Africa-Press – Tchad. Trente-trois ans après sa création, le Conseil National de Redressement du Tchad (CNR) veut tourner une nouvelle page de son histoire, selon un document transmis ce 22 octobre 2025 aux médias. Dans un manifeste politique volumineux, le mouvement annonce sa restructuration complète, sa refondation idéologique et la destitution de son président intérimaire, M. Béchir Nassir Hissein, accusé de “faute grave” et d’“inaction prolongée”.
Fondé en 1992 par le colonel Abbas Koty Yacoub, figure emblématique de la résistance tchadienne, le CNR se présente comme un mouvement né de la “lutte contre l’oppression, l’injustice et la confiscation du pouvoir”.
Dans son préambule, le manifeste évoque longuement la mémoire d’Abbas Koty et de plusieurs héros nationaux tels que Hassan Djamous et Maldoum Bada Abbas, appelant à leur reconnaissance posthume par la République.
“Le CNR est né d’un idéal éthique et moral, porté par la conviction que la politique n’a de sens que lorsqu’elle s’exerce au service du bien commun”, peut-on lire dans le texte.
Une volonté affichée de rénovation et de modernisation
Selon le document, cette refondation vise à adapter le mouvement aux réalités politiques et sociales actuelles. Le manifeste décrit un vaste projet de réforme articulé autour de quatre axes: La moralisation de la vie politique et la restauration de l’éthique publique ;
La réconciliation nationale et la consolidation de la paix ;
La modernisation des structures internes du CNR ;
Et la participation active au processus de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (DDR) issu de l’Accord de Doha.
Le texte souligne également la nécessité de lutter contre “le népotisme, la corruption, la ségrégation et le clanisme”, tout en réaffirmant la fidélité du CNR “aux valeurs de liberté, de souveraineté et de justice sociale”.
Un constat sévère sur la gestion passée
Le manifeste dresse un diagnostic critique de la période récente du mouvement, accusant son président intérimaire “auto-désigné” d’avoir paralysé le CNR pendant trois ans.
Selon la décision n°001/CNR/DPP/2025, adoptée lors du conclave consultatif des organes dirigeants, M. Béchir Nassir Hissein est exclu définitivement du mouvement pour “abus de confiance” et “incompétence notoire”.
Il est remplacé par Dr Abdel Aziz Abdallah Kodok, nommé président par intérim et investi de “pouvoirs élargis” pour restaurer l’unité et organiser un congrès national extraordinaire.
Une direction politique provisoire mise en place
Le document annonce la création d’une Direction Politique Provisoire (DPP) composée de représentants des différents organes du CNR — anciens sages, fondateurs, jeunes, étudiants, diaspora et état-major. Cette nouvelle structure aura pour mission de: conduire le programme de réforme ;
moderniser le mouvement ;
préparer le futur congrès national ;
et assurer le suivi de l’Accord de Doha.
Un appel à l’unité nationale et à la paix
Au-delà des enjeux internes, le CNR lance un appel solennel “à l’unité, à la solidarité et à la vigilance du peuple tchadien”, dans un contexte régional marqué par les crises politiques dans plusieurs pays voisins.
“Le Tchad sort d’une transition fragile. L’unité nationale est aujourd’hui essentielle”, rappelle le texte, qui réaffirme la disposition du CNR à collaborer avec les autorités dans le cadre du processus de paix.
Un mouvement en quête de renaissance
La publication de ce manifeste marque la volonté du CNR de se réinventer après plus de trois décennies de luttes et de divisions internes. “De la résistance à la construction, de la confrontation à la proposition: le CNR s’engage désormais sur la voie de l’action collective et démocratique”, conclut le document.
Signé à N’Djamena le 22 octobre 2025, le manifeste porte la signature du Dr Abdel Aziz Abdallah Kodok, nouveau président par intérim et porte-parole du mouvement.
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