Africa-Press – Togo. La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), la Ligue des droits de l’Homme (LDH) et une coalition d’avocats togolais ont appelé à une action internationale urgente suite à ce qu’elle décrit comme des « violations massives et coordonnées des droits humains » lors des récentes manifestations antigouvernementales au Togo. Les organisations ont annoncé qu’elles envisageaient de saisir la Cour pénale internationale (CPI) afin qu’elle enquête sur les crimes commis par les autorités togolaises.
Dans une déclaration commune, les groupes de défense des droits humains ont accusé le régime du président Faure Gnassingbé d’avoir déployé les forces de l’État et les milices progouvernementales pour réprimer violemment les manifestations qui se sont tenues les 6, 26, 27 et 28 juin à Lomé. Les manifestations, organisées par le mouvement civique émergent « Mouvement du 6 juin » (M66), ont été déclenchées par un mécontentement croissant face aux difficultés économiques, à la répression politique et à une modification constitutionnelle controversée qui prolonge indéfiniment le pouvoir du président.
Le bilan fait état de sept morts, dont un mineur, ainsi que de centaines de blessés et d’arrestations. Victimes et témoins dénoncent également des cas d’enlèvement, de torture et d’exécutions sommaires.
« Cette répression constitue non seulement une grave violation des droits fondamentaux, mais s’inscrit également dans un schéma plus large de violence systémique et d’impunité », ont déclaré les organisations, ajoutant qu’elles sont « prêtes à alerter le Procureur de la CPI afin qu’il enquête sur les crimes commis avant, pendant et après l’élection présidentielle contestée de 2005 ».
Elles ont également condamné le communiqué du gouvernement du 29 juin louant le « professionnalisme » des forces de sécurité, le qualifiant de « signal effrayant de violence d’État ».
La FIDH, la LDH et leurs partenaires juridiques exigent la libération immédiate de tous les détenus politiques et exhortent les Nations unies à lancer une enquête internationale indépendante. Elles ont également appelé au démantèlement des milices soutenues par le régime et suggéré que des sanctions ciblées pourraient être imposées à de hauts responsables.
« Compte tenu de la crise actuelle et du silence des institutions régionales, il est temps que la justice internationale intervienne », ont conclu les organisations, appelant l’ONU à soutenir l’aspiration du peuple togolais à un changement démocratique.
Parallèlement, le gouvernement togolais a annoncé que des mandats d’arrêt internationaux ont été émis contre des membres clés du mouvement M66, les accusant d’incitation aux troubles. Sans se laisser décourager, l’organisation appelle désormais à une nouvelle série de manifestations les 16 et 17 juillet, afin d’empêcher le gouvernement d’organiser les élections municipales prévues le 17. La principale revendication des manifestants reste inchangée: la démission du président Faure Gnassingbé, à la tête du Togo depuis 2005, après les 38 ans de règne de son père, Gnassingbé Eyadéma.
Pour plus d’informations et d’analyses sur la Togo, suivez Africa-Press