Africa-Press – Togo. 3 mai 2025 vu par le retraité politique. Que chacun s’occupe de ses oignons.
Ça y est donc, une page est définitivement tournée ce samedi 3 mai. Nous venons donc de clore définitivement la période transitoire entre la 4ème et 5 ème république. Avant de dire les sentiments qui m’animent, j’aimerais faire quelques précisions, qui me semblent pertinentes.
La première est que ni moi, ni aucun des députés du parti net que je dirigeais à l’époque n’ont participé au vote de la nouvelle constitution. Le 19 avril 2024, 87 députés sur les 91 qui composaient l’assemblée nationale ont voté à l’unanimité des députés présents, la nouvelle constitution. Les trois députés du net ont boycotté la séance. Je sais que aujourd’hui tout ceci n’a peut être pas d’importance, mais il faut restituer les faits.
La seconde est que non content d’avoir boycotté le vote, j’ai saisi la cour constitutionnelle en vue de faire annuler le vote de cette constitution. J’ai été débouté. J’ai ensuite décidé de quitter la politique et de rester dans mon coin. Ce que je fais actuellement.
Il y’a des esprits malfaisants, qui, n’ayant pas suivi l’actualité politique à cette époque, ou alors voulant noyer le poisson, viennent brayer « Vous aussi vous avez voté ce texte ». J’ai beaucoup de défauts mais je ne me cache jamais pour prendre mes décisions. Si je voulais soutenir le texte, je l’aurait fait. Sans jamais me cacher.
Alors? Quels sont mes sentiments?
Le premier est bien entendu la tristesse. J’ai quand même confisqué 13 ans de ma vie comme président d’un parti politique au Togo, avec son lot de sacrifices financiers, personnels, sociaux…j’ai respiré le gaz lacrymogène, couru le cacher, j’ai été agressé, vilipendé et j’ai l’impression est que tout ceci n’a servi à rien.
Le second est un sentiment de contentement désabusé. J’avais vu juste quand il y’a une année, je quittais la politique en disant qu’il n’y avait plus d’espoir. La politique telle que nos aînés et nous mêmes avons essayé de le faire est morte. Le paradigme a changé. Je ne vais pas développer davantage, il faut lire mon message de départ de la scène politique.
Mon troisième sentiment est celui de la résilience. Il ne s’agit plus de résister, mais de survivre. S’occuper de sa famille et des besoins vitaux, et trouver du bonheur dans les plaisirs simples de la vie. Ce n’est pas une renonciation mais mais du simple pragmatisme. J’ai essayé, j’ai échoué, j’ai 50 ans, il faut essayer de bien vivre pour le temps qu’il me reste sur terre.
Le dernier sentiment est une exhortation. Maintenant que toute opposition est complètement éliminée. Il n’ya plus d’excuse pour ne pas développer le pays. En tant que simple citoyen, je me réserve toujours le droit de donner mon opinion sur le gestion de notre pays, qui est un bien commun. Parce que le point commun qui reste entre la 4ème et le 5ème république, c’est que les indicateurs de développements ne changent pas. Nous avons toujours pres de la moitié de notre population qui vit sous le seuil de la pauvreté, l’emploi est une denrée rare dans notre pays, et la précarité est là, tenace. Si tous ces indicateurs passent au vert dans quelques années, je crois que nos compatriotes encenseront le nouveau régime politique. Autrement, tout ceci n’aura servi à rien.
Je suis si triste. Ce qui me rend le plus triste c’est que nous pouvons rester encore pendant plusieurs décennies sans expérimenter l’alternance politique. Voir ce que serait notre pays avec un autre parti politique au pouvoir. J’en ai les larmes aux yeux.
Mais que peut-on y faire? Que peut-on y faire?
Gerry.
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