Africa-Press – Togo. Le phénomène dure depuis quelques années déjà et elle ne fait que s’accentuer. Et les propriétaires terriens s’en donnent à cœur joie démultipliant à volonté les prix des parcelles à bâtir ou à utiliser pour d’autres activités liées au foncier. Disons-le sans crainte, les prix du foncier s’emballent principalement à Lomé, dans les grandes agglomérations urbaines et dans les périphéries de ces zones urbaines. Même dans les milieux ruraux les prix de l’hectare de terrain à cultiver connaît à certains endroits une hausse de 100% et dans d’autres 200 voire 300% comparativement à il y a une décennie d’année. Cela devient un problème et cela a une source bien connue qu’on feint d’ignorer: la vente au plus offrant. Et ce plus offrant c’est celui qui a les moyens, qui spécule et qui se l’offre. Dans ce cas, les étrangers font la loi et il n’est pas question ici de xénophobie mais d’une réalité et je ne suis pas le seul à l’observer.
Dans la plupart des pays du monde et principalement en Afrique, un étranger n’a pas accès à la propriété foncière donc à la terre. Même pour bailler il y a plusieurs conditions qui l’entourent. Exemple au Rwanda un étranger ne peut pas être un propriétaire de terrain même marié à une Rwandaise ou à un Rwandais. Le droit de propriété est UNIQUEMENT réservé à un ressortissant rwandais d’ORIGINE même pas naturalisé. C’est dire que l’État protège ses biens régaliens pour ne pas faire des autochtones des étrangers chez eux. Cela est de bonne guère et fort appréciable.
Au Togo notre pays, Libanais, Béninois, Nigérians, Nigériens, Burkinabé et même des Français et d’autres nationalités sont devenus des propriétaires non pas seulement de parcelles de terres mais de vastes domaines car disposant de plus de moyens financiers que le Togolais lambda. Au grand marché de Lomé, il est clair pour tout commerçant qui veut s’y établir que les magasins sont les propriétés des étrangers surtout ceux qu’on appelle les « Aladji » les fortunés or la grande partie de l’activité économique du pays se concentre en ce lieu surtout dans le commerce. Cela ne se comprend pas. Les autochtones togolais sont devenus des locataires chez des étrangers. Il y a de cela quelques années ce fait était rare voire quasi inexistant.
Comment comprendre qu’un demi lot à Dévégo un quartier de la commune de Golfe 6, zone inondable par excellence se négocie à 16 millions de fcfa, un demi lot à Baguida à 20 voire 25 millions selon les endroits, 1/4 de lot à Vakposito à 14 millions, une maison vétuste dans les environs de Assivito à 200 millions et sur le boulevard à 400 millions? Et lorsque vous fouinez vous vous rendez compte que tout comme les grandes bâtisses dans Agoè-Zongo et environs les acheteurs et propriétaires sont des non Togolais. Pourquoi l’État laisse-t-il faire cet état de choses sans réglementer le secteur? À moins que des lois existent que j’ignore et que les gens ne respectent pas.
Pire dans les milieux ruraux les mêmes étrangers s’accaparent de nos riches terres arables que les paysans vendent à tour de bras sans se soucier de ce qu’il faut laisser pour la postérité. Résultat des courses ces mêmes vendeurs deviennent des métayers sur leurs propres domaines pour le compte de ceux qui viennent de l’extérieur.
Je me rappelle avoir acheté par le truchement de ma défunte mère (qu’elle repose en paix) quelques lots de terrain dans mon village à Anfoin à 700.000 fcfa en 2009 et ceci à 1 km de la maison royale donc du centre-ville. Le même lot actuellement se négocie à 3,5 millions et les nouveaux voisins sont excusez-moi de le dire des Béninois et des Nago du Nigéria.
L’État ne doit-il pas prendre des mesures drastiques pour limiter le droit à la propriété foncière? À cette allure d’ici 15 voire 20 ans le Togolais ne pourra plus s’acheter un terrain chez lui ou au mieux il l’achètera au prix coûtant chez l’étranger. Car la remarque qui est faite aujourd’hui est que la spéculation foncière telle qu’on la vit n’avantage que les étrangers. Il est temps d’arrêter l’hémorragie.
J’ai encore dit…
Anani Sossou
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