Lignées Cachées Dans L’ADN Des Mastodontes Disparus

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Lignées Cachées Dans L'ADN Des Mastodontes Disparus
Lignées Cachées Dans L'ADN Des Mastodontes Disparus

Africa-Press – Tchad. Les mastodontes (Mammut americanum) étaient de grands mammifères qui constituaient une mégafaune dont la plupart des représentants (mammouths, gomphothères, tigres à dents de sabre…) ont disparu il y a environ 11.000 ans. En cause, des changements climatiques, la raréfaction des ressources et peut-être la chasse excessive menée par les premiers humains. Ces animaux, qui comptaient parmi les plus gros de leur époque, ont occupé une vaste partie de l’Amérique du Nord, de l’Alaska jusqu’au Mexique. Pourtant, ils sont encore largement méconnus, mais une nouvelle étude permet aujourd’hui de mieux comprendre leur lignée sur le plan génétique.

Un mastodonte du Pacifique jusque dans l’Oregon

Des chercheurs emmenés par Emil Karpinski, de l’Université de McMaster au Canada, ont réussi à séquencer l’ADN mitochondrial de sept spécimens retrouvés aussi bien sur la côte Est qu’en Oregon et au Mexique. Les résultats sont publiés dans la revue Science Advances. La découverte la plus étonnante concerne un spécimen trouvé dans l’Oregon. Morphologiquement attribué au mastodonte du Pacifique (Mammut pacificus), décrit comme une espèce distincte seulement en 2019, il partage en réalité son ADN avec un clade identifié en Alberta, au Canada. Ce lien suggère que l’aire de M. pacificus s’étendait bien au-delà de la Californie où il avait été cantonné jusque-là.

Encore plus intriguant: cet individu s’avère très éloigné génétiquement d’un autre spécimen du Mexique, connu sous le numéro DP1296. Cette divergence est telle que, selon Emil Karpinski et ses collègues, si l’on continue à considérer M. pacificus comme une espèce valide, alors les mastodontes mexicains apparentés à DP1296 pourraient représenter une troisième espèce encore non décrite. Autrement dit, le buisson évolutif des mastodontes gagne en ramifications.


Trois vagues d’expansion vers l’Atlantique

Les six autres spécimens analysés provenaient de la façade atlantique. Là encore, les séquences génétiques racontent une histoire de déplacement. Les mastodontes se sont aventurés vers le nord-est à au moins trois reprises au cours du Pléistocène, lors de phases climatiques plus tempérées. Mais chaque avancée a été suivie d’une disparition locale avec le retour du froid. Ce va-et-vient a laissé des lignées distinctes dans l’ADN mitochondrial, chacune correspondant à une vague de colonisation. L’un des individus, surnommé « Little Narrows », conserve même une signature très ancienne, peut-être l’une des plus anciennes lignées jamais identifiées chez ces animaux.

Ces résultats obligent à revoir la carte et la taxonomie des mastodontes. L’espèce américaine ne constituait pas une population uniforme mais un patchwork de lignées, avançant et reculant au gré des cycles glaciaires. Le mastodonte du Pacifique, lui, voit son aire s’étendre et son identité se brouiller avec les fossiles mexicains. Pour l’instant, les chercheurs restent prudents car l’ADN mitochondrial, transmis uniquement par la mère, ne raconte qu’une partie de l’histoire. Il faudra séquencer le génome complet pour savoir si ces lignées maternelles traduisent des espèces séparées ou simplement des sous-populations isolées.

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