Africa-Press – Togo. C’est connu de tous, en tout cas des esprits bien avertis. La situation économique du Togo est inquiétante, malgré le saupoudrage que le régime de Faure Gnassingbé tente de montrer à l’opinion. Un rapport de l’Organisation de coopération et de développements économiques (OCDE) vient révéler ou confirmer ce que redoutent les Togolais.
Dans ce rapport sur l’Examen des politiques de transformation économique du Togo élaboré par l’OCDE en 2024 et qui s’inscrit dans le cadre des Examens des Politiques de Transformation Économique (EPTE), visant à aider les pays en développement à formuler et à mettre en œuvre des stratégies pour une croissance durable et inclusive, il est indiqué que le pays gouverné par Faure Gnassingbé depuis 20 ans « fait face à des vulnérabilités structurelles majeures ».
L’OCDE, dans ce rapport, dresse un diagnostic complet de la situation économique et institutionnelle du pays et propose des recommandations concrètes pour renforcer sa trajectoire de transformation économique.
Selon l’organisation, il y a une dépendance excessive à l’agriculture et à l’économie informelle. « L’agriculture emploie 40 % de la population active, mais reste peu mécanisée, sujette aux aléas climatiques et caractérisée par une faible productivité. 99 % des entreprises sont des MPME, dont 85 % opèrent de manière informelle », indique le document.
En plus, l’agriculture dépendant de la pluie est affectée par les sécheresses, la déforestation et la dégradation des sols. Ces phénomènes ont déjà provoqué une baisse de 62 % de la production de coton en quelques années.
Il souligne que la pauvreté est endémique dans le pays, notamment auprès de la population rurale dont 59% en sont victimes. « 63 % de la population a souffert d’insécurité alimentaire entre 2020 et 2022 ».
L’OCDE note une très faible diversification des exportations togolaises qui reposent principalement sur les produits de base comme le phosphate et le soja. La structure commerciale reste peu diversifiée et concentrée sur l’Afrique.
Ajoutées à cela, des lacunes persistantes en infrastructures et une énergie coûteuse, selon le rapport. Il révèle que les infrastructures de transport et d’énergie sont inégalement réparties. Le coût élevé de l’électricité (0,19 USD/kWh) pénalise la compétitivité industrielle par rapport au Ghana (0,10 USD/kWh) ou au Nigéria (0,04 USD/kWh).
Sur le plan des investissements, la situation n’est pas mieux. « Les investissements directs étrangers restent faibles, limitant la transformation industrielle. Le crédit au secteur privé est également sous-développé en raison du faible taux de bancarisation et de la pratique de taux d’intérêts très élevés ».
Il existe donc une pression sur les finances publiques, avec la dette publique qui s’élève à 68 % du PIB et les charges d’intérêts à elles seules qui atteignent 14 % des recettes. Les 2/3 des recettes servent à l’amortissement du capital emprunté et au paiement du service de la dette. Ce qui freine considérablement les investissements publics nécessaires, selon le rapport.
Le développement se concentre autour de Lomé. Les autres régions, notamment rurales, sont marginalisées dans les dynamiques de développement (faible accès à l’eau potable, à l’électricité, aux infrastructures de base).
Face à la situation peu reluisante, l’OCDE a formulé quelques recommandations au gouvernement togolais. Elle a d’abord appelé à un développement inclusif et territorial équilibré par la modernisation de l’État et le renforcement des capacités de planification d’une part. « D’autre part, il faut accélérer les investissements dans les zones rurales et appuyer l’inclusion des jeunes ».
« La diversification productive et l’attractivité des IDE en encourageant les investissements dans les secteurs d’avenir (agroalimentaire, numérique, logistique) et en mettant en place une diplomatie économique proactive avant de renforcer les zones économiques spéciales (ZES), recommande-t-elle ensuite.
L’OCDE demande enfin un renforcement de l’innovation et de la productivité par l’augmentation des budgets alloués à l’innovation (actuellement seulement 0,1 % des investissements), la création d’un fonds national d’innovation, le développement des services de vulgarisation et des partenariats de recherche.
Source: lalternative.info
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