Africa-Press – Togo. Dans le nord du Togo, la population est sous la pression djihadiste dans la région des Savanes ; crise humanitaire, avec des incursions terroristes venues des pays voisins comme le Burkina Faso, et tensions entre populations Peules déplacées et des agriculteurs.
L’étau se resserre dans le nord du Togo, autour des habitants de la région des Savanes. Son gouverneur alerte sur “l’extrémisme”, sur les “tentatives de divisions religieuse ou ethnique” qui menacent dangereusement le tissu social, rapporte l’Agence togolaise de presse. Des familles sont démunies, peut-on lire dans un autre article, car l’insécurité et le sous-développement persistent, poursuit le journal Togo-Réveil, dans la région des Savanes. Elle se situe à la frontière avec le Burkina Faso où, depuis 2015, les attaques djihadistes sont de plus en plus fréquentes, rappelle Jeune Afrique, et “un large pan du territoire burkinabè échappe au contrôle de l’Etat” et du chef de la junte, Ibrahim Traoré, malgré ses promesses de sécurité totale, relayées par le quotidien burkinabè Sidwaya. Et dans ce chaos, les communautés peules sont “prises entre l’enclume jihadiste et le marteau de la junte au pouvoir”, au Burkina Faso comme au Mali, d’ailleurs, relève Jeune Afrique dans une série d’enquêtes aussi glaçantes que passionnantes. Des soldats livrent les Peuls à la vindicte des paramilitaires.
Crise humanitaire au Togo: Par effet domino, plus au Sud, la région des Savanes au Togo connaît une crise humanitaire inédite puis 2022, alerte le journal togolais Laabali, avec des incursions terroristes, des tensions également entre populations déplacées et des agriculteurs. “Pâturages et points d’eau y sont, chaque jour davantage, source de conflits”, souligne Jeune Afrique, “pourtant, dans la région des Savanes, l’élevage tient une place importante et les villageois togolais ont toujours confié leur bétail aux Peuls. « On s’occupait de leurs bœufs, on a bâti nos maisons près des leurs, et on vivait ensemble, chacun avec son activité. »
Les Peuls, sédentarisés, restaient dans les villages avec leurs familles, et les bouviers ne partaient vers la forêt qu’en saison sèche, entre février et mai, quand les pâturages devenaient rares”, ajoute Jeune Afrique. Mais cet équilibre s’effondre avec l’augmentation de la population, l’afflux de réfugiés qui ont fui le terrorisme au Burkina Faso notamment, sans compter de nouvelles pratiques agricoles et le dérèglement climatique. “L’eau manque, l’herbe a disparu”, raconte Pendo Kourido, une éleveuse de la région des Savanes, interrogée par Jeune Afrique. Même dans les zones reculées du Togo, poursuit le magazine panafricain, les groupes armés viennent voler le bétail des communautés peules du nord du Togo et les pâturages, jonchés d’engins explosifs improvisés, sont devenus des terrains dangereux. Les djihadistes ont même tué un jeune Peul qui servait d’interprète à la gendarmerie: “il symbolise le sort réservé à ceux perçus comme proches des autorités”, indique Jeune Afrique.
Dans le même temps, les forces de sécurité togolaises soupçonnent les Peuls d’aider les terroristes (phénomène également observé au Burkina Faso, comme je le mentionnais dans une précédente chronique). Cette communauté se retrouve donc prise en étau, forcée à des déplacements incessants. Et depuis que les surfaces cultivées prennent le pas sur les pâturages, sur les couloirs de transhumance dans le nord du Togo, “nos bœufs meurent de faim. Les paysans ont labouré partout”, déplore un éleveur dans les pages de Jeune Afrique. Malgré des appels aux dialogues, relayés par l’Agence togolaise de presse, la communauté Peule souffre au Togo et même dans toute l’Afrique de l’Ouest.
Le Togo, également théâtre d’une révolte contre le pouvoir
Manifestation d’une partie de la jeunesse contre 20 ans de pouvoir: Des manifestations se sont tenues, la semaine dernière à Lomé, la capitale togolaise, contre le maintien au pouvoir de Faure Gnassingbé, à la tête du Togo depuis 2005, comme président de la République et désormais comme président du Conseil des ministres, grâce une réforme constitutionnelle. Mais selon le journal guinéen Le Djély, repris par Courrier International, “en mettant l’emphase sur l’évolution du régime présidentiel vers celui parlementaire, Faure Gnassingbé masque plutôt ses propres intérêts en feignant de replacer le peuple au centre du jeu démocratique. Car, dans les faits, il s’est assuré de demeurer encore pour longtemps l’alpha et l’oméga de tous les secteurs de la vie de son pays”, écrit Le Djély. Inacceptable pour “une jeunesse qui refuse de plier”, salue le site d’information letogolais.com. Médiapart y voit également une révolte inédite, d’étudiants, d’artisans, de médecins et autres soignants.
Arrestations arbitraires, titre Le Monde Afrique: Si 56 manifestants ont été remis en liberté”, a annoncé le procureur de la République à la télévision d’Etat togolaise, d’autres restent en détention. “Mais chaque fois que des menottes se referment sur les poignets d’un combattant, une flamme s’embrase dans le cœur de milliers d’autres. Ils ont voulu réduire au silence Aamron, ce rappeur dont les mots étaient des armes de liberté”, analyse le site d’information letogolais.com pour qui “l’heure n’est plus à la peur, mais à la révolte”, comme un écho à un autre article du quotidien togolais Liberté.
Source: radiofrance.fr
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