurité et la protection des données des usagers constituent des enjeux cruciaux dans un continent où la confiance dans les institutions est fragile.
Pourtant, malgré ces obstacles, l’Afrique impose sa marque au monde. En devenant le « laboratoire planétaire » du Mobile Money, le continent ne se contente plus d’adopter les technologies importées: il les invente, les adapte et les exporte. Les regards tournés vers lui prouvent que la finance mondiale n’a d’autre choix que de compter désormais avec cette nouvelle puissance numérique venue du Sud.
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