Togo/Echos du Palais de Justice : le Col Massina et le Col Sogoyou étaient à la barre ce 2 novembre

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Togo/Echos du Palais de Justice : le Col Massina et le Col Sogoyou étaient à la barre ce 2 novembre
Togo/Echos du Palais de Justice : le Col Massina et le Col Sogoyou étaient à la barre ce 2 novembre

Africa-Press – Togo. Le procès sur l’assassinat du Col Madjoulba s’est poursuivi le 2 novembre 2023 avec l’audition des témoins. L’un des témoins les plus attendus, accusé nommément par le Gal kadanga dans ses tracts comme commanditaire de l’assassinat, était à la barre ce jour. Il s’agit du Col Massina Yotrofeï, (alias Louis Vuiton, il est friand de cette marque). Directeur Général de la Gendarmerie au moment des faits.

Il a été interrogé sur ce qu’il pensait de « l’enquête parallèle » de l’USM qui relevait du Chef d’Etat-major Général d’alors, le Gal Kadangha ; la motivation du Gal kadangha par rapport à cette enquête ; son opinion sur le but poursuivi par les tracts et sur la question d’un SMS envoyé par le Col Ali au Gal Kadangha.

Sur « l’enquête parallèle » de l’USM, le Co MAssina, a relevé dès l’entame de ces déclarations que l’USM n’a pas de compétence judiciaire.

Selon lui, les motivations réelles de cette enquête était de masquer, de détourner l’attention des officiers judiciaires qui étaient sur l’enquête. Détourner l’attention des OPJ de leur objectif qui est de retrouver des preuves et de poursuivre les vrais auteurs de l’assassinat.

Même analyse pour les tracts distribués par Col Ali sur ordre du gal Kadangha. Tracts dans lesquels ils (Massina et Sogoyou) sont nommément cités comme commanditaires de l’assassinat. Selon lui, ces tracts ne sont pas faits de façon anodine. Ils ont un but précis vu là où ils ont été déposés et le message véhiculé. Celui de susciter une action, un soulèvement au sein de l’armée qui pourra aboutir à la déstabilisation des institutions.

Quant aux sms, à l’en croire, ils ont été également envoyés pour détourner l’attention des gens et leur faire croire qu’il (le Col Massina) est l’auteur de ce qui s’est passé.

A la question du procureur : le Gal dit avoir rédigé les tracts pour riposter contre des éléments audiovisuels (dont Massina est l’instigateur) qui ont circulé et qui l‘ont accusé d’être le commanditaire du crime.

Le Col Massina affirme ne rien avoir avec ces éléments audiovisuels. Qu’il n’a pris connaissance des éléments qu’après la création de la commission.

Revenant sur l’enquête parallèle, une longue discussion a eu lieu à l’audience sur le fait que les éléments de l’USM, notamment le Commandant Atékpé a pu interroger Songuine qui se trouvait en ce moment garder à la gendarmerie.

Le Commandant Bouwè et Atékpé disent avoir appelé le Col Massina au téléphone qui les avait envoyés chez le lieut-col Hodin Edoh qui avait fait sortir Songuine pour l’interrogatoire. Le Col Massina, de son côté, a rejeté ces déclarations en affirmant qu’il ignore les circonstances dans lesquelles l’audition de Songuine s’est déroulée.

Avant le Col Massina, 4 autres témoins ont été entendus dans la matinée. Parmi ceux-ci se trouvent le Caporal-Chef Tcha Pyabalo et le Col Tchakbera. Le Caporal-Chef Tcha est le charlatan (Fifion Ribana) du 1er BIR, le responsable du groupe tradition et pratiques mystiques. Il a coordonné les pratiques mystiques qui se sont déroulées au camp pour retrouver les auteurs du crime.

Il a déclaré que c’est le Col Agbonkou qui leur avait donné l’autorisation pour les pratiques mystiques. Ce dernier avait, lui aussi, reçu le ok du Gal Kagangha. Dans sa déposition devant les juges d’instruction, selon les résultats de la consultation, les esprits avaient dit que le Gal kadangha et le Col Ali sont les commanditaires de l’assassinat et les auteurs, le chauffeur, la secrétaire et le Chef Alliang (qui s’est suicidé).

Selon ses déclarations, ils avaient reçu du Gal Kadangha par le biais du Col Ali au total 220.000 FCFA pour l’opération.

Quant au Col Tchakbera, il est revenu sur leur (lui et le Col Baoula) rencontre avec le Col Madjoulba chez lui au foyer le soir de son assassinat. Il a pris un tout petit peu le contrepied de ce que le col Baoula avait déclaré concernant les confidences et les mises en garde que le Col Madjoulba leur avait faites cette soirée. « Fais extrêmement attention et ne fais confiance à personne y compris le Général », avait déclaré le col Baoula comme mise en garde, à lui, faite par le Col Madjoulba.

Selon le Col Tchakbera, le Col Madjoulba, lors de leur rencontre, avait dit « ne fais confiance à personne ». Sans « y compris le Gal ».

