Africa-Press – Tchad. Dans un communiqué publié ce 18 mai, le parti Les Transformateurs dénonce “l’enlèvement” le 16 mai 2025 de son président, Dr Assyongar Masra Succès, ancien Premier ministre du Tchad. Selon le parti, cet acte s’inscrit dans une “manœuvre orchestrée” par les autorités pour neutraliser une figure d’opposition de premier plan, sur fond d’accusations jugées “fallacieuses.”
Le communiqué, signé par le Secrétaire général du parti, Dr Tog-Yeum Nagorngar, fustige l’utilisation d’une bande sonore, prétendument « mastérisée » par intelligence artificielle et datant d’au moins deux ans, pour justifier l’inculpation de Dr Masra. Cette pièce, selon les autorités, lierait le leader des Transformateurs aux événements tragiques de Mandakaou. Le parti rejette cette accusation, qualifiant l’opération de « cabale politique malsaine » visant à détourner l’attention des responsabilités du gouvernement dans les conflits agriculteurs-éleveurs, souvent exacerbés, selon eux, par des officiers et fonctionnaires devenus éleveurs.
Les Transformateurs soulignent plusieurs incohérences. D’abord, ils pointent une “collaboration douteuse” entre le procureur de la République et des membres du gouvernement, compromettant l’indépendance de la justice. Ensuite, ils s’interrogent sur la pertinence d’une bande sonore vieille de deux ans, publique et non conspirationniste, pour justifier une arrestation aujourd’hui. Le parti rappelle que les propos incriminés, tenus dans le contexte post-20 octobre 2022, appelaient à la légitime défense et à l’égalité républicaine, et étaient couverts par l’amnistie de l’Accord de Kinshasa, qui avait également conduit à l’annulation d’un mandat d’arrêt contre Dr Masra.
Le communiqué critique également l’inaction du procureur face à d’autres discours haineux, citant notamment Saleh Kebzabo, qui aurait appelé à l’auto-défense dans le Mayo-Kebbi, ou encore des propos régionalistes tenus par des figures comme Abderamane Koulamallah ou Zene Bada. Pour Les Transformateurs, cette sélectivité révèle un « montage grossier » destiné à museler l’opposition, alors que le gouvernement, accusé de « hold-up électoral » en mai 2024, craint la popularité de Dr Masra Succès.
Il faut rappeler que le parti exige la “libération immédiate” de son leader et appelle à un dialogue sincère pour préserver la paix et favoriser le développement du Tchad. Il prend à témoin l’opinion nationale et internationale, dénonçant un État qui, loin de protéger ses citoyens et responsables politiques, cherche à « porter atteinte à leur intégrité » pour étouffer toute dissidence.
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