Africa-Press – Tchad. Clac » ! La petite décharge électrique que l’on ressent en touchant une poignée de porte n’est pas un phénomène réservé à la Terre. Il a été observé pour la première fois sur Mars, mais sans poignée de porte ni main pour la saisir bien sûr… Ces décharges se sont produites au cœur des tourbillons de poussière – les fameux « dust devils » – qui balayent régulièrement la planète rouge.
Cette découverte, réalisée par des scientifiques de l’Institut de recherche en astrophysique et planétologie (CNES/CNRS/Université de Toulouse) et du laboratoire Atmosphères et observations spatiales (CNRS/Sorbonne Université/Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines), et publiée dans la revue Nature, repose sur l’analyse de signaux captés par le microphone SuperCam du rover Perseverance, conçu pour saisir les bruits martiens depuis 2021.
Ecouter le vent martien
Tout est parti de deux passages de « dust devils » au-dessus du rover, enregistrés à plusieurs centaines de jours d’intervalle. Dans le souffle des grains soulevés à plusieurs mètres du sol, le microphone a enregistré des claquements brefs, accompagné d’un signal électrique. Des décharges d’électricité statique. Depuis des décennies, les modèles prédisaient qu’un tel phénomène devait exister sur Mars. Mais il fallait y envoyer un micro pour le vérifier. Même si celui-ci de Perseverance n’était pas prévu pour ça !
En effet, le microphone SuperCam a été conçu pour écouter le vent, pas pour traquer des étincelles. C’est une particularité de son électronique – une boucle dans le câblage qui se comporte comme une petite antenne de 20 cm – qui le rend sensible aux impulsions électriques produites par les décharges. Cela permet d’enregistrer d’abord une impulsion électrique, puis l’onde sonore de l’étincelle: deux signatures complémentaires qui ont révélé, pour la première fois, les décharges de l’atmosphère martienne.
Comprendre la mystérieuse disparition du méthane
Le mécanisme de ces décharges est tout simple: les grains de poussière, en s’entrechoquant, s’électrisent par frottement. Sur Terre, le frottement des grains dans les tempêtes de sable génère aussi des charges électriques, mais celles-ci n’atteignent généralement pas le seuil de décharge de notre atmosphère. Sur Mars, l’atmosphère ténue, majoritairement composé de dioxyde de carbone, rend ce phénomène beaucoup plus probable: la quantité de charges nécessaire à la formation d’étincelles y est beaucoup plus faible que sur Terre. De petites étincelles longues de quelques centimètres se forment alors, accompagnées d’ondes de choc qui les rend audibles.
Ces éclairs miniatures, loin d’être anecdotiques, pourraient transformer la compréhension de l’atmosphère martienne. En libérant des charges électriques dans l’air, ils favorisent la formation de molécules hautement oxydantes, capables de détruire rapidement les traces organiques présentes en surface. Ils pourraient aussi contribuer à expliquer la disparition inattendue du méthane atmosphérique, observée ces dernières années. L’impact sur la dynamique de la poussière est tout aussi important. L’électricité favorise l’envol des particules et facilite leur transport, un aspect crucial pour comprendre le climat martien, dominé par les tempêtes de poussière. À plus long terme, ces décharges constituent un paramètre incontournable pour la préparation des futures missions robotiques et, un jour peut-être, habitées…
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