Togo- Le régime s’enfonce dans une dérive autoritaire, et ne veut plus aucune voix dissonante dans le pays

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Togo- Le régime s’enfonce dans une dérive autoritaire, et ne veut plus aucune voix dissonante dans le pays
Togo- Le régime s’enfonce dans une dérive autoritaire, et ne veut plus aucune voix dissonante dans le pays

Africa-Press – Togo. Un mandat d’arrêt international a été émis contre deux journalistes condamnés par contumace au Togo pour “outrage à l’autorité”. Reporters sans frontières (RSF) dénonce une décision arbitraire et demande que ce mandat international ne soit pas exécuté.

Le tribunal a lancé un mandat d’arrêt international contre Ferdinand Ayité et Isidore Kouwonou. Les journalistes togolais, respectivement directeur de publication et rédacteur en chef du bihebdomadaire et média en ligne L’Alternative, ont été condamnés par contumace le 15 mars 2023 à trois ans de prison ferme et à une amende de 3 millions de francs CFA (environ 4 500 euros) pour “outrage à l’autorité” et “propagation de propos mensongers sur les réseaux sociaux”.

Ferdinand Ayité était initialement poursuivi depuis le 10 décembre 2021 pour “diffamation” et “outrage à l’autorité” au même titre que l’ancien directeur de publication du journal Fraternité, Joël Egah, décédé le 6 mars 2022. Deux ministres avaient porté plainte contre eux suite à une émission d’actualité en ligne de L’Alternative animée par le journaliste Isidore Kouwonou. Les journalistes les avaient mis en cause dans une affaire de détournement de fonds publics. Arrêtés dans la foulée, Ferdinand Ayité et Joël Egah seront finalement libérés après près de deux semaines de détention, et placés sous contrôle judiciaire. Isidore Kouwonou, lui, a été directement placé sous contrôle judiciaire.

“Ferdinand Ayité et Isidore Kouwonou sont aujourd’hui obligés de fuir leur pays pour des questions de sécurité, après avoir été plusieurs fois arrêtés, intimidés et espionnés par les autorités. Alors qu’ils viennent d’être condamnés à de la prison ferme, nous dénonçons une décision arbitraire et nous demandons que le mandat d’arrêt international déposé contre eux ne soit pas exécuté, a indiqué Sadibou Marong, directeur du bureau Afrique subsaharienne de RSF.

Alors qu’ils avaient reçu, le 1er mars 2023, une convocation leur signifiant le début de leur procès prévu le 8 mars, Ferdinand Ayité est brièvement interpellé le 4 mars à la frontière entre le Togo et le Bénin. Il est interrogé et momentanément privé de son passeport. Sachant qu’il serait de nouveau interpellé le lendemain, le journaliste “a pris des dispositions pour se mettre à l’abri, avant de quitter le territoire quelques jours plus tard”, selon un communiqué de la rédaction de L’Alternative. Isidore Kouwonou a fait de même et se trouve actuellement en sécurité.

Journaliste d’investigation de renom, connu pour ses positions critiques envers le pouvoir en place, Ferdinand Ayité fait régulièrement l’objet d’intimidations et fait partie des journalistes ciblés en 2021 par une surveillance via le logiciel espion Pegasus par leur gouvernement.. Selon lui, cette lourde condamnation des responsables de L’Alternative est un message clair à l’ensemble de la presse au Togo. Je crains, déclare-t-il à RSF, que dans un avenir proche d’autres médias indépendants subissent le même sort. Il est clair que le régime togolais, qui s’enfonce tous les jours dans une dérive autoritaire, ne veut plus aucune voix dissonante dans le pays”.

La rédaction de L’Alternative a vivement réagi à cette décision judiciaire qu’elle qualifie d’“inique”. C’est “l’épilogue d’un long acharnement sur des journalistes indépendants qui ne font que leur travail d’enquête sur les dessous de la gouvernance scandaleuse du pays.”

L’Alternative a déjà été suspendue quatre mois en février 2021 sur plainte d’un ministre, et deux mois en mars 2020 suite à celle de l’ambassadeur de France. Cette même année, Ferdinand Ayité et sa publication ont été condamnés à une amende de quatre millions de francs CFA (un peu plus de 6 000 euros) après avoir révélé des détournements colossaux d’argent dans l’importation du carburant au Togo, une affaire plus connue sous le nom de Pétrole-gate.

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