Africa-Press – Togo. Le Togo vit depuis un mois désormais sous une nouvelle république qui instaure un régime parlementaire que les initiateurs ont eux-mêmes ont du mal à cerner.
En un mois, on retient juste un seul mot: Cafouillage.
Depuis un mois, le Togo est sans gouvernement. Là n’est pas la surprise. On avait déjà vécu pire. Plus de trois avec des ministres qui géraient les affaires courantes au point où on était obligé de sortir un communiqué pour expliquer l’épisode «gestion des affaires courantes».
Mais la nouveauté ici est que le Togo a changé de régime. Faure Gnassingbé est devenu Président de Conseil, Chef du gouvernement. Sans gouvernement, sans nomination officielle, on découvre que l’ancienne secrétaire générale de la Présidence de la République signe des décrets comme secrétaire générale de la Présidence du Conseil. Et quels décrets encore? Un décret portant augmentation du nombre de conseillers municipaux qui passent de 1527 à 1667, soit une augmentation de 140 sièges pour dit-on, harmoniser l’administration locale et renforcer la décentralisation. Ceci en plein processus électoral. Ce décret pris le 21 mai 2025 est plus largement diffusé le lendemain alors que celui du 28 avril a fixé la date des élections municipales sur le 10 juillet 2025 et la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) a annoncé le 10 mai l’ouverture du dépôt des dossiers de candidatures à partir du 20 mai 2025.
A peine les partis politiques et les groupes des indépendants ont-ils commencé à déposer leurs dossiers de candidature qu’il a encore plu à Faure Gnassingbé d’ajouter 140 candidatures supplémentaires en même que la baisse de moitié du cautionnement soit 25.000 FCFA pour les hommes et 12.500 FCFA pour les femmes.
On était en plein dans ces cafouillis quand le 29 mai, dernier jour du dépôt des dossiers de candidature alors que les gens se sont débrouillés pour s’exécuter quand en soirée, la CENI publie un communiqué suspendant le décret portant augmentation du nombre de conseillers municipaux, le report des élections au 17 juillet et le délai du dépôt des candidatures repoussé au dimanche 1er juin puis enfin au mardi 3 juin.
Des Togolais en étaient là à se demander à quoi il en retourne quand un autre décret du Président du Conseil en date du 28 mai jusque-là non rendu public, vient confirmer le contenu du communiqué de la CENI.
En clair, pour le seul scrutin, certains sont obligés de faire le dépôt de leurs dossiers de candidature trois fois soit à l’ouverture le 20 mai avant le décret du 21 mai, le 29 mai à la clôture initiale puis le 1er juin pour se conformer au décret du 28 mai qui supprime les 140 conseillers municipaux supplémentaires. Et là, on parle de la gestion d’un État?
Et ce n’est pas fini. Le décret du 28 mai précise que les nouvelles dispositions (augmentation des conseillers municipaux) ne s’appliqueront finalement qu’à partir des élections municipales suivant celles de 2025 c’est-à dire en 2031.Quid du nombre de la population qui va s’accroitre dans les six prochaines années?
Plus choquant, on a même lu quelque part dans le décret du 28 mai «le conseil des ministres entendu». Depuis quand un gouvernement qui n’existe pas, fait de conseil des ministres?
Par ailleurs,dans un communiqué rendu public vendredi 30 mai ,le Président de l’Assemblée Nationale Kodjo Adedze, lance l’appel à candidature pour le renouvellement des membres de la CENI dans un format suffocant soit cinq membres sur dix-sept alors que tous ont fini leur mandat.
Le Président de l’Assemblée Nationale informe l’opinion publique de l’ouverture du processus de renouvellement des membres de la CENI conformément aux dispositions de l’ordonnance N° 003/PR du 5 novembre 2024, portant code électoral. Le présent avis concerne spécifiquement le renouvellement de trois membres, représentant l’opposition extra parlementaire, de deux membres représentant la société civile», indique t-il.
Les dossiers de candidature doivent être déposés sous pli fermé avec la mention «Candidature pour membre de la CENI, représentant l’opposition extra parlementaire ou «Candidature pour membre de la CENI représentant la société civile «, au secrétariat Général de l’Assemblée nationale du lundi 2 juin au vendredi 13 juin 2025, les jours ouvrables de 8h à 16h.»
En vérité, le mandat de tous les membres de la CENI a expiré depuis trois ans. Il est une évidence qu’il n’est pas trop tôt de procéder à leur renouvellement. Mais comment peut-on mettre en jeu uniquement le mandat de certains et laisser les autres? Dans quel pays au monde on fait des gymnastiques célébrales pareilles?
Pis, on annonce les élections municipales dans un peu plus d’un mois, à quel moment les nouveaux membres à élire viendront-ils s’imprégner des préparatifs du scrutin?
Tout se passe comme dans une cour de récréation des Jardins d’Enfants.
Pauvre et triste Togo !
Honoré Adontui
Source: lecorrecteur.tg
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