Africa-Press – Tchad. Nommé le 1er janvier dernier Premier ministre de transition, Succès Masra a formé son gouvernement 24 heures plus tard. Mais le représentant des organisations des personnes handicapées au Conseil économique, social, culturel et environnemental (CESCE), Madjitelsem Séverin qui s’est confié à Tchadinfos, regrette que les personnes handicapées n’y figurent pas.
Madjitelsem Séverin relève de prime à bord que le chef de l’Etat et son Premier ministre ont pour maître-mot « la justice sociale », que leurs actions seront orientées vers les « oubliés » de la République. « Les personnes handicapées sont les premiers oubliés de la République », signale-t-il.
Le représentant des organisations des personnes handicapées au Conseil économique, social, culturel et environnemental (CESCE) félicite et encourage l’Etat dans sa volonté « affichée » de promouvoir les droits des personnes handicapées notamment à travers la ratification de la convention relative aux droits des personnes handicapées en juin 2019, l’adoption et la promulgation de la loi créant l’Agence nationale de la promotion des droits des personnes vivant avec le handicap, mais aussi l’implication des personnes handicapées dans le processus de développement, surtout les événements nationaux comme le dialogue national inclusif et souverain ou encore la présence de quelques personnes handicapées dans les grandes institutions comme la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH), le Conseil économique, social, culturel et environnemental (CESCE), le Conseil national de transition (CNT).
« Ce sont des actes qu’il faut très honnêtement saluer. Mais c’est l’opérationnalisation de ces actes qui pose problème. Ce qui fait que les personnes handicapées rencontrent beaucoup de problèmes. Simplement parce qu’il y a les barrières institutionnelles, les entités gouvernementales qui peuvent traduire dans les faits la volonté des plus hautes autorités ne le font pas », se désole Madjitelsem Séverin qui fait allusion à l’employabilité des personnes handicapées, l’accès aux structures de base (écoles, hôpitaux) où les bâtis ne favorisent pas l’accès aux personnes handicapées.
« Même les instances de prise de décision, les personnes handicapées n’y sont pas. Nous attendions de l’équipe gouvernementale actuelle une équipe représentative du Tchad, de toutes les sensibilités. Mais il n’y a pas les personnes handicapées. Alors qu’il y a les potentialités dans le milieu des personnes handicapées qui peuvent aider l’Etat à aller de l’avant », regrette le conseiller de la République.
Il souligne aussi le fait qu’à la présidence et à la primature, il y ait des conseillers chargés des questions spécifiques (jeunesse, environnement, femme, défense, etc.) mais il n’y a pas un conseiller chargé de la question du handicap. Il rappelle donc l’Etat tchadien sur ses engagements sur la protection des personnes handicapées. « Nous avons fait des plaidoyers, des propositions pour que ces choses soient prises en compte pour que le Tchad ait une réputation en termes de respect des droits de l’homme à l’international. Mais cela n’est pas fait. Mais il n’est pas tard, puisque la 5e République est une république de participation de tous les Tchadiens, dans l’avenir, il faudrait que les gens pensent que la question du handicap est une question de droit et non une question de pitié, d’assistanat. Nous voulons nous afficher sur la base de l’égalité avec les autres. Les personnes handicapées veulent avoir la place qui est la leur dans la nation tchadienne », conclut Madjitelsem Séverin.
Pour plus d’informations et d’analyses sur la Tchad, suivez Africa-Press
