L’Âge Du Sommet Des Capacités Cérébrales

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L'Âge Du Sommet Des Capacités Cérébrales
L'Âge Du Sommet Des Capacités Cérébrales

Africa-Press – Togo. « A quel âge l’humain a-t-il les meilleures capacités intellectuelles? », nous demande Rashid Rochdi Belkacem sur notre page Facebook. C’est notre question de lecteur de la semaine. Merci à toutes et tous pour votre contribution.

Pendant longtemps, la science a tenté de définir un « âge d’or universel » de nos facultés cognitives. Mais les recherches récentes dessinent un paysage bien plus nuancé. Décryptage.

Une vitesse cognitive maximale à 24 ans?

En 2014, une étude menée par des chercheurs de l’Université Simon Fraser à Burnaby (Canada) et publiée dans la revue Plos One avait marqué les esprits: elle concluait qu’à l’âge de 24 ans, nos capacités cognitives atteignent leur apogée.

Les scientifiques étaient parvenus à ce constat en s’appuyant sur la performance de 3 305 personnes, âgées de 16 ans à 44 ans, jouant à StarCraft2, un jeu de stratégie en temps réel sur PC qui se déroule dans une galaxie où trois factions doivent s’affronter. Un jeu qui demande concentration, habilité, stratégie et rapidité. Selon l’analyse des chercheurs, après 24 ans, la vitesse cognitive et les performances baissent: entre un joueur de 39 ans et un autre de 24 ans, la différence de vitesse de jeu pouvait atteindre un total de 30 secondes sur une partie qui dure 15 minutes, un écart important dans ce jeu vidéo.

Mais si les joueurs plus âgés deviennent plus lents, ce sont aussi ceux qui parviennent à mettre en place des astuces et autres stratégies afin de compenser cette baisse de réactivité, soulignaient les scientifiques, ajoutant que la performance est le résultat de l’interaction constante entre ce changement et l’adaptation par le cerveau pour être plus efficient. Le déclin cognitif doit donc être relativisé, car un cerveau bien exercé est capable de compenser cette baisse des performances brutes pour trouver son efficacité autrement.

Des compétences qui continuent de croître jusqu’à la cinquantaine

Cette étude laisse toutefois penser que l’intelligence serait représentable graphiquement sous forme de cloche, avec un maximum atteint à un certain moment, puis inéluctablement dépassé. Mais la réalité est plus complexe. Des travaux publiés depuis montrent qu’il n’existe pas « un » âge des meilleures capacités intellectuelles, mais plusieurs, en fonction des facultés considérées.

Une vaste étude portant sur 48 537 participants et publiée dans la revue Psychological Science en 2015 a révélé que certaines aptitudes, comme la vitesse de raisonnement ou la mémoire à court terme, culminent au début de l’âge adulte (18-20 ans). En revanche, d’autres compétences, notamment celles liées aux connaissances acquises (vocabulaire, culture générale, compréhension du langage), continuent de croître jusqu’à la quarantaine, voire la cinquantaine.

Des variations individuelles

Cette « asynchronie » a été confirmée par des recherches plus récentes. En 2025, une étude parue dans la revue Science Advances a montré que les compétences en littératie (aptitude à lire, comprendre et utiliser l’information écrite dans la vie quotidienne) et numératie (capacité à utiliser, appliquer, interpréter, communiquer, critiquer des informations et des idées mathématiques dans la vie quotidienne) progressent jusqu’aux alentours de 40 ans, avant de se stabiliser puis de décliner doucement. De même, une méta-analyse, portant sur 39 études en imagerie cérébrale sur le contrôle cognitif et publiée dans la revue NeuroImage en 2024, a conclu que les fonctions de gestion de l’attention et de résistance aux distractions atteignent leur optimum entre 27 et 36 ans.

La trajectoire cognitive varie aussi fortement d’un individu à l’autre. Facteurs génétiques, niveau d’éducation, profession, habitudes de vie, santé physique et mentale influencent la vitesse d’évolution des différentes fonctions. L’idée d’un âge fixe, commun à tous, apparaît donc obsolète. Les scientifiques préfèrent parler de « périodes de performance maximale » qui diffèrent selon les individus et les domaines.

L’influence majeure du mode de vie

La bonne nouvelle, c’est que ces trajectoires ne sont pas figées. Les neuroscientifiques insistent depuis plusieurs années sur l’importance de la « réserve cognitive », c’est-à-dire la capacité du cerveau à compenser ses pertes grâce à l’entraînement, aux apprentissages et à la stimulation intellectuelle. Activité physique régulière, alimentation équilibrée, curiosité intellectuelle (notamment des études longues) et vie sociale riche constituent autant de leviers capables de repousser l’âge du déclin cognitif, et baisser le risque de développer des maladies neurodégénératives comme Alzheimer.

Ainsi, il n’existerait pas « un » âge des meilleures capacités intellectuelles, mais une série de pics, répartis tout au long de la vie adulte. La vingtaine excelle en rapidité de traitement et en mémoire immédiate, la trentaine brille par le contrôle de l’attention, la quarantaine par la richesse des connaissances, et la cinquantaine conserve encore un avantage dans le vocabulaire et l’expertise accumulée. Plutôt qu’une courbe unique, notre intelligence ressemble à une chaîne de montagnes, dont chaque sommet est atteint à un moment différent.

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