Rencontre Faure Gnassingbé et Umaro Sissoco Embaló : Le président togolais voit-il enfin une vie après la présidence ?

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Rencontre Faure Gnassingbé et Umaro Sissoco Embaló : Le président togolais voit-il enfin une vie après la présidence ?
Rencontre Faure Gnassingbé et Umaro Sissoco Embaló : Le président togolais voit-il enfin une vie après la présidence ?

Africa-Press – Togo. Faure Gnassingbé a accueilli hier à Kara le président bissau-guinéen Umaro Sissoco Embaló, président en exercice de la CEDEAO. Les deux chefs d’Etat ont des visions divergentes du pouvoir. Le Togolais s’y accroche alors que le bissau-guinéen s’oppose au troisième mandat. Reste à savoir si Faure Gnassingbé a été illuminé par son homologue.

L’hôte de Faure Gnassingbé n’est autre que le président bissau-guinéen Umaro Sissoco Embaló, élu le 03 juillet dernier à la tête de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO. « Le Président Umaro Sissoco Embaló de Guinée Bissau est arrivé en fin de matinée ce 12 juillet 2022 au Togo. Il a été accueilli à l’Aéroport international de Niamtougou, par le chef de l’Etat, Faure Essozimna Gnassingbé. Un entretien est prévu entre les deux chefs d’Etat à Pya », rapporte la présidence de la République. « Les relations diplomatiques et la coopération bilatérale seront à l’ordre du jour, de même que des sujets relatifs à la situation de la région ouest africaine et au renforcement de l’intégration au sein de l’espace communautaire », précise-t-on.

C’est une surprise. Deux chefs d’Etat aux visions diamétralement opposées se sont retrouvés ce mardi à Kara, à la faveur de la célébration de la fête traditionnelle des Evala. Une situation inédite puisque depuis qu’ils sont devenus collègues, Faure Gnassingbé et Umaro Sissoco Embaló n’ont jamais été proches. Même si les propagandistes vont faire de cette visite du président Embaló au Togo une victoire pour le régime le place, il est évident que c’en n’est pas une. Les visites de chefs d’Etat n’ont rien de glorieux, en plus du fait que le bissau-guinéen est le président en exercice de la CEDEAO et qu’à ce titre, il ne saurait rejeter l’invitation d’un pays membre de l’organisation sous-régionale.

Mais dans la pratique, Faure Gnassingbé et Umaro Sissoko Embaló, c’est la nuit et le jour. Le chef de l’Etat togolais est connu pour sa vision étrange du pouvoir et ses projets anticonstitutionnels dont l’aboutissement est le pouvoir à vie. Il a encore donné raison à ses adversaires politiques, mais aussi au peuple togolais en s’opposant, il y a quelques semaines à l’adoption de la limitation des mandats dans le protocole de la CEDEAO. Pourtant, il est déjà dans son quatrième mandat. Une longévité toujours inégalée en Afrique et pour laquelle il est surnommé « jeune doyen » des chefs d’Etat de la CEDEAO. Les signes indiquant qu’il cherche à régner à vie sur le pays comme son géniteur sont évidents.

En face de Faure Gnassingbé, il y a Umaro Sissoco Embaló, président de la Guinée Bissau depuis seulement deux ans. Mais déjà, l’homme a marqué son territoire et montré sa vision du pouvoir en exprimant son dégoût pour les longs règnes, en l’occurrence le 3ème mandat présidentiel. Dans une interview accordée à Jeune Afrique en septembre 2020, il réitère sa position contre le 3ème mandat, provoquant le courroux de ses homologues ivoirien, guinéen et togolais. Il y a assimilé les 3ème mandats à des coups d’Etat et souligné qu’au-delà d’un certain âge, on ne peut plus exercer le pouvoir.

« Aucun président ne doit se penser irremplaçable. J’ai beaucoup d’estime pour le président Mahamadou Issoufou. C’est un homme qui me sert d’exemple, surtout depuis qu’il a eu cette phrase pour justifier son renoncement à se représenter : « Nous sommes 22 millions de Nigériens, pourquoi aurais-je l’arrogance de croire que nul ne peut me remplacer ? »… Je pense que nous devons respecter la Constitution. Et aussi qu’au-delà d’un certain âge, par exemple 80 ans, il est compliqué d’exercer le pouvoir. L’Afrique ne devrait plus avoir affaire à des Mugabe. En France, le président est jeune, c’est aussi le cas des Premiers ministres espagnols, italiens ou autrichiens… Alors pourquoi pas en Afrique ? Notre Constitution autorise deux mandats. Je n’en ferai pas de troisième, je ne suis pas dans cette dynamique », avait-il déclaré.

Dans le communiqué conjoint publié en début de soirée hier, il est dit que les deux chefs d’Etat ont évoqué des questions d’ordre bilatéral, sous-régional et mondial. « Son Excellence Monsieur Faure Essozimna Gnassingbe a félicité son homologue Bissau-Guinéen pour le climat de stabilité et de sécurité qui prévaut dans son pays ainsi que pour son élection à la présidence de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Pour sa part, le Président Embalo a salué le leadership sous-régional du Président de la République Togolaise et la part active que prend le Togo dans les efforts de la CEDEAO pour garantir la paix, la sécurité et la stabilité dans tous les Etats membres ». C’est tout à fait le genre de communiqué classique qu’on lit à la fin de pareille rencontre.

Bien évidemment, la politique intérieure de chaque pays a été occultée, même s’il est possible que le sujet soit abordé. Le principal conseil que donnerait le Bissau-Guinéen à son homologue togolais est de songer à une vie après la présidence. Si Faure Gnassingbé est un personnage réceptif, il devrait être marqué par les idéaux de son homologue. On se demande alors si le fils d’Eyadema va changer de vision.G.A.

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