Black Mirror saison 7 sur Netflix ou l’horreur technologique

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Black Mirror saison 7 sur Netflix ou l'horreur technologique
Black Mirror saison 7 sur Netflix ou l'horreur technologique

Africa-Press – Togo. Sur les cinq épisodes de la sixième saison de Black Mirror, en 2023, deux seulement se focalisaient sur le thème principal de la série, à savoir l’omniprésence de la technologie dans notre quotidien et leur capacité à faire dérailler nos vies, privées, professionnelles, affectives, émotionnelles, là où l’on pensait qu’elles allaient améliorer l’existence.

Avec « Loch Henry », « Mazey Day » ou « Demon 79 », le créateur Charlie Brooker avait en effet commencé d’explorer le domaine de l’horreur et du surnaturel, sous le label dédié Red Mirror. Il n’y était plus question d’abeilles bioniques (« Haine virtuelle », saison 3), ni de robots remplaçant des morts (« Bientôt de retour », saison 2), ni de service de rencontre en univers simulé (« Pendez le DJ », saison 4), ni de réseaux sociaux addictifs (« Smithereens », saison 5). Mais la septième saison, disponible depuis le 10 avril 2025 sur Netflix, témoigne d’un retour aux fondamentaux de Black Mirror.

Des jeux vidéos qui tournent mal

En cinq épisodes, toujours sans lien les uns avec les autres sinon leur thème générique, selon le principe d’une anthologie, on retrouve des histoires de jeux vidéos qui tournent mal (« De simples Jouets », « USS: Callister: au cœur d’Infinity »), d’opération du cerveau conditionnée à la couverture réseau mobile et à un abonnement à un service cloud (« Des gens ordinaires »), d’altération de la réalité par les technologies quantiques (« Bête noire ») et d’expériences immersives (« Eulogie », « Hôtel Rêverie », « USS Callister: au cœur d’Infinity », suite d’un épisode de la saison 4).

Image extraite de l’épisode « De simples jouets » de la saison 7 de Black Mirror sur Netflix

Le charme dérangeant de Black Mirror repose le plus souvent sur le faible écart entre ce que racontent ces fictions et le réel état de l’art des technologies réseaux, des neurosciences ou de la robotique. L’épisode « Chute libre » de la saison 3 était même arrivé au moment où l’actualité bruissait du système de crédit social déployé en Chine par le biais d’applications.

Retour sur des technologies obsolètes

Pourtant, malgré l’effervescence actuelle autour de l’intelligence artificielle générative, la nouvelle saison ne cherche pas à coller au sujet à tout prix, manière de ne pas paraître obsolète dans six mois. Le sujet est traité de manière assez générique, dans « Eulogie » ou « Hôtel Rêverie », sous l’angle de la quantité de données disparates compilées pour recréer un univers immersif (en l’occurrence des photos et un film de cinéma). Comme les données personnelles d’un défunt avaient permis de fabriquer une copie robotique de ce dernier dans « Bientôt de retour ».

Ironiquement, des technologies obsolètes refont surface, telles les CD-Rom (« De simples Jouets »), les audiocassettes, les appareils photo jetables (« Eulogie ») ou les disquettes 3,5 pouces (« USS Callister: au cœur d’Infinity »), à propos desquelles un personnage râle qu’elles sont mal étiquetées, reproche classique à l’époque où ce support était répandu. « Hôtel Rêverie » imite même un film en noir et blanc des années 1940 façon Casablanca (Michael Curtiz, 1941).

Image extraite de l’épisode « Hôtel Rêverie » de la saison 7 de Black Mirror sur Netflix

Ce qui intéresse Black Mirror, ce sont les usages et les effets qu’ils produisent, en variant les tons, de la comédie noire de « Des gens ordinaires » à la nostalgie de « Eulogie » en passant par le suspense de « De simples jouets ». Cette saison ne compte cependant pas d’épisodes réellement glaçants comme ont pu l’être « Crocodile » (saison 4), « Metalhead » (saison, 4) ou « La chasse » (saison 2).

La puissance quantique

Paradoxalement, les épisodes les moins réussis s’avèrent ceux faisant de la technologie l’enjeu du récit. Ainsi de « Bête noire », où la puissance quantique vient tout expliquer, ou « De simples jouets » et son jeu vidéo rétro doué de conscience prenant le contrôle du monde. A l’inverse, « Des gens ordinaires » interroge les conséquences du modèle économique de l’abonnement en ligne et des mises à jour logicielles quand il est appliqué à la santé, plus que la neurotechnologie dont il est question dans l’épisode. Dans l’émouvant « Eulogie », la technologie passe vite à l’arrière-plan, pour évoquer les occasions manquées, les mauvaises décisions et les souvenirs douloureux qui empoisonnent une vie.

Cette saison 7 n’échappe cependant pas au danger intrinsèque à son concept, à savoir celui de donner parfois l’impression de tourner en rond. Le motif du personnage qui survit à l’intérieur de l’esprit d’un autre, qui conclut « USS Callister: au cœur d’Infinity », a servi à de multiples reprises dans les saisons précédentes. Le thème de la confusion entre réalité et simulation informatique a beaucoup été exploité. Un procédé visuel identique traverse même deux épisodes de cette nouvelle saison, « Hôtel Rêverie » et « Eulogie »: des personnages déambulant dans un monde fictif figé comme au milieu d’un diorama taille réelle.

Et le gimmick de l’interface cerveau-machine est récurrent depuis « Retour en image » dans la saison 1. Un tel accessoire apparaît dans trois des cinq épisodes de la saison 7, sous la forme d’une petite pastille à placer sur la tempe. Une opération marketing pour promouvoir les nouveaux épisodes lui a donné un nom, le Nubbin, avec page LinkedIn et site web du fabricant !

Black Mirror aurait-il tout dit? Disons plutôt que la série est confrontée à ce phénomène typique des technologies: du téléphone à Internet en passant par le cinéma, leurs usages n’ont jamais vraiment été ceux prévus ou imaginés. Les fictions de Black Mirror sont peut-être juste encore trop sages.

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