Africa-Press – Tchad. Depuis sa cellule de prison, où il est détenu depuis quarante jours, le président du parti Les Transformateurs, Dr Succès Masra, adresse une lettre au peuple tchadien. Intitulée « Lettre d’une prison du Tchad: Tous prisonniers des injustices et des inégalités », ce texte constitue un appel à l’unité, à la résistance et à l’espérance face aux défis qui enchaînent le pays. Voici les grandes lignes de cette lettre.
Le 16 mai 2025, le leader des Transformateurs a été arrêté à l’aube sous la menace d’armes, puis conduit dans un lieu de détention qu’il ne nomme pas explicitement. Quarante jours plus tard, il confie chercher encore, comme de nombreux Tchadiens, la raison de cette privation de liberté. « Je sais que vous avez votre intime conviction sur les raisons de mon emprisonnement, et parfois, les grandes convictions sont silencieuses », écrit-il, supposant que son arrestation pourrait être liée à son combat pour la justice et l’égalité.
Dans cette lettre, le président des Transformateurs dresse un constat accablant des maux qui affligent le Tchad: maladies, inondations, faim, chômage, soif, insécurité, corruption, népotisme et exclusions. « Notre peuple est prisonnier du manque d’hôpitaux et de médicaments, prisonnier de toutes ces misères, pauvretés, injustices et inégalités accumulées depuis des décennies », dénonce-t-il. Il appelle à une lutte collective pour briser ces chaînes invisibles, affirmant que la véritable prison à craindre n’est pas celle de ses murs, mais celle qui entrave tout un peuple.
Le leader emprisonné réaffirme sa foi en un Tchad uni, où chrétiens et musulmans, hommes et femmes, agriculteurs et éleveurs, croyants et non-croyants avancent ensemble vers un avenir digne. « Ma liberté n’est pas plus importante que celle de tout le peuple », insiste-t-il, soulignant que son combat transcende son sort personnel. Il évoque les luttes historiques contre la domination coloniale et appelle à rejeter toute forme de domination contemporaine, qu’elle soit religieuse, régionale, militaire ou sexiste.
En se référant à l’hymne national, il exhorte le peuple tchadien, descendant des Sao, à « lever les yeux » et à ne jamais baisser la tête face à l’oppression. « Nous sommes un peuple de géants », proclame-t-il, invitant chaque citoyen à devenir un « digne citoyen » qui refuse l’abaissement.
Le président des Transformateurs, emprisonné, annonce une grève de la faim à partir du 24 juin 2025 pour protester contre les injustices et exiger la « libération des énergies » du peuple tchadien. Ce geste vise à dénoncer la misère, l’injustice et l’inégalité, qualifiées de « prisons à ciel ouvert ». Il revient sur quatre années de résistance, de réconciliation et de lutte contre la répression et les discriminations, tout en prônant l’amour et le rejet de la haine.
À sa fille, il explique que « la liberté a un prix », et au peuple, il rappelle que « seuls les durs tracent le chemin » vers un « Tchad vivable pour tous ». Il met en garde contre les diversions des « ennemis de l’unité » et appelle à rester focalisé sur le changement collectif. Depuis sa cellule, il s’adresse à la diaspora, à la jeunesse et aux combattants, transformant sa détention en un symbole d’espoir pour un peuple en marche vers la liberté. « Ensemble, nous y arriverons, comme un peuple libre ! » conclut-il, signant de ses initiales, MS7.
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