Alain Foka Indésirable Au Togo Après RFI

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Alain Foka Indésirable Au Togo Après RFI
Alain Foka Indésirable Au Togo Après RFI

Africa-Press – Togo. «…Alain Foka s’est imposé comme le conseiller en communication le plus écouté du chef de l’état togolais. Ses murmures à l’oreille du prince sont régulièrement suivis d’effets, faisant de lui une véritable éminence grise à Lomé. Sa proximité avec le sommet de l’État lui confère des privilèges extraordinaires, quasiment au même niveau qu’un ministre, selon certaines sources. Véhicules avec escorte rapprochée, laissez-passer automatique à l’aéroport, accès aux marchés juteux… Très discret sur les dérives du régime Faure, Foka se garde également de tout commentaire sur la crise anglophone ou la contestation grandioses des années de règne de Paul Biya. Toujours est-il que cette success story insolente d’un Camerounais sous les ors du pouvoir togolais laisse un sentiment mitigé. Quand certains compatriotes s’enrichissent sur le dos de la misère du peuple togolais, d’autres mènent un combat de survie au pays. Un malaise récurrent dans une Afrique des paradoxes.» (Charles Manda, 237online.com, Cameroun)

Mi-octobre 2023 Alain Foka avait annoncé son départ de Radio France Internationale (RFI) après 31 ans de service. Selon des amis et proches du journaliste camerounais et l’intéressé lui-même, les raisons du départ seraient liées au fait que Monsieur Alain Foka n’aurait jamais cessé de réclamer un point de vue africain sur la marche du monde; et que ces derniers temps, le diplômé de Sciences Po Paris, détonne avec des points de vue qui épousent sans langue de bois celles des milliers d’Africains. Le narratif d’une Afrique qui réclame de plus en plus fortement une vraie indépendance et la fin de l’ingérence de l’ancienne puissance coloniale française dans ses affaires internes. En d’autres termes, Alain Foka épouserait de plus en plus des thèses panafricanistes, hostiles aux intérêts français. En un mot, il se serait vu assigner, par le destin, une mission panafricaniste, dont les contours et l’immensité du travail dépasseraient le petit monde de Radio France Internationale (RFI). Voilà à peu près les raisons qu’avancent Alain Foka et ses amis pour expliquer sa supposée démission de RFI.

Pourtant, d’après nos recherches, Alain Foka ne serait pas parti de RFI de son propre gré. Il aurait été licencié ou prié de partir pour la raison suivante: la Gécamines, société minière publique de la RDC, a versé 530 millions de dollars d’«avances fiscales», entre 2012 et 2020, dont l’Inspection générale des finances n’a pas retrouvé la moindre trace sur les comptes de l’État. Médiapart et d’autres medias, dont RFI, avaient pu documenter que des millions furent détournés, dont une partie en liquide. Il s’agissait donc de massifs détournements de fonds publics par le régime de Joseph Kabila qui a quitté le pouvoir en janvier 2019. Sur le site internet de RFI on peut lire que Jules Alingete, l’inspecteur général des finances à l’époque, avait confirmé par écrit les détournements: «À ce jour, rien de ce montant n’a été encore retracé au compte général du Trésor, en dépit des demandes incessantes de l’Inspection générale des Finances à la Banque centrale du Congo». C’est après donc cette enquête de détournements de fonds publics par Joseph Kabila et ses proches, réalisée par Médiapart, RFI et d’autres medias et confirmée, que notre journaliste camerounais Alain Foka décide d’aller à Kinshasa faire sa propre enquête, une contre-enquête, en interviewant l’Inspecteur Général des Finances (IGF) Jules Alingete; interview qu’il publiera sur sa chaîne youtube avec les logos officiels de RFI et France 24 pour disculper le camp Kabila. Après donc cette interview ou enquête, réalisée par Alain Foka le 25 novembre 2021 à Kinshasa le syndicat des travailleurs en France, la CGT (Confédération Générale du Travail) avait, à l’époque, exprimé son indignation en ces termes: «Alain Foka est-il au dessus de ses obligations légales? A-t-il le droit d’utiliser les marques RFI et France 24 pour son propre compte sur sa chaîne youtube et de salir l’image de nos confrères qui ont travaillé sur cette enquête pendant 9 mois?» Avec tout ce qui précède on n’a plus besoin de chercher de midi à quatorze heures pour connaître le degré de moralité du personnage Alain Foka. On comprend aujourd’hui qu’il a dû quitter la radio française RFI sur la pointe des pieds; licencié ou prié de partir, ça revient au même.

Maintenant que Monsieur Foka est renvoyé de RFI, lui qui se voit un «destin panafricaniste», crée avec des amis, MANSSAH, une structure ou une entreprise qui se serait assignée pour rôle, l’unité de l’Afrique et surtout la libération et l’émancipation totales du continent noir vis-à-vis des «puissances néo-colonialistes», comme ils le disent eux-mêmes. Mais seulement, le promoteur d’une telle organisation, s’il était sérieux et veut qu’on le prenne au sérieux, ne va pas s’installer dans un pays sous le joug d’une dictature familiale depuis plus d’un demi-siècle. Et l’extrait d’un site camerounais du début de notre texte, relatif à la proximité de Monsieur Alain Foka du centre du pouvoir togolais, dit tout sur le caractère intéressé de la présence de l’homme au Togo, malgré la dictature, malgré les massives violations des droits humains, et malgré surtout les malversations financières, organisées depuis le sommet de l’état, qui lui profitent. Celui qui a souvent tenu des propos pour dire que la démocratie serait un luxe pour l’Afrique, qu’on pourrait se passer d’élections, parce que trop coûteuses, ne peut plus avoir aucun argument convaincant pour contrer les Togolais qui l’accusent d’être derrière le changement unilatéral de la constitution de leur pays, pour épargner à son ami et bienfaiteur, Faure Gnassingé, le calvaire des élections.

Il va sans dire que l’organisation d’une telle conférence-bidon au Togo, comme Alain Foka et ses amis projetaient de le faire, aurait servi à légitimer le régime de dictature Gnassingbé vis-à-vis du reste de l’Afrique et du monde. Une insulte et une humiliation de plus pour les Togolais qui sont actuellement vent debout contre la mauvaise gouvernance de Faure Gnassingbé qui n’a que trop duré, et qui ne demandent que le départ sans conditions du dictateur. Après avoir lu des passages du communiqué de MANSSAH relatif à l’annulation de leur rencontre sous la pression des Togolais et des Togolaises, nous avons l’impression que le dicton:«Le chien ne change pas sa façon de s’asseoir» pourrait s’appliquer au comportement arrogant et irrespectueux envers les Togolais de Monsieur Alain Foka: «…Des voix marginales mais bruyantes, ont choisi de jeter le discrédit sur une initiative qui se voulait fédératrice, indépendante, et au service de tous les Africains.» Les populations togolaises sont assez mûres et intelligentes pour savoir où se trouvent leurs intérêts. Elles sont assez amoureuses de la terre de leurs aïeux pour savoir qu’il est plus que temps de mettre fin à un régime de dictature de père en fils. Et ce n’est pas un aventurier, riche de l’argent volé par des dictateurs à leurs peuples, fut-il ancien journaliste renvoyé de RFI, qui viendra leur dire ce qu’elles devraient faire, ou ne pas faire, pour le bien de leur pays.

Samari Tchadjobo

Allemagne

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