Africa-Press – Togo. Au Togo, le mot « décentralisation » est souvent utilisé comme un trophée politique. Pourtant, sur le terrain, il ne s’agit que d’une façade administrative, une fiction démocratique verrouillée au sommet. La réalité vécue par les citoyens est tout autre: inégalités territoriales criantes, fracture administrative profonde, et accès inéquitable aux services essentiels.
Un cas emblématique est le Baccalauréat togolais.
Prenons, parmi tant d’autres, l’exemple de l’Office du Baccalauréat:
Deux bureaux seulement pour tout le pays: un à Lomé (Sud) et un autre à Kara (Nord).
Les élèves de l’Akebou, du Kloto, ou du Bas-Mono doivent se rendre à Lomé pour une simple réclamation de notes.
Ceux de Dapaong, de Doufelgou ou de Dankpen doivent faire le long déplacement jusqu’à Kara.
Cette situation indique des heures de trajet, des coûts excessifs, du stress, et une discrimination territoriale flagrante.
Cela va à l’encontre des principes de l’égalité citoyenne et de la justice sociale et administrative. C’est aussi la centralisation bureaucratique habillée en décentralisation vernie de politique politicienne.
Le problème ci-dessus décrit est systémique.
Ce phénomène touche l’éducation, mais aussi la santé, l’état civil, la délivrance des certificats de nationalité, les finances publiques, l’environnement, etc. Plusieurs secteurs de l’état sont touchés par ce phénomène.
Les centres de décisions, de traitement et d’influence sont concentrés dans quelques zones centrales privilégiées, pendant que les périphéries sont abandonnées à elles-mêmes. Le vernis qui couvre cet ensemble reste ce semblant de décentralisation à la togolaise.
Les togolais vivent une fausse décentralisation accompagnée d’un vrai contrôle politique outrancier.
L’image de la décentralisation version togolaise, c’est:
Des mairies sous tutelle du pouvoir central ;
Des services déconcentrés sans autonomie réelle ;
Une administration verrouillée par le régime ;
Un système clientéliste où les postes locaux sont distribués comme récompenses politiques.
Pendant ce temps, les citoyens:
– S’appauvrissent, faute de services de base accessibles ;
– S’épuisent à faire des allers-retours coûteux pour des services déjà onéreux ;
– Sont réduits à des citoyens de seconde zone alors que d’autres ont des privilèges exorbitants.
Et pourtant…
Pendant que ce système d’injustice territoriale perdure:
Le pouvoir organise des élections truquées depuis des décennies ;
Certains partis de l’opposition se battent pour quelques sièges au lieu d’exiger la vraie décentralisation ;
La population, elle, boycotte massivement la pseudo décentralisation par lucidité et le pouvoir répond par des impostures répétées.
Une question centrale est primordiale. Quelle décentralisation quand l’État reste fortement centralisé avec la cinquième République?
Une véritable décentralisation devrait garantir:
– Des services administratifs au service des citoyens dans chaque préfecture ;
– Des droits équitables pour tous les citoyens, qu’ils vivent à Lomé ou à Tchamba ;
– Une autonomie locale réelle, budgétaire et décisionnelle.
Il est temps d’ouvrir les yeux:
Ce n’est pas une décentralisation.
C’est une prédation territoriale organisée.
Ce n’est pas une réforme.
C’est un système d’exclusion géographique et sociale.
Et ceux qui se battent pour participer à ce simulacre ne font que légitimer l’injustice.
L’appel à la lucidité populaire et à la rupture démocratique s’impose à tous les citoyens. C’est l’heure de la rupture totale !
Le peuple togolais ne doit plus courir derrière des illusions. Il est temps de:
– Dénoncer ce faux-semblant administratif ;
– Revendiquer des services publics de proximité dans tous les secteurs, pour tous, partout au Togo ;
– Refuser les élections-trappes qui légitiment l’iniquité territoriale ;
– Engager un nouveau projet de société basé sur la justice territoriale, l’équité sociale et la souveraineté populaire.
C’est dans les quartiers, les villages, les consciences et les luttes que se construit la vraie République.
Guillaume KOLOR
Étincelle dans un coin de l’univers.
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