Coup d’État au Togo : trahison de Koudjolou Dogo

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Coup d'État au Togo : trahison de Koudjolou Dogo
Coup d'État au Togo : trahison de Koudjolou Dogo

Africa-Press – Togo. Derrière la façade d’une réforme démocratique, la modification constitutionnelle de mars 2024 s’est révélée être une manœuvre politique savamment orchestrée par Faure Gnassingbé. Alors que le régime tente de la présenter comme une initiative parlementaire, le discours du doyen d’âge du Sénat, Koudjolou Dogo, a trahi la supercherie, démontrant clairement que la Constitution (version Faure Gnassingbé) n’est qu’un instrument au service d’un clan au pouvoir.

La session de droit du Sénat togolais s’est poursuivie ce vendredi 14 mars 2025. Instaurée par la nouvelle Constitution controversée qui a fait du Togo un régime parlementaire, la chambre haute du Parlement est perçue bien davantage comme une retraite dorée pour les fidèles du pouvoir que comme un véritable organe législatif.

Cette impression a été renforcée par les déclarations du doyen d’âge du Sénat, Koudjolou Dogo, le 6 mars dernier, lors de l’ouverture de la session. Ses propos ont laissé transparaître la supercherie politique entourant la réforme constitutionnelle.

Le 26 mars 2024, lorsque les députés en fin de mandat ont adopté, en pleine nuit, la loi modifiant la Constitution, Faure Gnassingbé et ses partisans ont tenté de faire croire qu’il s’agissait d’une initiative parlementaire portée par des députés de toutes tendances confondues.

Pourtant, le discours de Koudjolou Dogo à l’ouverture de la session du Sénat a révélé ce qui était déjà un secret de Polichinelle: cette réforme a bel et bien été imposée par le sommet de l’État.

En rendant hommage à Faure Gnassingbé pour sa prétendue « vision perçante de l’avenir qui lui a permis de proposer au Togo ce nouveau cadre qu’est la 5e République », Koudjolou Dogo a anéanti l’illusion d’un processus démocratique initié par des députés indépendants. Ses propos confirment que cette réforme était avant tout une volonté du chef de l’État, imposée à un Parlement entièrement soumis au pouvoir.

Cette instrumentalisation des institutions pour asseoir le pouvoir d’un clan n’est pas une première au Togo. En 2005, à la mort de Gnassingbé Eyadéma, l’armée avait précipité son fils, Faure Gnassingbé, sur le fauteuil présidentiel en violation flagrante de la Constitution en vigueur.

Face à l’indignation nationale et internationale, le pouvoir avait alors convoqué les députés pour une série de modifications constitutionnelles sur mesure, permettant à Faure Gnassingbé de devenir président de l’Assemblée nationale, et donc dauphin constitutionnel légitime.

Vingt ans plus tard, l’histoire se répète. Après avoir fait adopter dans la précipitation une nouvelle Constitution le 25 mars 2024, Faure Gnassingbé et son entourage se sont rendu compte que la pilule passait mal. En guise de correction, une pseudo-consultation du peuple a été organisée.

Mais, dans la vision très restreinte de la démocratie selon UNIR, ce « peuple » se résume à des militants du parti au pouvoir, à des groupes organisés triés sur le volet et à des chefs traditionnels connus pour leur allégeance au régime en place.

Pendant qu’au Togo chaque réforme constitutionnelle semble taillée pour servir les intérêts d’un clan, le Ghana adopte une approche radicalement opposée. À l’occasion du 68e anniversaire de l’indépendance, le président ghanéen a appelé l’ensemble des citoyens à participer au processus de modification constitutionnelle en soumettant leurs recommandations et leurs mémorandums au comité chargé de cette mission.

« C’est l’occasion de veiller à ce que notre cadre institutionnel reflète véritablement les aspirations du peuple ghanéen et serve d’instrument solide pour le progrès national », a déclaré John Dramani Mahama. Cette démarche, qui repose sur une consultation large et transparente, tranche avec la méthode togolaise, où les décisions sont imposées en catimini avant d’être grossièrement maquillées en volonté populaire.

Le Sénat version Faure, au lieu d’être un cadre de réflexion et d’équilibre, est devenu un refuge doré pour les fidèles du régime et une récompense pour des opposants sans réel poids politique.

En cooptant ces opposants de pacotille ayant soutenu la réforme constitutionnelle de 2024, Faure Gnassingbé vient de verrouiller un peu plus le cadre institutionnel. Mais faut-il le rappeler, l’illusion démocratique a ses limites.

Si le régime togolais a su imposer cette nouvelle Constitution en verrouillant le débat, la contestation populaire, bien que muselée, demeure vive. L’histoire a montré que les réformes imposées finissent toujours par rencontrer les limites du rejet populaire.

Dans un contexte régional où les peuples expriment de plus en plus leur volonté de changement, le Togo pourra-t-il éternellement rester une exception ?

François Bangane

Source: lalternative.info

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