Lutte contre le terrorisme au Togo, comment s’y prendre?

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Lutte contre le terrorisme au Togo, comment s’y prendre?
Lutte contre le terrorisme au Togo, comment s’y prendre?

Africa-Press – Togo. Les attaques terroristes ne cessent de se multiplier dans le nord de notre pays depuis quelques mois déjà. Et le Président de la République n’a lui non plus cessé de faire le déplacement sur les lieux de ces théâtres affligeants pour, dit-on, conforter le moral des militaires au front.

Le gouvernement lui aussi n’a pas manqué de prendre des initiatives, notamment avec l’État d’urgence sanitaire décrété dans la région des savanes en plus du programme d’urgence visant à développer substantiellement cette zone ainsi vulnérable où l’écrasante majorité de la population a pactisé de fait avec la pauvreté et la précarité.

Seulement voilà, à partir de l’instant où les actes terroristes continuent de se multiplier malgré toutes ces initiatives, il me semble qu’il faut pousser le bouchon de la réflexion et des actions largement plus loin. Mais pour y parvenir, il faut forcément se poser les questions justes et opportunes. Quelle est la mission principale d’un gouvernant dans une société et comment doit-il toujours s’y prendre pour la réussir ?Ensuite pour qu’une société grandisse et évolue dans l’unité, que faut-il concrètement et quel doit être l’apport de chaque individu ?Alors revenons sur la mission du gouvernant, elle n’est pas autre chose que la recherche, à tout prix, du bien-être de chaque citoyen quel qu’il soit, afin d’une part de l’épanouir, mais surtout aussi de le mettre en confiance de sorte qu’il soit fière de compter parmi les citoyens suffisamment sécurisés de son pays.

Cela dit, comment le gouvernant doit-il s’y prendre? Étant entendu qu’il n’est pas un magicien qui produit miraculeusement tout le nécessaire pour cette fin, il ne peut atteindre ce but qu’avec la complicité et l’action déterminante du citoyen lui-même. Dans le cas d’espèce des attaques qui constituent une vraie menace pour le vivre ensemble, le gouvernant ne peut envisager de solutions sans s’appuyer farouchement sur l’apport fécond du citoyen lui-même, qui est d’ailleurs le plus concerné par le fléau. En l’espèce, l’État d’urgence sécurité décrété dans la région des savanes signifie quoi concrètement pour le citoyen de cette région ?

En dehors de l’exhortation faite par l’État-major général des FAT, à la suite de la bavure du 10 juillet, où il était demandé à la population d’éviter les sorties nocturnes non essentielles, je ne sais pas s’il y’a eu des séances d’information et de sensibilisation des populations sur la conduite à tenir en ces moments aussi délicats. Si cela n’est pas fait ou pas suffisamment, c’est le moment où jamais de le faire sans aucune réserve. Les dirigeants se doivent, sans concession, d’organiser des séances sérieuses de travail avec les chefs coutumiers et traditionnels qui sont portés par les populations et qui ont une capacité à se faire écouter par les leurs.

A eux, expliquer clairement les enjeux du moment et leur assigner une vraie mission de relai auprès de leurs populations avec des moyens adéquats requis. Mais oui, il faut donner du pouvoir à ces hommes et femmes qui constituent une vraie force morale pour la société et dont la légitimité n’est pas remise en cause. Il doit en être autant pour les groupes organisés, s’ils existent, les leaders d’opinion, les associations de jeunes ou de femmes etc. Ce sont ces acteurs qui connaissent le mieux le terrain, partagent le quotidien et composent naturellement avec l’ensemble des citoyens.

Que le gouvernant les considère et les implique dans la mobilisation des consciences autour de ce mal qui ronge le pays, ne peut qu’être un acte d’intelligence parfaitement salutaire et forcément aussi rentable. Par ailleurs, je n’arrive pas à comprendre pourquoi le message que passe le Président de la République aux militaires sur les terrains des attaques n’est pas diffusé pour la grande masse à travers les médiats d’État.

La parole du Président, surtout dans un contexte de crise ne lui appartient plus, elle appartient au peuple et celui-ci doit savoir ce que son chef dit de ce qui se passe et ce qu’il attend concrètement de chaque citoyen. Certes, c’est devant les militaires qu’il parle, mais pas seulement qu’à eux et même si c’est à eux il destine son message, le peuple doit savoir ce qu’il leur dit et la mission qu’il leur assigne.

C’est tout cela qui participe à créer une complicité réelle entre le gouvernant et ses concitoyens et nourrit la conscience nationale autour des enjeux du moment. C’est aussi par là que le gouvernant parvient à semer les graines de l’indispensable unité nationale qui ne signifie pas autre chose que l’entente mutuelle entre les citoyens et la disposition de tous à défendre la cause commune ou même les causes individuelles. L’unité en question est un résultat qui est tributaire de la bonne disponibilité du gouvernant lui-même à construire chaque jour, des citoyens intègres et dignes aussi bien par ses actes concrets que par sa parole dont le pouvoir sur la conscience du citoyen n’est pas à rechercher. Il faut parler au peuple, sinon à chaque citoyen et lui assigner une vraie mission pour la cause nationale.

Si ce pari qui consiste à fixer l’attention des citoyens sur la vision du gouvernant est réussi, le reste de solutions face aux divers défis et fléaux viendra de lui-même. Car dès l’instant où chaque citoyen se sent concerné par ces défis et sait qu’il sera écouté une fois qu’il ouvre la bouche pour donner ses idées, rien ne peut vaincre cette puissance qui va naitre d’une telle dynamique unitaire que fournit un peuple.

Vivement donc qu’au-delà du confort moral que l’on donne aux troupes militaires, aux équipements que l’on met à leur disposition et les différentes initiatives déjà prises, nos gouvernants incluent l’indispensable volet d’une composition ferme et rigoureuse avec la population elle-même, au moins à travers ses légitimes représentants au plan local.

Luc Abaki

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