PFAS Dans Les Culottes Menstruelles Lavables

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PFAS Dans Les Culottes Menstruelles Lavables
PFAS Dans Les Culottes Menstruelles Lavables

Africa-Press – Togo. Culottes menstruelles, cups, serviettes hygiéniques lavables: plus écologiques et plus économiques sur le long terme que leurs versions jetables, les protections menstruelles réutilisables sont également réputées plus saines. Pourtant, une nouvelle étude révèle qu’elles sont nombreuses à contenir des PFAS, polluants éternels aux effets suspectés sont délétères sur l’immunité, augmentant le risque de maladies cardiovasculaires et de cancer.

CHOISIR SA PROTECTION MENSTRUELLE. « Y a-t-il des mentions sur l’étiquette qui suggèrent que le produit que vous envisagez ‘fonctionne mieux’, ‘dure plus longtemps’, est plus ‘résistant à l’eau’ ou ‘résistant aux taches’, ou est notablement plus cher que d’autres produits similaires qui font la même fonction? », énumère le chimiste Graham Peaslee, qui a dirigé ces travaux à l’Université de Notre-Dame (Etats-Unis). Autant de caractéristiques dont il a constaté la corrélation avec l’usage des PFAS dans les bracelets en tissu absorbant (wristbands) et auxquelles il conseille aux consommatrices d’être attentives au moment de choisir leur protection menstruelle lavable.

Des PFAS intentionnellement utilisés

« Nous avons pu trouver des PFAS dans presque tous les échantillons », commente Graham Peaslee. Les 59 produits testés comptaient 43 culottes menstruelles, 8 serviettes hygiéniques lavables, 4 cups menstruelles et 3 culottes lavables contre l’incontinence, analysées couche par couche par spectroscopie de rayonnement gamma détectant la quantité de fluor, caractéristique des PFAS, dans chaque échantillon. 71% des 323 échantillons testés ne contenaient des PFAS qu’à des concentrations assez basses pour être signe de contamination non intentionnelle. Les 29% restant contenaient des concentrations de fluor supérieures à 110 parties par million (ppm), seuil au-delà duquel la quantité de PFAS est trop importante pour être accidentelle, et que les chercheurs ont donc appelé PFAS intentionnels. « Nous pensons que dans les textiles, l’utilisation intentionnelle de PFAS est destinée à ajouter une résistance à l’eau ou aux taches au tissu, ou peut-être, avec un tissu semi-perméable, à évacuer l’humidité de la peau (sensation de sécheresse). Dans le cas des cups en silicone, il s’agit peut-être d’une amélioration de la durée de vie ou d’un sous-produit involontaire du processus de fabrication », détaille Graham Peaslee.

Les culottes menstruelles et serviettes lavables en première ligne

Les culottes menstruelles et les serviettes lavables étaient les produits testés qui contenaient le plus de PFAS intentionnels, dans respectivement 33% et 25% des échantillons analysés – comprenant les trois à huit couches absorbantes de chaque produit. 26% des échantillons de culottes menstruels dépassaient même les 1.000 ppm (presque 10 fois le seuil permettant de lui donner le statut d’ingrédient intentionnel) et jusqu’à 77.000 ppm, rapporte l’étude.

Parmi les marques testées, des PFAS intentionnels étaient présents dans 7 culottes menstruelles sud-américaines sur 12 (principalement brésiliennes), 4 nord-américaines sur 14 (surtout les Etats-Unis), 2 européennes sur 13 (une suédoise et une autrichienne), et aucune des trois marques asiatiques. Les six marques françaises ne comportaient des PFAS que de façon non intentionnelle – mais il faut bien sûr se rappeler que ces résultats ne permettent pas de conclure sur l’ensemble de leurs produits et ne disent rien des plusieurs dizaines de marques différentes qui vendent des culottes menstruelles. « Nous n’avons pas testé suffisamment de marques pour en qualifier une de ‘plus sûre’ en ce qui concerne les PFAS », appuie Graham Peaslee.

Des fabricants « qui n’avaient jamais entendu parler des PFAS »

Mais les polluants éternels n’étaient pas toujours retrouvés dans les mêmes couches des protections hygiéniques concernées. « Nous avons été surpris par le caractère aléatoire de l’utilisation des PFAS sur les textiles… En discutant avec des fabricants, je me suis rendu compte qu’ils ne savent souvent même pas que des fournisseurs « en amont » appliquent des PFAS à leurs produits pour leur conférer les caractéristiques qu’ils souhaitent. Mes interlocuteurs n’avaient jamais entendu parler des PFAS lorsque je me suis entretenu avec eux », relate le chimiste. En outre, chaque type de produits testés en comprenait au moins un dans lequel les PFAS n’étaient présents que sous forme de contamination non intentionnelle. « Nous savons donc qu’il est possible de fabriquer des produits menstruels réutilisables sans PFAS », conclut Graham Peaslee.

Les cups menstruelles étaient les seules protections pour lesquelles aucun échantillon n’a révélé de PFAS intentionnel. Bien que ces travaux ne comprennent que quatre marques différentes, cela reste une bonne nouvelle pour leurs porteuses, la cup étant la seule protection interne et donc en contact direct avec les muqueuses. Mais quoique la peau « offre une bonne protection en général », elle semble également pouvoir être pénétrée par les PFAS, avance Graham Peaslee en citant une étude de 2024. Les chercheurs y avaient démontré une absorption de certains PFAS par un modèle de peau humaine en 3D d’autant plus importante qu’ils étaient structurés en chaînes courtes – jusqu’à 59% d’absorption en 36 heures pour les PFPeA (agent émulsifiant, antitaches, additif pour peintures et revêtements, etc) et 49% pour les PFBS (tensioactif pour les revêtements résistants à l’eau).

L’espoir d’une prise de conscience

Si la présence de PFAS directement au contact des muqueuses ou zones génitales peut être source d’inquiétude pour la santé des utilisatrices, son usage non documenté dans ces produits augmente aussi l’exposition globale de la population. « Après un certain temps dans une décharge, 100% des PFAS utilisés dans le produit seront libérés dans l’environnement. Comme il s’agit de « produits chimiques éternels » et qu’ils persistent très longtemps, ils pénètrent dans l’eau potable et l’eau d’irrigation pour que tout le monde les consomme par ingestion », explique Graham Peaslee. « J’espère que la plupart des fabricants examineront – et même testeront – leurs produits pour s’assurer qu’ils sont fabriqués sans utiliser de PFAS – et que l’ajout de la mention « sans PFAS » sur leurs étiquettes interviendra assez rapidement ». Il espère que de ces exigences des consommatrices naitra rapidement des réglementations.

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