L’audition des témoins s’est poursuivie l’après-midi avec le Col Sogoyou, qui était Chef d’Etat-major de l’armée de terre à l’époque des faits. Il était également l’un des mis en cause dans les tracts distribués (dont le Gal Kadhanga avait reconnu la paternité). Pour lui, l’objectif derrière ces tracts était de faire de la diversion et amener une tension entre la Gendarmerie et le BIR. Pour lui, c’était pour que les hommes se révoltent contre lui. Il a assuré que les éléments du BIR allait finir avec lui. Pour lui, c’était pour créer un chaos au sein de l’armée. Quant au SMS du 04 mai 2020 qui stipulait qu’il avait des tueurs partout et même au Mali, et qu’une autre personne allait mourir dans les mêmes conditions, il a dit ne pas avoir accordé plus d’importante à cela et même aux tracts. Il a assuré que c’est lors de son interrogatoire qu’il a su que c’était le Gal Kadangha qui était derrière ses tracts. Quant à ses relations avec Madoulba, il a assuré qu’il n’y avait pas grand-chose, mais il a reconnu l’avoir puni une fois pour défaut de compte rendu.

Concernant ses relations avec le Gal, il a dit qu’il n’y a pas d’inimitié entre eux. Seulement, lui ne comprenait pas parfois la manière dont il lui parlait avec dédain en public. Il a révélé que le Gal avait également, à sa nomination comme CMAT envoyé deux officiers chez lui à la maison pour lui dire de ne pas s’approcher de Massina alors que 4 mois auparavant, c’était le même Gal qui lui avait montré certains officiers dont Massina comme quoi, c’est avec eux ils travaillent. Cela lui avait paru bizarre.

Il y avait aussi le Commandant Kalao qui aussi était passé à la barre. Il était en poste à l’USM à l’époque des faits. Il a assuré que tous les actes qui ont été posés pour le compte ont été effectués sur ordre de leur supérieur notamment Kpoè. Il a avoué ne pas comprendre pourquoi ses patrons de l’époque notamment le Commandant Atèkpè se retrouve aujourd’hui dans le box des accusés.

Pour le Commandant BALI, c’était sur les ordres du Lieutenant-Colonel Atèkpè du SCRIC (à ne pas confondre avec celui de l’USM qui est dans le box des accusé) qu’il était retourné sur les lieux du crime pour rechercher l’étui aux alentours du bureau de feu Madjoulba. Il a confirmé que c’est le Commandant Kombaté qui a fini par retrouver l’étui.

Le Soldat de 1ère classe Alexandre aussi a déposé en tant que témoin. Il était de garde à la porte principale (Nord) la nuit des faits et affirme n’avoir jamais vu le chauffeur sortir du camp. Il a assuré ne pas le connaître personnellement mais il pouvait le reconnaître par sa moto et que lui ne l’a jamais vu sortir du camp. Il a assuré aussi n’avoir pas entendu de coup de feu cette nuit. Placé au même endroit lors de la reconstitution des faits, il assure n’avoir rien entendu également. Son compère de garde cette nuit, le Soldat 2ème classe Akou Yao Laurent a fait le même récit sauf que curieusement, lors de la reconstitution des faits, lui a été placé au niveau du commandement et il a assuré avoir écouté le bruit de l’arme cette fois-ci. L’avocat du chauffeur de Madjoulba a relevé cette incohérence. Le chauffeur est revenu à la barre pour assurer qu’en réalité, les deux soldats là n’avaient pas leur place là bas. Que non seulement, ils n’avaient pas à l’époque fini leur FSB (formation de base) pour qu’on leur confie même une sentinelle. Il a ajouté qu’il n’a jamais été confronté à ses deux éléments lors de sa détention et que c’était seulement une soldate qu’on lui avait présentée comme étant à la garde à l’entrée cette nuit.

Le Sergent Batana qui était sous la paillote cette nuit avec un autre en train de regarder un film (pour adulte) assuré quant à lui avoir vu le chauffeur cette nuit faire une manœuvre avec sa moto pour sortir du camp seulement, il est incapable de situer l’heure de la sortie du chauffeur et l’heure du tir. Pour ce qui est d’un bruit similaire à la tombée d’une mangue, il a dit ne pas trop avoir accordé d’importance à cela.

Pour le dernier témoin, le Lieutenant-Colonel Atèkpè, qui était au SCRIC au moment des faits, il a révélé que c’était son frère, l’autre Atèkpè qui l’avait informé du drame, lui aussi avait immédiatement appelé son patron Massina qui lui a dit qu’il était déjà au courant. Ayant une affinité avec le défunt, il a assuré avoir fait de son mieux aussi et a confirmé avoir donné l’ordre pour qu’on fouille derrière le bureau du Colonel Madjoulba puisque l’hypothèse d’un tir à partir de la fenêtre était évoqué. Il a souligné n’avoir eu le Général que le soir du 4 mai. il a conclu en disant que le Gal Kadanga est son papa et il en est honoré.

Après un retrait momentané du Tribunal, l’audience a été suspendue pour demain avec la parole qui sera donnée aux parties civiles puis éventuellement les plaidoiries.

Ferdinand Ayite

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