Africa-Press – Tchad. Bruno Fuchs, président de la commission parlementaire française des affaires étrangères, demande, « pour des raisons humanitaires », « l’autorisation de se rendre » au Tchad afin de rencontrer Succès Masra. L’ex-Premier ministre et président du parti Les Transformateurs est en détention préventive depuis le 16 mai, car accusé d’avoir orchestré le massacre de 42 éleveurs à Mandakao le 14 mai, ce qu’il a toujours nié. Haoua Outman, présidente de la commission de l’Assemblée nationale tchadienne des affaires étrangères, accuse le député français d’ingérence.
Une démarche « personnelle et non militante » assure Bruno Fuchs, président de la commission parlementaire française des affaires étrangères. Le député souhaite « s’informer et discuter » sans « porter de jugements qui entraveraient le processus judiciaire en cours […]. Je m’inquiète de la situation personnelle d’un ami et une fois au Tchad, je demanderai à voir les autorités aussi », explique Bruno Fuchs. Selon lui, son approche est « apaisée et inclusive ». Il dit avoir la volonté de trouver « un point d’atterrissage » pour une situation « qui ne doit pas durer ».
Côté tchadien, Haoua Outman, présidente de la commission de l’assemblée nationale tchadienne des affaires étrangères, dit « rejeter toute forme d’ingérence ou de pression extérieure de nature à influencer ou discréditer le bon fonctionnement » des institutions tchadiennes. Elle rappelle que les procédures engagées à l’encontre de Succès Masra relèvent « exclusivement de la compétence de la justice tchadienne ».
Mais pour Sitack Yombatina Béni, vice-président du parti Les Transformateurs, « le mot ingérence est galvaudé ». Pour lui, les canaux diplomatiques entre la France et le Tchad sont ouverts et le député français s’inscrit dans « une démarche légale et républicaine ».
Polémique similaire avec le Sénat américain
Dans le même temps, Jeanne Shaheen, présidente de la Commission des affaires étrangères du Sénat américain, a qualifié la détention de Succès Masra d’« effroyable » et appelle à sa libération « immédiate ». Elle estime que « l’emprisonnement de figures de l’opposition compromet les perspectives de démocratie et de transparence ».
Mariam Ahmat Djemil, présidente de la Commission des affaires étrangères du Sénat, accuse son homologue américaine d’avoir eu une « attitude peu courtoise, bafouant les règles diplomatiques ». Elle exprime « son étonnement et sa désapprobation » à la suite de propos occultant « la notion élémentaire du principe de la non-ingérence en matière diplomatique ».
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