Africa-Press – Tchad. Les super-Terres constituent une classe singulière de planètes par leurs propriétés: masses comprises entre 1 et 10 fois celle de la Terre et grandes comme entre 1,2 et 1,8 fois la Terre. Cela les place dans le régime des planètes terrestres, caractérisées par une possible activité géologique (plaques tectoniques), mais la présence de cette dernière reste très débattue pour ce type de planètes. Certaines d’entre elles pourraient même abriter des océans à leur surface, notamment LHS 1140b ou la fameuse K2-18b, mais il demeure bien des incertitudes quant à leur vraie nature.
La détection de GJ 251 c, une planète extrasolaire située à presque 18 années-lumière de la Terre, ouvre une fenêtre supplémentaire quant à la recherche de mondes rocheux potentiellement habitables. La découverte de cette exoplanète est détaillée dans une étude publiée dans The Astronomical Journal le 23 octobre 2025, au sein d’une vaste collaboration internationale.
Une candidate prometteuse pour une imagerie directe
Orbitant très proche de son étoile hôte, une naine rouge, le type d’étoile le plus fréquent dans la Galaxie, GJ 251 c effectue une révolution en à peine 54 jours et admet une masse minimale de 3,84 fois la masse de notre planète Bleue. Sa présence a été confirmée via la méthode des vélocités radiales, c’est-à-dire la mesure des variations Doppler de ces dernières suivant la ligne de visée du télescope de son étoile hôte, GJ 251, induites par l’influence gravitationnelle de l’exoplanète. La vitesse radiale est positive lorsque l’étoile s’éloigne de nous et négative lorsqu’elle se rapproche. Cette méthode, fréquemment utilisée, fournit en outre la masse minimale théorique de la planète.
En outre, la détermination de ces quantités physiques a nécessité une myriade de données, notamment grâce aux spectrographes ultraprécis HPF (« Habitable-zone Planet Finder ») et NEID (« NN-EXPLORE Exoplanet Investigations with Doppler spectroscopy »), en conjonction avec d’autres mesures d’instruments spectrographiques comme ceux des observatoires du Keck 1 (Hawaï), Calar Alto (Espagne) et le Spectropolarimètre Infrarouge (SPIRou), installé au Canada-France-Hawaï Telescope à Maunakea (Hawaï).
« Nous sommes à la pointe de la technologie et des méthodes d’analyse avec ce système. Nous avons besoin de la prochaine génération de télescopes pour imager directement cette planète candidate, mais aussi d’investissement dans la communauté scientifique », explique Corey Beard, doctorant en astrophysique de l’université de Californie d’Irvine et auteur principal de l’étude, dans un communiqué. Il faut préciser que cette méthode d’observation directe est adaptée pour examiner soit la lumière thermique (sorte de rayonnement infrarouge émis en raison de la température) de jeunes et chaudes exoplanètes, soit la lumière stellaire réfléchie par des planètes plus âgées. Au 30 octobre 2025, 87 exoplanètes ont été détectées via imagerie directe selon la Nasa Exoplanet Archive, un site répertoriant toutes les découvertes et données relatives aux planètes extrasolaires.
En somme, GJ 251 c apparaît comme une candidate idéale pour l’imagerie directe par sa proximité avec la Terre et son étoile et élargirait l’observation des planètes de type terrestre (ou super-Terres), une catégorie assez rare dans la galaxie et prometteuse en termes de recherche de signes de vie.
Le spectrographe de haute précision, Habitable-zone Planet Finder (HPF), mobilisé pour détecter GJ 251 c, situé à l’Observatoire McDonald. Crédits: Guðmundur Stefánssonn/Penn State.
Une planète cible pour la recherche de vie extraterrestre
Par ailleurs, la localisation de GJ 251 c dans la zone habitable, qui désigne un intervalle de distances où l’eau liquide pourrait exister en surface, à condition d' »avoir la bonne atmosphère », comme l’explique Suvrath Mahadevan, professeur d’astronomie à l’université d’Etat de Pennsylvanie et co-auteur du papier de recherche – dans le même communiqué – en fait une cible idéale pour des observations complémentaires, notamment sur les conditions à sa surface.
Cette information précieuse renforce considérablement l’argument astrobiologique, désignant la recherche de signes de vie sur les corps planétaires, notamment avec la présence de biosignatures dans l’atmosphère. Ces dernières sont définies comme des espèces chimiques pouvant induire la présence d’activité biologique, incluant des gaz comme le dioxygène, l’ozone et d’autres entités considérées de manière spéculative comme le sulfure de diméthyle, notamment détecté sur K2-18b.
Le chercheur américain souligne ainsi la nécessité de chercher des planètes comme GJ 251 c: « Nous surveillons ces types de planètes, parce qu’elles constituent les meilleures chances de trouver de la vie ailleurs […] Bien que nous ne puissions pas encore confirmer la présence d’une atmosphère ou d’une vie sur GJ 251 c, la planète représente une cible prometteuse pour de futures explorations. Nous avons réalisé une découverte excitante, mais il reste encore beaucoup à apprendre sur cette planète.”
Néanmoins, des simulations climatiques menées par le consortium de chercheurs montrent que l’exoplanète pourrait même héberger des conditions de surface tempérées, identiques à la Terre. En outre, des observations de la super-Terre candidate GJ 251 c par imagerie directe via des futurs télescopes de 30 mètres de haut pourront être menées en raison de sa position dans la zone habitable de son étoile hôte et de sa localisation avantageuse dans l’hémisphère nord, ouvrant la voie à la détection des premières traces de vie au-delà du Système solaire.
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