Africa-Press – Togo. Depuis que les résultats de ces élections sont sortis, je lis des publications et commentaires qui confirment un constat que j’ai fait depuis un certain moment: les gens se délectent plus de l’échec de l’opposition que de la mainmise d’un seul parti sur le pays. C’est tellement plus facile de taper sur les opposants.
J’ai lu des choses comme l’opposition a mordu la poussière, les buveurs de lait ont lu l’heure, un célèbre journaliste a écrit que le rêve d’acheter une voiture et mettre en lumière sa maîtresse teint clair s’était effondré chez des candidats de l’opposition. Un autre, réputé être un ami de longue date, s’est plus glossé de mon échec aux élections que des multiples vidéos montrant les irrégularités de cette même élection.
Je l’ai écrit quelque part aujourd’hui, mon engagement politique m’a coûté toute une fortune avant même que je ne devienne député, et en tant que député, j’ai investi plus de la moitié de mes indemnités en œuvres sociales. C’est du concret. En quittant la politique aujourd’hui, le bilan financier est très négatif. Mais il faut en plus supporter les quolibets de ceux pour qui on a eu la naïveté de croire qu’on luttait.
Même si nos opinions ont divergé vers la fin, je ne comprendrai jamais que des jeunes se moquent des honorables Alipui, kagbara ou Abass. Alipui vivait au Canada et a une très bonne situation, Kagbara dirige une chaîne d’écoles supérieurs prospères et Kaboua est un fonctionnaire. Aucune de ces personnes n’était misérables avant de rentrer à l’assemblée nationale et ne le sera après. Certains même passent leur temps à s’en prendre aux leaders politiques traditionnels. Professeur Wolou, Mme Adjamagbo, Jean Pierre Fabre, aimé Gogué… toutes ces personnes ne seraient là que pour se remplir les poches, alors que la politique justement a contribué à leur vider les poches.
Assez curieusement, personne n’indexe la paupérisation des opposants et de la population, personne n’indexe le fait que les cautions ont été multipliées par trois pour cette élection, et que le financement des élections a été utilisé en partie comme une arme de répression politique. Pour ies élections législatives, nous avons par exemple au net payé 18 millions de caution et reçu 13 millions de financement. Et ce financement, supposé aider à la campagne, est arrivé 3 jours avant la fin de la campagne. Je ne vois aucun de nos détracteurs relever ces injustices. Et qui pour dénoncer que seul un parti a vraiment fait campagne sur l’ensemble du territoire ?
Donc c’est la faute l’opposition. Les élections se sont très bien passées. C’est bien fait pour Gerry Taama. Il a lu l’heure. Bravo. Sauf qu’il y a beaucoup de chances que Gerry Taama n’ait pas à souffrir de disette d’emploi contrairement à une grande majorité de ceux qui se gargarisent aujourd’hui de ses prétendus malheurs. Il y a trois jours, un jeune homme m’a écrit pour dire qu’il voulait lancer un business avec 50 000f, de l’aider. Manque de pot pour lui, j’avais une photo de lui en t-shirt unir battant allègrement la campagne. Je la lui ai envoyé. Il m’a dit d’oublier ça. Non. On ne peut plus oublier. C’est trop facile. On est tous calés dedans. S’il y’a galère, on va galèrer ensemble.
Finalement, chaque peuple mérite ses dirigeants. Bravo pour les 108 députés. Vraiment. C’est devant qui est bon.
Assumons vivants.
Gerry
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