Africa-Press – Tchad. Le ministère de l’Administration du territoire a récemment annoncé l’enregistrement officiel de 336 partis politiques au 10 avril 2025. Un chiffre qui suscite à la fois l’enthousiasme et l’interrogation, relançant le débat sur la véritable nature de la pluralisme politique au Tchad.
Pour Dr Mahouli Heurang, vice-président de l’Union pour la Refondation du Tchad (URT), ce foisonnement de formations politiques ne garantit en rien une démocratie saine. « La démocratie ne se mesure pas au nombre de partis. Ce n’est pas la quantité qui fait la qualité. Au Tchad, c’est le Mouvement Patriotique du Salut (MPS) qui détient les clés du pouvoir. Il agit selon sa vision, sa stratégie et ses ambitions politiques. Les autres partis, pour la plupart, ne sont que représentatifs sans réel pouvoir », estime-t-il.
Dr Heurang évoque un déséquilibre structurel au sein de l’architecture politique nationale. « Ce que nous voyons aujourd’hui, c’est un chevauchement entre ce qui se passe à l’Assemblée nationale et ce que le MPS orchestre en coulisse. Il y a un piétinement des mécanismes démocratiques ».
Le vice-président de l’URT va plus loin, en affirmant que bon nombre de partis politiques auraient été créés sous l’impulsion du MPS lui-même. « Le MPS est à l’origine de cette multiplication des partis. Il les finance, les organise, et pousse certains à s’investir davantage dans la vie politique sans réelle indépendance d’action. Les alliances électorales en sont la preuve concrète », déclare-t-il.
Quant à la stratégie politique de son propre parti, Dr Mahouli Heurang insiste sur la singularité de l’URT. « Ce qui différencie l’URT, c’est son projet de société. Si les Tchadiens lisaient davantage, ils auraient compris depuis longtemps que notre parti n’est pas comme les autres. L’URT, ancien membre du GGAP, s’en est retiré pour des raisons qui lui sont propres. Son obédience idéologique et sa ligne stratégique se distinguent nettement. À mon avis, son projet social est l’un des meilleurs sur la scène politique ».
Interrogé sur d’éventuelles alliances avec d’autres partis de l’opposition, Dr Heurang n’écarte pas cette possibilité, à condition que cela serve d’abord les intérêts des citoyens: « En politique, tout est possible, tant que cela va dans le sens des aspirations du peuple tchadien et que cela reste en cohérence avec notre vision et notre ligne politique ».
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