Natation Au Tchad: Une Discipline En Quête De Reconnaissance

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Natation Au Tchad: Une Discipline En Quête De Reconnaissance
Natation Au Tchad: Une Discipline En Quête De Reconnaissance

Africa-Press – Tchad. Alors que les cas de noyade se multiplient au Tchad, notamment chez les adolescents dans les fleuves et mares, la natation, discipline sportive est à la traine. Dans un entretien accordé à Tchadinfos, Loumigue Nganansou, Secrétaire général de la Fédération tchadienne de natation, revient sur l’histoire, les défis et les perspectives de cette discipline encore méconnue et peu soutenue.

Quand et comment est née la fédération de natation?

La fédération a été créée le 12 décembre 2015 à la suite d’une assemblée générale constitutive. Elle a été initiée par le doyen Ndoudé, ancien secrétaire général du Comité olympique et sportif tchadien et lui-même ancien nageur. Il nous a proposé de l’accompagner dans ce projet, estimant que dans un pays comme le Tchad, traversé par de nombreux courants d’eau, il était impensable de ne pas promouvoir une discipline aussi essentielle. Le but était de jeter les bases de la natation pour former des jeunes dynamiques, susceptibles de représenter le Tchad à l’échelle internationale.

Comment fonctionne actuellement la fédération?

Nous avions de nombreux objectifs, mais le fonctionnement est aujourd’hui très limité. L’un des principaux obstacles est l’absence d’infrastructures adaptées. Certes, nous avons les fleuves et des mares, mais nous ne pouvons y exposer les enfants aux dangers des eaux courantes. Or, le pays ne dispose d’aucune piscine publique. Quelques piscines existent dans des hôtels ou des propriétés privées, mais leur accès reste difficile et coûteux pour nos jeunes.

Nous avons toutefois pu organiser une première formation, grâce au soutien du ministère des Sports et du Comité olympique. Quinze animateurs de niveau international ont été formés. Mais hélas, on ne peut pas apprendre à nager sur du sable.

La fédération a-t-elle participé à des compétitions internationales depuis sa création?

Non, malheureusement. Pour participer à ces compétitions, il faut atteindre un certain niveau de performance. Même si certains jeunes montrent un grand potentiel en nage libre, il est irresponsable de les envoyer sans préparation adéquate. Les compétitions internationales se déroulent dans des piscines aux normes, très différentes de nos environnements naturels.

Nous avons été sollicités à plusieurs reprises, et le ministère nous a même mis en contact avec les fédérations africaines et internationales. Mais nous n’avons pas pu répondre à ces invitations, faute d’infrastructures et d’un environnement propice à une préparation sérieuse. C’est vraiment regrettable, surtout pour un pays pétrolier comme le Tchad.

Quelles solutions proposez-vous pour sauver cette fédération?

Je vous avoue que j’ai honte des conditions dans lesquelles nous travaillons. À ce jour, le Tchad est probablement l’un des seuls pays au monde sans piscine publique fonctionnelle. Il y avait une piscine à la base militaire, mais elle est désormais inutilisable.

Ce que nous demandons n’est même pas une piscine olympique. Un simple bassin pédagogique suffirait, un espace sécurisé où nous pourrions remplir et vider l’eau pour permettre aux enfants d’apprendre à flotter et à nager.

Le président du Comité olympique nous a promis une convention de partenariat pour accéder aux piscines de certains hôtels comme le Radisson, ce qui est un début. Mais ce n’est pas suffisant. Le ministère de la Jeunesse et des Sports doit prendre conscience qu’il en va de la sécurité des citoyens.Dans tous les pays que j’ai visités pour mes stages, chaque ville possède au moins deux à trois piscines. Pourquoi pas nous? Une telle infrastructure permettrait de former des nageurs, mais surtout de sauver des vies. Le Tchad ne manque pas de moyens, mais c’est la volonté politique qui fait défaut. Il est temps que cela change.

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