Africa-Press – Togo. C’est à croire que le peuple togolais a le chic, voire le triste privilège, de se saborder lui-même à la veille de chaque espérance collective.
L’histoire semble bégayer, non par fatalisme mais par une malédiction que nous entretenons nous-mêmes avec une assiduité déconcertante.
Depuis plus de 60 ans, une dictature féroce, cynique, et résolument anachronique s’éternise.
Et que voyons-nous en réponse à cette tyrannie obstinée?
Des gens qui se disent de l’opposition et qui travaillent à la fragmenter. Une société civile éclatée, méconnaissable. Une diaspora… impétueuse… désaccordée.
Au moment où toutes les forces de la nation devraient se lever comme un seul homme, que voyons-nous? Le spectacle affligeant de certains esprits, passionnés de ragots et de vétilles, allumant et entretenant sur les réseaux sociaux, à coups de mensonges et de diffamations, des querelles intestines avec des relents de haine et autres attitudes déloyales qui frisent le ridicule.
Certains, illuminés ou instrumentalisés, croient pouvoir terrasser la bête toute seule, à coups de posts enflammés et de vidéos indignées. Et, dans un élan d’arrogance ou d’aveuglement, ils décrètent que la lutte peut et doit se faire… sans les partis politiques. Rien que ça !
A les entendre, il faudrait écarter ceux qui, bien ou mal, ont pourtant essuyé les tirs, porté les deuils, et maintenu le flambeau allumé, parfois au prix de leur liberté, de leur vie ou de leur crédibilité.
Mais posons-nous la seule question qui vaille: Qui combattons-nous vraiment? La dictature militaire ou nos propres alliés?
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Il ne saurait y avoir de victoire contre une tyrannie enracinée dans les tripes du pays sans une coalition large, lucide et humble.
Le combat contre les GNASSINGBÉ n’est ni le monopole de blogueurs, ni le brevet de partis politiques, ni la chasse gardée d’un groupe WhatsApp.
C’est l’affaire de toutes les forces vives, quelles que soient leur forme, leur parcours ou leur langage.
Hélas, à défaut d’unir nos intelligences, certains préfèrent l’excommunication politique: ils passent leur temps à dénoncer ceux-là mêmes qu’ils supplient ensuite en coulisses de mobiliser les foules, sur un air de déjà vu, de déjà entendu.
Schizophrénie, folie politique? Opportunisme masqué? Ou pure incohérence? Peu importe le mot: l’effet est le même – nous piétinons dans la gadoue pendant que la dictature, elle, s’enracine.
Arrêtons donc de prendre nos frères pour des imbéciles.
A vouloir tirer prématurément la couverture à soi, ces apprentis sorciers du militantisme numérique ne font que couvrir la dictature d’un plaid confortable.
Et, pendant que nous nous invectivons à coups de: “Traître ! Vendus ! Opportunistes !”, le pouvoir, lui, se frotte les mains, savoure nos divisions et boit du Tchoucoutou à la santé de notre bêtise.
Le Togo ne sera libéré que par une convergence d’énergies. Point.
Tous les chemins ne mènent pas à Lomé II, mais toutes les forces doivent converger pour en faire tomber les remparts.
Alors, camarades d’ici et d’ailleurs, cessons de croire que chacun peut faire son solo dans une symphonie de résistance.
Le combat contre les GNASSINGBÉ ne se joue ni sur un clavier seul, ni dans une salle de réunion fermée.
Il se gagne dans la rue, dans les esprits, et surtout, dans l’union lucide et stratégique.
A bon entendeur, salut !
Car si nous ne vainquons pas ensemble, alors c’est ensemble que nous périrons, dans le ridicule et l’impuissance, face à l’Histoire.
Fidélia MESSANVI
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