L’Expérience du Pouvoir Change L’Individu

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L'Expérience du Pouvoir Change L'Individu
L'Expérience du Pouvoir Change L'Individu

Africa-Press – Togo. Il se nomme Isaac Tchiakpé. Il est l’actuel ministre togolais de l’enseignement technique. Il fait partie des ministres désignés par le gouvernement pour animer les conférences de presse concernant les manifestations publiques gravement réprimées dans la capitale togolaise depuis début juin.

Dans une de ses interventions, il a déclaré que « ces manifestations viennent des entrepreneurs de violences virtuelles. Nos forces de l’ordre ont toujours usé de la force proportionnée en matière d’encadrement des manifestations publiques. Les jeunes qui étaient dans la rue menaçaient de faire du mal aux forces de l’ordre sous l’emprise de substances psychoactives ».

Il faut rappeler que Isaac Tchiakpé est titulaire d’un Doctorat en philosophie de l’Université Paris 10-Nanterre et de l’École Normale Supérieure de Fontenay-Saint-Cloud, ainsi que d’un Doctorat en histoire de la même université.

Il faut également rappeler que Isaac Tchiakpé est un responsable de l’Union des Forces du Changement (UFC), parti historique de l’opposition togolaise, qui a longtemps organisé ou participé à l’organisation de manifestations publiques et de contestations politiques violemment réprimées, avant que son leader, Gilchrist Olympio, signe en 2010, un accord politique avec le parti au pouvoir RPT/UNIR.

Au vu de sa qualité d’enseignant d’histoire et de philosophie, et du tumultueux passé de son parti face aux forces de l’ordre du Togo, est-ce que Isaac Tchiakpé peut soutenir que « nos forces de l’ordre ont toujours usé de la force proportionnée en matière d’encadrement des manifestations publiques »?

Lorsque, l’auteur de « La République », recommandait que les philosophes deviennent rois ou que les rois apprennent à philosopher, afin de mettre le pouvoir politique au service du bonheur de tous, et non de quelques-uns, Platon ajoutait, entre autres, ceci à l’endroit des jeunes qui se destinent à la philosophe, en ce qui concerne la gouvernance de la cité: «…Qu’ils consacrent la plus grande partie de leur vie à la philosophie, mais lorsque vient leur tour, qu’ils s’impliquent dans les tâches politiques et prennent chacun le commandement dans l’intérêt de la cité, en l’exerçant non pas comme s’il s’agissait d’une fonction susceptible de leur apporter des honneurs, mais comme une tâche nécessaire. »

Est-ce que le philosophe Isaac Tchiakpé peut dire aujourd’hui qu’il exerce son commandement dans l’intérêt de la cité, comme le conseillait Platon?

C’est, d’ailleurs, pour éviter ces travers et ces dérives que Kant s’opposait à cet aspect de la philosophie politique platonicienne en mettant en garde: « On ne doit pas s’attendre à ce que les rois se mettent à philosopher, ou que des philosophes deviennent rois ; ce n’est pas non plus désirable parce que détenir le pouvoir corrompt inévitablement le libre jugement de la raison ».

Puisqu’il s’agit de philosophie, il nous plaît de rappeler, encore une fois, certains des conseils que donnait mon professeur de philosophie au Lycée 2 Février ; un établissement fermé manu militari un jour de rentrée scolaire par le collègue de Isaac Tchiakpé, le Ministre Dodzi Kokoroko, professeur titulaire de droit public et de sciences politiques. Ces conseils, qui sont courants et connus, ont, il nous semble, une pertinente résonance dans la situation actuelle du régime RPT/UNIR de Faure Essozimna Gnassingbé. Notre enseignant avait coutume de dire que, dans la vie, il faut savoir lâcher prise face à certaines situations ; qu’il faut savoir quitter certaines choses avant qu’elles ne vous quittent.

Récemment, dans un message adressé aux hommes politiques de son pays, un homme de Dieu réitérait une pensée similaire, avec des mots empreints de courage et de sagesse: « Lorsqu’on a épuisé son utilité, la joyeuse acceptation de son inutilité est un service grandiose. Car, les éternels permanents finissent toujours par agacés, et l’amour se transforme en haine. Il faut, donc, savoir partir ».

Nous ignorons ce que tous ces philosophes et tous ces universitaires que vous avez comme ministres ou conseillers vous disent, Monsieur Faure Gnassingbé. En écrivant ces lignes sur Isaac Tchiakpé, nous pensons aussi au ministre togolais des affaires étrangères le Prof. Robert Dussey. Nous ignorons ce que ces gens vous apportent comme plus-value en termes de valeurs humaines et de sagesse politique pour la gouvernance du Togo au bénéfice du bonheur de tous les Togolais.

Mais, il se trouve que vous avez fait 20 ans à la tête du Togo sans résultat concret. On vous demande le bilan de ces deux décennies de gouvernance qui s’ajoutent à ces presque quatre décennies de règne de votre père, et tout ce qu’on voit, ce sont seulement les dettes, les peines et les cris de désolation, de détresse, avec une minorité qui accapare les richesses du pays au détriment de la majorité. Il est temps pour vous de partir, car le Togo n’est ni un royaume ni votre propriété.

Vous devez partir. Vous et votre régime ainsi que la minorité pilleuse vous devez libérer le plancher, pour que le Togo puisse se remettre sur la voie du progrès, de la prospérité partagée.

Bibi Pacôme Mougue

Source: Liberté

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