Africa-Press – Togo. L’Union togolaise de banque (UTB) vient de subir un revers judiciaire retentissant. Le 15 mai 2025, la Cour commune de justice et d’arbitrage (CCJA), basée à Abidjan, a condamné la banque togolaise à verser 3,8 millions d’euros (plus de 2,5 milliards de francs CFA) à l’entreprise Tele Mobil International (TMI), une société d’import-export spécialisée dans la vente de matériel roulant et de sécurité. L’information est révélée par notre confrère Africa Intelligence.
Une affaire qui remonte à 2018
Ce conflit judiciaire remonte à 2018. TMI accuse l’UTB, dont elle était cliente, de lui avoir subtilisé 537 millions de francs CFA (environ 818 000 euros). Après avoir tenté sans succès de résoudre l’affaire à l’amiable, la société dirigée par l’homme d’affaires togolais Sam Aguem Mazna a vu la situation s’envenimer.
En 2020, c’est la banque elle-même qui a lancé une procédure contre TMI. Condamnée en première instance en 2021 par le tribunal de commerce de Lomé à indemniser TMI à hauteur de 1,2 milliard de francs CFA (1,8 million d’euros), l’UTB avait réussi à faire casser cette décision en appel. TMI n’a alors eu d’autre choix que de porter l’affaire devant la CCJA en janvier 2024, assistée par l’avocat franco-béninois Jimmy Kodo.
L’UTB fait la sourde oreille
Bien que la décision de la CCJA ait été signifiée à l’UTB le 21 mai, avec un commandement de payer dans un délai de huit jours, la banque togolaise ne s’est toujours pas exécutée, malgré les astreintes prévues par l’arrêt. Un silence qui alimente la controverse autour de la gouvernance et de la transparence au sein de cette institution bancaire publique, en difficulté financière depuis plusieurs années.
Le dossier TMI-UTB pourrait bien marquer un tournant. Rarement médiatisées, les affaires opposant des clients aux banques en Afrique de l’Ouest se règlent souvent en silence – ou pas du tout. Cette décision de la CCJA constitue donc un précédent potentiellement structurant pour la confiance dans le système bancaire régional et l’accessibilité de la justice commerciale.
L’affaire met également en lumière le manque de réflexes juridiques des entreprises africaines victimes de détournements ou de litiges bancaires. La médiatisation de cette condamnation pourrait encourager davantage de recours aux voies légales, dans une région où l’arbitrage régional reste encore peu sollicité.
Un contexte financier délicat pour l’UTB
Cette condamnation intervient alors que l’UTB traverse une passe difficile. En janvier 2025, l’État togolais – actionnaire principal de la banque – a dû injecter plus de 31 milliards de francs CFA (47,3 millions d’euros) pour le rachat du siège de l’UTB à Lomé, afin de combler des fonds propres longtemps déficitaires. Ce nouvel épisode judiciaire fragilise encore davantage la réputation d’une banque déjà sous tension.
Notons que l’Union Togolaise de Banque (UTB) est une des institutions clés du système bancaire togolais. Elle participe activement au financement de l’économie nationale en tant que banque universelle.
Créée en juin 1964 sous forme de société d’économie mixte, l’UTB est aujourd’hui une institution dans laquelle l’État est l’unique actionnaire après le départ, en juin 1994, du Crédit Lyonnais, de la Deutsche Bank et de la Banca Commerciale Italiana, qui détenaient respectivement 35 %, 18 % et 12 % des actions.
Ce départ était consécutif à la persistance de la crise sociopolitique du début des années 1990.
L’UTB, qui s’honore aujourd’hui de 60 années d’existence, dispose de 41 points de vente répartis dans les 5 régions économiques du pays.
Le capital social est de 37.813.000.000 FCFA.
Togo Scoop avec Africa Intelligence
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