Africa-Press – Tchad. Chaque année, la saison des pluies apporte son lot de drames au Tchad. Les inondations, provoquées par les crues des fleuves Chari et Logone, frappent durement les quartiers riverains de la capitale, notamment Toukra, Kaabbé, Ngueli, Walia, Gassi, Sabangali et Farcha. Les familles, contraintes d’abandonner leurs domiciles, voient leur quotidien bouleversé, tandis que les autorités locales peinent à anticiper et limiter l’ampleur des dégâts.
Les données récentes montrent que le phénomène prend de l’ampleur: Entre juillet et octobre 2024, les inondations ont fait 576 morts et touché 1,9 million de sinistrés dans 119 des 125 départements du pays. En 2022, elles avaient déjà affecté 1,4 million de personnes, détruit 350 000 hectares de cultures, causé la perte de 20 000 têtes de bétail et endommagé 80 000 habitations. En 2024, rien qu’à N’Djamena, plus de 70 000 ménages, soit 340 000 personnes, ont été impactés par des pluies d’une intensité exceptionnelle.
Ces chiffres confirment la vulnérabilité croissante du pays, face aux dérèglements climatiques, mais aussi le manque de préparation structurelle.
Réponses des autorités
Face à cette menace récurrente, le Comité national de prévention et de gestion des inondations, présidé par le ministre d’État Tahir Hamid Nguilin, s’est réuni le 6 septembre 2025 pour évaluer les mesures en place et définir des actions urgentes.
Le gouvernement s’appuie notamment sur le Projet intégré pour la lutte contre les inondations et la résilience urbaine (PILIER), financé par la Banque mondiale. Ce programme a permis, entre avril et septembre 2024, de: curer plus de 250 km de réseaux de drainage, doter la ville de motopompes de forte capacité, mobiliser environ 8 milliards de FCFA pour des interventions d’urgence.
Des défis persistants
Malgré ces efforts, les défis restent nombreux: Infrastructures insuffisantes: les systèmes de drainage, souvent obstrués, ne suffisent pas à absorber les masses d’eau. Urbanisation anarchique: les zones inondables sont encore largement occupées, aggravant les risques. Moyens limités: le financement et la logistique demeurent insuffisants face à l’ampleur du problème. Population vulnérable: des milliers de sinistrés se retrouvent chaque année dans des sites de fortune, accentuant leur précarité.
Vers une stratégie durable
Pour réduire durablement les risques, les autorités sont appelées à: renforcer la maintenance des infrastructures, planifier une urbanisation adaptée, améliorer les systèmes d’alerte et d’information, mobiliser davantage de ressources pour des solutions de long terme. Sans une stratégie globale et ambitieuse, préviennent les experts, le Tchad risque de voir s’aggraver les pertes humaines et matérielles dans les prochaines années.
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