Guerre russo-ukrainienne: l’inutile visite de Macky Sall à Poutine?

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Guerre russo-ukrainienne: l’inutile visite de Macky Sall à Poutine?
Guerre russo-ukrainienne: l’inutile visite de Macky Sall à Poutine?

Africa-Press – Togo. Le député Gerry Taama, président du Nouvel engagement togolais (NET), estime être déçu de la visite du président sénégalais Macky Sall à Vladimir Poutine, chef de l’Etat russe.

Plutôt déçu de la visite de Macky Sall à Poutine

Il y a trois choses qui m’ont déçu de ce déplacement.

La première, c’est d’aller presque quémander les exportations d’engrais alors que l’Afrique possède environ 90% des réserves de phosphate au monde. Le Maroc à lui seul en dispose 85%, sans compter l’Égypte, la Tunisie, le Sénégal et le Togo. Cette guerre est une occasion pour nous africains d’apprendre à compter sur nous même. J’aurai apprécié qu’on se tourne cette année vers la Chine (premier producteur mondial d’engrais) tout en lançant un vaste plan Marshall pour aider le Maroc à satisfaire d’ici quelques années les besoins du continent. Ça nous éviterait tout simplement de donner l’impression de prendre le parti de Poutine.

La seconde est que je ne sais pas qui l’a envoyé pour plaider notre cause pour le blé là-bas. En bon Togolais, je peux faire une année sans manger de pain.

De même, demander à Poutine de débloquer l’acheminement du blé ukrainien, donne l’impression qu’on considère normal que Poutine décide du sort des biens de l’Ukraine. Pas d’accord avec ça. Mais le plus grave c’est l’aveu fait de notre faiblesse. 60 ans après les indépendances, l’Afrique est encore extrêmement indépendante sur le plan alimentaire alors que 60% des terres arables non cultivées au monde se trouvent en Afriqu. Avec de tels atouts on n’a pas le droit d’aller quémander des céréales ailleurs. Mettons-nous au travail et nourrissons le monde.

“Nous sortons d’ici très rassurés et très heureux de nos échanges” a déclaré Macky Sall en sortant de la rencontre avec Poutine. Cette phrase prononcée alors que 14 millions d’Ukrainiens ont fui leurs domiciles et que 100 ukrainiens meurent par jour pour défendre leur pays (ce que je ferais si quelqu’un envahissait le Togo, et ce que chaque patriote est appelé à faire pour défendre sa terre) reste pour moi une maladresse. Contrairement à ce qu’on cherche à nous faire croire, au premier vote à l’Onu condamnant l’agression par la Russie de l’Ukraine, un seul pays africain a voté contre (Érythrée), 8 ont pratiqué la politique de la chaise vide (dont le Togo), 16 se sont abstenus, et 20 ont voté pour. Dans la zone Cedeao, les trois premières puissances économiques et pays les plus peuplés (Nigeria, Côte d’Ivoire, Ghana) ont condamnés l’invasion. Par conséquent se montrer enchanté par des échanges avec Poutine au nom de l’Afrique reste pour moi un manque de diplomatie.

Pour moi, l’exigence qui aurait du sens de la part de l’Afrique serait de demander un cesser le feu immédiat. Comme le font si bien le secrétaire général des nations unies et le pape.

Pour finir sur cette troisième partie, je comprendrai les ukrainiens s’ils refusent de recevoir Macky Sall. Le bon sens aurait voulu, comme l’a fait Guterres, de quitter Sotchi pour se rendre directement à Kiev. Ceux qui souffrent de celte guerre sont les Ukrainiens, pas les russes. Rencontrer Poutine, rentrer en Afrique et promettre vaguement aller un jour en Ukraine reste un affront pour les 20 pays africains ayant condamné cette invasion. Le pire est que ce déplacement, en dehors de la manipulation médiatique, n’a servi à rien. Poutine s’est contenté de nous rappeler notre passé colonial et nous a renvoyé vers l’occident. ” Dites-leur de lever les sanctions” Tout comme si les sanctions s’étaient faites toutes seules, sans la tentative d’annexion d’un état indépendant.

Bref, voilà mes réflexions de dimanche. Je sais que sur le sujet de l’Ukraine ma voix est très minoritaire, mais la liberté d’opinion dont nous jouissons dans ce pays, que je n’aurais pas eu si je résidais en Russie, me permet encore de dire ce que je pense. Et pour moi c’est un droit sacré. Ayons toujours le courage de nos idées, même si elles sont minoritaires. C’est ce qui fera de nous demain, après nous, tel un Galilée, des grands hommes.

Gerry Taama

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