Africa-Press – Togo. L’ex-président burkinabé, Paul Henri Sandaogo Damiba, en exil au Togo depuis son renversement en 2022, pourrait bientôt être extradé vers le Burkina Faso. Selon des sources concordantes, le capitaine Ibrahim Traoré, actuel dirigeant du pays, a entamé des négociations avec les autorités togolaises en vue de rapatrier Damiba, accusé de graves faits liés à l’attaque de Barsalhogo.
Paul Henri Damiba est au cœur d’une enquête menée par les autorités burkinabé sur l’attaque meurtrière de Barsalhogo, dans le nord du pays. Le gouvernement de transition l’accuse d’avoir entretenu des liens avec des groupes terroristes, responsables de cette tragédie qui a fait de nombreuses victimes. Le nom de l’ancien chef d’État a émergé dans l’affaire, ce qui a poussé Ibrahim Traoré à demander son extradition pour répondre de ses actes devant la justice burkinabé.
Le Togo, pays d’accueil de Damiba, est aujourd’hui un acteur clé dans ces négociations. Proche de l’Alliance des États du Sahel (AES), le Togo pourrait accepter la demande d’extradition formulée par Ouagadougou, facilitant ainsi la tenue d’un procès équitable au Burkina Faso. Selon Ibrahim Traoré, les discussions progressent favorablement, les autorités togolaises ayant été « particulièrement étonnées » par l’implication supposée de l’ancien président dans cette attaque. « Honnêtement, au début, nous ne voulions pas être désagréables avec un ancien président. Mais au regard des accusations portées contre lui, nous avons pris contact avec le Togo. Ils sont eux-mêmes surpris par le rôle supposé de Damiba dans cette tragédie », a déclaré le capitaine Traoré lors d’un entretien.
Paul Henri Damiba, arrivé au pouvoir en janvier 2022 après avoir renversé le président Roch Marc Christian Kaboré, a lui-même été évincé par Ibrahim Traoré en septembre de la même année. Avant même l’émergence de l’affaire Barsalhogo, les relations entre les deux hommes étaient déjà marquées par des tensions. Damiba aurait notamment critiqué ouvertement la gestion de Traoré à travers une lettre jugée acerbe par des proches du pouvoir. Certains observateurs affirment que l’ancien président était déjà dans le collimateur du nouveau régime.
Si les négociations aboutissent, Damiba pourrait être renvoyé au Burkina Faso pour être jugé. Cette extradition marquerait un tournant décisif dans l’affaire Barsalhogo, tout en renforçant la posture de Traoré, déterminé à lutter contre l’impunité et à faire face aux menaces sécuritaires qui pèsent sur le pays. Cependant, l’issue de ces pourparlers reste suspendue à la décision des autorités togolaises, qui doivent encore trancher sur cette affaire hautement sensible.
En attendant, Paul Henri Damiba, qui vit une retraite discrète au Togo, fait face à une incertitude judiciaire qui pourrait bien bouleverser son exil.
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